sortie-cinema - Nuremberg : un drame historique bouleversant signé James Vanderbilt avec Russell Crowe, Rami Malek et Michael Shannon

Par Mulder, 07 novembre 2025

Pour marquer le 80ᵉ anniversaire de l’ouverture du Procès de Nuremberg, Nour Films offrira au public français un événement cinématographique majeur avec la sortie de Nuremberg, le 28 janvier 2026. Réalisé, écrit et coproduit par James Vanderbilt, déjà salué pour son scénario du chef-d’œuvre Zodiac, ce film plonge dans l’un des chapitres les plus complexes et fondateurs du XXᵉ siècle. S’appuyant sur le livre The Nazi and the Psychiatrist de Jack El-Hai, Nuremberg mêle drame psychologique et fresque historique pour raconter comment un psychiatre américain, Douglas Kelley, interprété par Rami Malek, tenta de sonder l’esprit du mal incarné en la personne d’Hermann Göring, campé par un Russell Crowe impressionnant de charisme et d’ambiguïté.

Présenté en avant-première mondiale dans la section Gala du Festival international de Toronto en septembre 2025, Nuremberg a reçu une ovation debout de quatre minutes, parmi les plus longues de l’histoire du festival. Ce triomphe fut confirmé lors de sa présentation en compétition au Festival de San Sebastián, où la mise en scène rigoureuse de James Vanderbilt et l’interprétation magistrale de son trio d’acteurs — Russell Crowe, Rami Malek et Michael Shannon — furent saluées par la critique. Distribué aux États-Unis par Sony Pictures Classics, le film a connu une sortie anticipée en novembre 2025 précédée d’une séance spéciale avec un débat entre James Vanderbilt et Russell Crowe, soulignant à quel point le projet tenait à cœur à son réalisateur et à son interprète principal.

Le récit, d’une intensité rare, s’ouvre sur la reddition d’Hermann Göring aux troupes américaines à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Peu après, le juge Robert Jackson, campé avec précision par John Slattery, accepte de quitter la Cour suprême des États-Unis pour devenir procureur en chef au procès des criminels de guerre nazis. C’est dans ce cadre que le psychiatre militaire Douglas Kelley est envoyé en Allemagne afin d’évaluer la santé mentale des principaux accusés, parmi lesquels Göring, Karl Dönitz, Julius Streicher et Rudolf Hess. L’histoire se transforme rapidement en duel psychologique entre Kelley et Göring, un affrontement entre raison et folie, entre devoir et fascination, où les frontières morales se brouillent.

La force de Nuremberg réside dans sa capacité à allier reconstitution historique et tension psychologique. Le scénario de James Vanderbilt montre un Göring manipulateur, cultivé, presque charmeur, qui tente de retourner chaque entretien en plaidoyer pour sa propre cause. Face à lui, Rami Malek livre une performance d’une sobriété remarquable, incarnant un homme rationnel ébranlé par le vertige du mal et par la proximité intellectuelle qu’il ressent avec son sujet. Cette ambivalence, nourrie par une mise en scène précise et un montage de Tom Eagles tendu comme un fil, fait du film une réflexion vertigineuse sur la responsabilité, la culpabilité et la nature même de la justice.

Visuellement, Nuremberg doit beaucoup au directeur de la photographie Dariusz Wolski, dont le travail sur la lumière froide et les intérieurs claustrophobes rappelle le cinéma des années 1970, celui de Alan J. Pakula ou Sidney Lumet. Le film fut tourné principalement à Budapest, dans des décors minutieusement recréés pour restituer l’austérité du tribunal et des cellules. Le compositeur Brian Tyler signe une partition épurée, dominée par des cordes graves et des silences pesants, qui accompagnent la lente dégradation morale de Kelley. Chaque note semble hanter les dialogues, soulignant la tension psychologique sans jamais la surligner.

