
La 29e édition du Festival du cinéma français américain (TAFFF) s'est achevée à Los Angeles sur un sentiment indéniable d'accomplissement et d'épanouissement artistique. Du 28 octobre au 3 novembre, plus de 14 000 spectateurs ont rempli le complexe théâtral de la Directors Guild of America (DGA), battant ainsi tous les records d'affluence pour cette célébration emblématique de la collaboration créative entre la France et les États-Unis. La soirée de clôture du festival a été marquée par la projection exclusive aux États-Unis de GURU (Gourou), le dernier drame psychologique de Yann Gozlan, avec Pierre Niney, qui a donné un ton élégant et introspectif à la fin de la semaine. Derrière les tapis rouges et les projections à guichets fermés, le programme de cette année représentait quelque chose de plus profond : le dialogue continu entre deux cultures cinématographiques qui continuent à se challenger, à se refléter et à s'inspirer mutuellement.
La cérémonie de remise des prix du festival, annoncée par le Fonds culturel franco-américain (FACF), a offert un aperçu de la riche diversité et de la créativité présentes dans les productions françaises et franco-américaines actuelles. En remportant le Prix du public du meilleur film, La Venue de l'avenir a réaffirmé la maîtrise de Cédric Klapisch en matière de narration humaniste. Co-écrit avec Santiago Amigorena, cette réflexion poétique sur le temps et les relations humaines a conquis les cœurs tant par sa résonance émotionnelle que par la chaleur cinématographique caractéristique de Klapisch. Distribué à l'international par StudioCanal, le film rappelle que le cinéma français continue de parler un langage universel d'empathie, de nostalgie et de renouveau.
Le Prix de la critique du meilleur film a quant à lui été décerné à Love Me Tender, écrit et réalisé par Anna Cazenave Combet. Subtil et poignant dans son intelligence émotionnelle, le film s'est distingué par son portrait intime de la vulnérabilité, de l'amour et de l'identité féminine. Distribué par Be For Films, Love Me Tender a réaffirmé la voix d'une réalisatrice dont la vision est à la fois tendre et sans concession, illustrant l'équilibre entre sensibilité et audace qui caractérise une grande partie du cinéma d'auteur français contemporain.

Parmi les nouvelles voix, L'Engloutie de Louise Hémon, coécrit avec Anaïs Tellenne, a remporté le prix du premier long métrage. Ce film envoûtant et visuellement poétique, distribué par Kinology, se déroule comme un rêve imprégné de mystère et de mélancolie. Cette récompense souligne non seulement l'influence croissante de Louise Hémon, mais témoigne également de l'engouement continu pour les récits novateurs menés par des femmes dans le cinéma français, faisant écho à un mouvement mondial plus large vers l'inclusivité et l'introspection dans la narration.
Le prix du meilleur documentaire a été décerné à Soumission chimique : Pour que la honte change de camp, réalisé par Linda Bendali et coécrit avec Andrea Rawlins-Gaston. L'urgence sociale et le courage de cette œuvre ont fortement résonné auprès du public et des jurys. Son titre à lui seul suggère la détermination à aborder des sujets tabous avec clarté et compassion, ce qui est devenu de plus en plus central dans le cinéma documentaire français. Distribué par Studio TF1 et France Télévisions, il illustre comment le militantisme dans le monde réel et l'art cinématographique peuvent se conjuguer pour susciter le dialogue et inspirer le changement.
Le Prix des étudiants américains, une catégorie qui continue de symboliser la mission d'échange culturel du festival, a été décerné à Nouvelle Vague, réalisé par Richard Linklater. Écrit par Vince Palmo, Holly Gent Palmo, Michèle Halberstadt et Laetitia Masson, le film, distribué aux États-Unis par Netflix, reflète la fascination durable de Linklater pour le temps, l'identité et le dialogue entre les cultures. Cette reconnaissance des étudiants américains capture l'essence même du festival : un jeune public qui s'intéresse à des idées qui transcendent les frontières, découvrant dans les récits français et américains un rythme cinématographique commun.
Côté télévision, Bénie soit Sixtine de Sophie Reine a remporté le prix du téléfilm. Écrit par Dominique Garnier, Zoé Galeron et Maylis Adnémar, et distribué par Mediawan Rights, le film, qui trouve un équilibre parfait entre humour, foi et profondeur émotionnelle, démontre que la télévision française continue de rivaliser avec le cinéma en termes de qualité et d'envergure. De même, The Deal, réalisé par Jean-Stéphane Bron, a remporté le prix du public dans la catégorie série. Créée et écrite par Alice Wincour et Jean-Stéphane Bron, en collaboration avec les scénaristes Eugène Riousse, Julien Lacombe, Stéphane Mitchell et Valentine Monteil, et distribuée par Gaumont et Arte, la série a été saluée pour son intrigue politique captivante et sa narration à plusieurs niveaux, rappelant que la forme sérialisée peut être aussi puissante que le cinéma lorsqu'elle est guidée par une forte autorité créative.

Le Prix du Jury a été décerné à The Sentinels (Les Sentinelles), réalisé par Thierry Poiraud et Edouard Salier, et créé par Guillaume Lemans et Xabi Molia. Distribué par StudioCanal et Canal+, ce prix récompense une série qui allie tension, innovation et précision esthétique, perpétuant la tradition française qui consiste à repousser les limites du genre grâce à une sophistication visuelle et une complexité morale. Dans la catégorie des courts métrages, La ligne de vie, écrit et réalisé par Hugo Becker, a remporté le prix du court métrage, se distinguant par son récit minimaliste et son impact émotionnel, soutenu par Nouvelle Donne Productions.
Au-delà de la compétition, le festival a rendu hommage à des icônes du cinéma qui ont jeté des ponts entre les deux rives de l'Atlantique. Le Lifetime Award a été décerné à Jodie Foster, dont la carrière bilingue incarne depuis longtemps l'esprit même du festival, à cheval entre la sophistication française et le dynamisme hollywoodien. Richard Linklater a quant à lui reçu le Prix du Fonds culturel franco-américain, une distinction amplifiée par la décision du CNC de lui décerner le titre de Chevalier des Arts et des Lettres pendant le festival, soulignant son rôle unique dans le développement de la narration transatlantique.
L'édition 2025 de l'American French Film Festival a confirmé sa position comme l'un des événements culturels les plus importants reliant la France et les États-Unis. Organisé par le Franco-American Cultural Fund (FACF), une collaboration entre la Directors Guild of America (DGA), la Motion Picture Association (MPA), la SACEM et la Writers Guild of America West (WGAW), et soutenu par des partenaires tels que Unifrance, le CNC/Film France, Villa Albertine, Air Tahiti Nui et Variety, le festival incarne une diplomatie cinématographique fondée sur la créativité, le respect et l'échange. Des masterclasses aux projections éducatives en passant par les avant-premières à guichets fermés, cette édition a rayonné d'une conviction commune : que le cinéma, qu'il soit français ou américain, reste l'un des derniers grands langages capables d'unir les gens à travers l'émotion et la vision.
Lorsque les lumières se sont éteintes dans le DGA Theater pour la dernière projection, les applaudissements exprimaient plus que de l'admiration, ils exprimaient de la gratitude. La gratitude pour des récits qui refusent de s'estomper, pour des ponts culturels qui se renforcent avec le temps, et pour des cinéastes qui, comme Cédric Klapisch, Anna Cazenave Combet et Richard Linklater, nous rappellent que les couleurs les plus authentiques de l'art sont celles de la connexion, de l'empathie et du temps lui-même.
Photos : Copyright Philip Guerette