
Il y a une magie particulière à Gérardmer, cette petite ville des Vosges qui, chaque année en janvier, se transforme en sanctuaire pour l'étrange, le hanté et le sublime. Depuis 1994, le Festival International du Film Fantastique de Gérardmer porte haut les couleurs du genre fantastique avec une passion inébranlable, succédant au légendaire festival d'Avoriaz qui a enthousiasmé le public de 1973 à 1993. Ce qui a commencé sous le nom de Fantastica, puis Fantastic'Arts, a finalement trouvé son identité définitive sous son titre actuel, un nom qui résonne désormais parmi les festivals d'horreur et de science-fiction les plus respectés d'Europe. Pour sa 33e édition, qui se tiendra du 27 janvier au 1er février 2026, Gérardmer ajoute une journée supplémentaire à son calendrier, promettant six jours intenses de projections, de rétrospectives et de rencontres qui brouillent la frontière entre cinéma et rituel.
La nouvelle affiche 2026, avec ses images sombrement poétiques et sa symétrie envoûtante, en capture parfaitement l'essence. Son design évoque un masque en forme de crâne émergeant d'une forêt embrumée, une image à la fois invitante et troublante. Le masque, ancien emblème du mystère, devient le motif central du festival cette année. Comme le suggère poétiquement la déclaration officielle du festival, « en dissimulant le visage, le masque déploie une infinité de pouvoirs fantastiques et nous invite à lever le voile de la réalité ». Ce choix est loin d'être fortuit. Le masque a toujours été au cœur de l'horreur et du fantastique, servant de médiateur entre le visible et l'invisible, le divin et le diabolique. Il terrifie et fascine à parts égales. L'affiche semble murmurer au public : derrière chaque déguisement se cache une vérité trop accablante pour être affrontée à visage découvert.
Le thème de cette année trouve également un écho troublant dans notre passé collectif récent. La pandémie de COVID-19 a contraint le monde entier à vivre derrière des masques chirurgicaux, transformant un outil de protection en symbole de distance et de peur. Dans le même temps, des masques comme celui du Joker ont trouvé une nouvelle vie dans les mouvements politiques mondiaux, transformant l'iconographie du cinéma en instruments de protestation et de rébellion. Gérardmer 2026 saisit cette convergence culturelle et explore la manière dont les masques, autrefois éléments incontournables du folklore et de la mythologie, font désormais écho aux angoisses et aux identités modernes. Ils sont des instruments de terreur, de subversion et de séduction, reflétant les pulsions les plus profondes de l'humanité, à la fois dissimulatrices et révélatrices.
Les rétrospectives du festival rendront hommage à la longue lignée cinématographique des masques, du film obsédant Les Yeux sans visage de Georges Franju à l'immortel Halloween de John Carpenter, en passant par le chef-d'œuvre gothique de Mario Bava, Le Masque du démon, le film autocritique Scream de Wes Craven et le flamboyant Phantom of the Paradise de Brian De Palma. Ces films, et les artistes qui les ont créés, ont compris que le masque n'est pas seulement un accessoire, mais un symbole de dualité, à la fois barrière et miroir, horreur et révélation. Peu d'objets dans le fantastique ont une telle charge psychologique, et la décision de Gérardmer de consacrer sa 33e édition à ce thème semble non seulement opportune, mais nécessaire.
Au fil des décennies, Gérardmer s'est imposé comme un lieu de rencontre unique entre les légendes cultes, les voix émergentes et un public fidèle. Le mélange d'intimité enneigée et de passion cinématographique du festival crée une atmosphère unique. Il n'est pas rare de voir des invités de renom – de Bernard Werber, figure récurrente présentant ses expériences littéraires et cinématographiques au cœur de la ville, aux cinéastes présentant leurs derniers cauchemars – se mêler aux fans lors de projections nocturnes et de dîners tranquilles dans les Vosges. Ce mélange de proximité et de grandeur est ce qui permet à Gérardmer de perdurer là où tant de festivals disparaissent. Ce n'est pas seulement un lieu où l'on regarde des films, mais aussi un lieu où l'on affronte l'inconnu, où l'on célèbre ce qui se trouve au-delà des limites de la compréhension.
Avec la mise en vente des billets et l'ouverture des accréditations presse le samedi 13 décembre à 13 heures, l'anticipation est déjà à son comble. L'édition 2026 promet une « rétrospective enveloppée de mystère », laissant entrevoir des surprises qui restent à dévoiler. Si Gérardmer nous a appris quelque chose, c'est que ce qui est invisible est souvent ce qui nous touche le plus. Lorsque le brouillard se lèvera sur les Vosges en janvier prochain, les masques descendront, non pas pour dissimuler, mais pour révéler les vérités étranges, belles et terrifiantes qui se cachent sous nos visages. Plus que jamais, le Festival international du film fantastique de Gérardmer est à la fois une célébration et un défi, une invitation à ceux qui osent regarder derrière le masque et découvrir le reflet de leur propre humanité qui les regarde en retour.
(source : communiqué de presse)