Si Nuremberg s’inscrit dans la tradition des grands films historiques, il s’en distingue par son ton intimiste et sa dimension introspective. Là où d’autres œuvres se concentrent sur le procès lui-même, James Vanderbilt choisit de nous faire vivre les coulisses : les doutes, les rêves et les failles des hommes chargés de juger l’impensable. Le film rappelle à bien des égards The Verdict de Sidney Lumet ou The Insider de Michael Mann, où la vérité se gagne moins dans les plaidoiries que dans la solitude des consciences. Le face-à-face entre Rami Malek et Russell Crowe, capté souvent en gros plan, devient une bataille d’égo et d’humanité où la frontière entre le bourreau et son analyste s’effrite lentement.

La prestation de Russell Crowe, unanimement saluée à Toronto, figure parmi les plus impressionnantes de sa carrière récente. L’acteur parvient à humaniser sans jamais absoudre, à rendre Göring fascinant sans le glorifier. Il incarne ce monstre intellectuel persuadé de sa propre grandeur, capable de justifier l’injustifiable tout en jouant sur les failles de son interlocuteur. Face à lui, Rami Malek évoque la fragilité morale d’un homme convaincu de pouvoir comprendre le mal, avant de s’y brûler. Quant à Michael Shannon, dans un rôle plus en retrait mais essentiel, il incarne avec une intensité glaçante le colonel Burton Andrus, gardien des prisonniers, garant de la discipline et témoin silencieux des dérives du pouvoir.

Nuremberg ne se contente pas de raconter un épisode historique : il interroge la genèse du droit international moderne et, plus profondément, la notion même de justice universelle. La rigueur du scénario rappelle que le Procès de Nuremberg fut la première tentative d’unir les nations autour de principes communs face à la barbarie. Le film de James Vanderbilt parvient à transmettre cette gravité tout en montrant l’intimité des hommes derrière les symboles. La chute de Göring, sa mort par suicide à la veille de son exécution, la désillusion de Kelley et son destin tragique, tout cela compose une fresque morale sur l’incapacité de l’esprit humain à saisir pleinement le mal absolu.

Pour Nour Films, la sortie française de Nuremberg le 28 janvier 2026 — la veille de la Journée mondiale dédiée aux victimes de l’Holocauste — s’annonce comme un moment fort, à la fois artistique et mémoriel. Après une année record pour la société, ce film marque un tournant dans sa volonté de défendre un cinéma à la fois populaire, exigeant et porteur de mémoire. À l’heure où le monde semble parfois perdre le fil de son histoire, Nuremberg rappelle l’importance du souvenir et du jugement. Ce drame historique s’impose déjà comme l’un des rendez-vous les plus essentiels du début de l’année 2026, un film qui ne se contente pas de raconter le passé, mais qui parle avec force au présent.

Synopsis :
Nuremberg nous plonge au cœur du procès historique intenté par les Alliés après la chute du régime nazi en 1945. Le psychiatre américain Douglas Kelley est chargé d'évaluer la santé mentale des hauts responsables nazis afin de déterminer s'ils sont aptes à être jugés pour leurs crimes de guerre. Mais face à Hermann Göring, bras droit d'Hitler et maître manipulateur, Kelley se retrouve pris dans une bataille psychologique aussi fascinante qu'effrayante.

Nuremberg
Réalisé par James Vanderbilt
Écrit par James Vanderbilt
Basé sur The Nazi and the Psychiatrist de Jack El-Hai
Produit par Richard Saperstein, Bradley J. Fischer, James Vanderbilt, Frank Smith, William Sherak, Benjamin Tappan, Cherilyn Hawrysh, István Major, George Freeman
Avec Russell Crowe, Rami Malek, Leo Woodall, John Slattery, Mark O'Brien, Colin Hanks, Wrenn Schmidt, Lydia Peckham, Richard E. Grant, Michael Shannon
Directeur de la photographie : Dariusz Wolski
Montage : Tom Eagles
Musique : Brian Tyler
Sociétés de production : Bluestone Entertainment, Walden Media, Mythology Entertainment, Titan Media
Distribution : Sony Pictures Classics
Dates de sortie : 7 septembre 2025 (TIFF), 7 novembre 2025 (États-Unis), 28 janvier 2025 (France)
Durée : 148 minutes

Photos : Copyright Bluestone Entertainment