Tigerland

Tigerland
Titre original:Tigerland
Réalisateur:Joel Schumacher
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:30 mai 2001
Note:
Avant d'être envoyé au Viêt-Nam, un groupe de jeunes recrues subit un entrainement sévère en Lousiane qui aura comme point d'orgue une semaine à Tigerland, un camp recréé en fonction des conditions de combat en Asie. Parmi les hommes, Roland Bozz dénote par son esprit insoumis et rebelle, pas assez déterminé pour se faire démobiliser, mais toujours prêt pour mettre du sable dans la machine militaire.

Critique de Tootpadu

Le cas de Joel Schumacher est peut-être unique en ce qu'il n'arrête pas de nous servir un navet après l'autre, tout en réussissant un coup de maître avec une régularité certes très étendue - en gros une fois par décennie - mais néanmoins implacable. Après Chute libre et son commentaire social assez réactionnaire, voici le film auquel il faudra s'accrocher pour tenir M. Schumacher en bonne mémoire jusqu'en 2010. Et heureusement il y a de quoi faire ...
Très rares sont les films de guerre qui s'arrêtent même avant que les protagonistes n'entrent dans la ligne de mire de l'ennemi. Il y a certes le Streamers de Robert Altman, qui prend comme prémisse de départ un petit groupe de soldats juste avant leur départ au combat, bien que l'origine théâtrale du film le distingue clairement de celui-ci. Quant au Full Metal Jacket de Kubrick, sa forme en deux grands chapitres le met suffisamment à part pour rendre une comparaison peu justifiée. Non, ce Tigerland n'a pas grand-chose en commun avec ces exemples, surtout parce qu'il se concentre sur la mécanique des rapports à l'intérieur du groupe sans jamais trop approfondir son lien vers les niveaux hiérarchiques supérieurs. En fait, tout tourne autour du héros Roland Bozz, un choix scénaristique qui nous revèle un des personnages les plus complexes, les plus intrigants, bref, les plus intéressants de ces dernières années !
Ni héros, ni véritable anti-héros, ni un lâche, ni courageux, ce rebelle aux multiples facettes est d'un manque de prévisibilité sidérant, dans une zone de gris, entre bon et méchant, qui le rend infiniment humain et redoutable à la fois. Grâce au scénario qui se garde bien de révéler toutes ses motivations, Bozz émet une aura pleine de secrets, cachant son jeu au point de devenir un énigme vital. Cette ambiguïté à la recherche d'une justice absente en temps de guerre, un fait dont Bozz est entièrement conscient, elle ne pourrait pas autant s'épanouir et nous intriguer si ce n'était pour l'interprétation pratiquement parfaite de Colin Farrell. D'un charme et d'un pouvoir de séduction sans fin, ce premier rôle principal de l'acteur démontre bien le pouvoir aseptisant de la machine à vedettes hollywoodienne, puisque Farrell ne nous a plus autant enthousiasmé depuis. Mais rien qu'à travers ce personnage torturé, il se hisse, ne serait-ce que pour deux heures, au firmament du septième art !
Alors que l'interprétation de Colin Farrell élève indubitablement le film à un niveau supérieur, il se voit cependant appuyé par des seconds rôles extrêmement solides, une photo à la texture particulière mais réussie, un scénario vif et assez nuancé et, une fois n'est pas coutume, une mise en scène forte et assurée.

Revu le 5 avril 2004, en DVD, en VO
Revu le 9 septembre 2004, en DVD, en VO
Revu le 25 août 2005, en DVD, en VO
Revu le 26 mai 2010, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: