Il existe des personnages de cinéma qui transcendent leur univers fictif et s'inscrivent dans la mythologie de la culture populaire. En 2022, le public a découvert Aatami Korpi, l'ancien commando finlandais quasi mythique qui incarnait à la fois la brutalité et la résilience dans Sisu de Jalmari Helander. Interprété avec une gravité patinée par Jorma Tommila, Korpi est devenu plus qu'un simple survivant : il était l'essence même du Sisu, ce mot finlandais qui désigne le courage, la détermination et le refus de céder face à l'adversité. Trois ans plus tard, la légende se poursuit avec Sisu: Road to Revenge, une suite directe qui accentue à la fois la violence et les enjeux émotionnels. Écrit et réalisé une nouvelle fois par Jalmari Helander, ce nouveau chapitre promet de livrer un récit d'après-guerre mêlant vengeance, honneur et survie, ancré dans une narration qui transforme le traumatisme de Korpi en une mission inébranlable.
La suite arrive après de nombreuses spéculations. Dans des interviews remontant à 2023, Jalmari Helander avait admis qu'il n'envisageait une suite que si le film original touchait le public international, en particulier aux États-Unis. Le succès culte écrasant de Sisu, qui combinait la brutalité crue de la guerre avec des scènes d'action spectaculaires dignes d'un opéra, a rendu cette décision inévitable. À la fin de la même année, Jorma Tommila a confirmé qu'il était prêt à reprendre son rôle, tandis que la Fondation finlandaise du cinéma est intervenue en apportant un soutien financier crucial dès le début. Ce qui avait commencé par une modeste aide de 50 000 euros s'est rapidement transformé en plus d'un million d'euros, ouvrant la voie à une production qui allait finalement nécessiter un budget de 11 millions d'euros, l'un des plus importants de l'histoire récente du cinéma finlandais. La production du film reflète également son ambition accrue, troquant les étendues sauvages enneigées de Laponie contre les paysages marqués par la guerre de l'Estonie, un choix de lieu qui ajoute une nouvelle dimension de désolation au parcours de Korpi.
Au fond, Sisu: Road to Revenge raconte une histoire d'une simplicité trompeuse : en 1946, un an après la fin de la guerre de continuation, Aatami Korpi retourne dans les ruines de la maison familiale, où ses proches ont été massacrés par le commandant soviétique Igor Draganov. Dans un geste poétique et sinistre, il démantèle ce qui reste de la maison, charge les débris dans un camion et jure de la reconstruire dans un endroit plus sûr, portant le souvenir de sa famille comme un bouclier contre le désespoir. Mais la vengeance a tendance à revenir, et Draganov, interprété avec une menace glaciale par Richard Brake, réapparaît, déterminé à éliminer Korpi pour de bon. L'histoire se transforme alors en une partie d'échecs brutale où survie et vengeance s'affrontent, sur fond de cicatrices de guerre qui refusent de guérir. Il s'agit à la fois d'un thriller de vengeance et d'une allégorie de la résilience, où la reconstruction d'une maison devient synonyme de reconquête de l'humanité.
Ce qui rend cette suite intrigante, c'est notamment l'ajout de membres internationaux au casting, signe de l'attrait mondial croissant de Sisu. Aux côtés de Jorma Tommila, on retrouve nul autre que Stephen Lang, dont la présence emblématique dans des films comme Avatar ajoute une touche supplémentaire de gravité à l'ensemble. Richard Brake, largement reconnu pour ses performances effrayantes dans Game of Thrones et Mandy, incarne le commandant de l'Armée rouge Draganov, ce qui en fait l'ennemi idéal de la résilience stoïque de Korpi. Ces choix de casting témoignent d'une volonté de mélanger les racines finlandaises du film avec un attrait cinématographique plus large, élevant l'histoire du statut de film culte à quelque chose qui pourrait toucher un public international grand public.
Derrière la caméra, Mika Orasmaa revient en tant que directeur de la photographie, veillant à ce que le style visuel brut et élémentaire du premier film se retrouve dans cette suite. La collaboration entre Petri Jokiranta et Mike Goodridge, producteurs respectivement chez Subzero Film Entertainment et Good Chaos, souligne l'ambition du film d'équilibrer l'identité nationale et l'accessibilité internationale. Avec Eric Charles à la supervision pour Sony's Stage 6 Films, le projet démontre également comment le cinéma finlandais s'impose avec assurance sur la scène mondiale, soutenu par la puissance de Sony Pictures Releasing.
La stratégie de sortie du film met en avant son identité hybride, à la fois exportation culturelle finlandaise et film d'action international. Il sera présenté en avant-première au Fantastic Fest en septembre 2025, un événement connu pour promouvoir les récits audacieux, avant de sortir en salles en Finlande le 22 octobre et aux États-Unis le 21 novembre sous la bannière Screen Gems. Ce lancement soigneusement planifié témoigne non seulement de la confiance dans l'attrait du genre du film, mais aussi dans sa capacité à trouver un écho au-delà du public finlandais, tout comme l'avait fait son prédécesseur.
L'histoire derrière Sisu: Road to Revenge est autant une question de persévérance hors écran qu'à l'écran. L'idée même de faire revivre l'histoire de Korpi après le succès retentissant de l'original démontre la conviction inébranlable que le personnage incarne quelque chose d'universel. Le public reconnaît en lui un symbole d'endurance, forgé dans le silence, le courage et la volonté de ne pas se laisser abattre. Il est révélateur que le récit du film reflète sa propre histoire de production : tous deux sont construits sur les fondements de la perte, de la résilience et de la détermination à se reconstruire plus grand et plus fort. Et tout comme la maison de Korpi, transportée pièce par pièce vers un nouveau terrain, l'héritage de Sisu a été transféré des champs de bataille enneigés de Laponie vers une toile cinématographique encore plus grande.
Sisu: Road to Revenge représente non seulement le retour d'un anti-héros préféré des fans, mais aussi l'émergence du cinéma finlandais comme une force sur le marché mondial du genre. La décision de Jalmari Helander de revisiter Korpi n'est pas tant une question de répéter les triomphes passés que d'étendre un mythe à un nouveau territoire sanglant. Avec une durée plus courte de 88 minutes, le film promet de livrer une dose concentrée de ce qui a rendu le premier volet inoubliable : une violence implacable, une survie digne d'un opéra et un protagoniste dont l'existence même défie la mort. Pour ceux qui ont aimé le premier Sisu, cette suite offre non seulement une conclusion, mais aussi un nouveau chapitre dans l'histoire de la lutte éternelle d'un homme pour préserver la mémoire contre la brutalité de l'histoire.
Synopsis :
1946. De retour dans la maison où sa famille a été brutalement assassinée pendant la guerre de continuation, Aatami Korpi, l'homme qui refuse de mourir, la démantèle, la charge sur un camion et est déterminé à la reconstruire dans un endroit sûr en leur honneur, tandis que le commandant de l'Armée rouge Igor Draganov, l'homme qui a tué sa famille, revient avec la ferme intention de terminer le travail.
Sisu : Road to Revenge
Écrit et réalisé par Jalmari Helander
Produit par Petri Jokiranta, Mike Goodridge
Avec Jorma Tommila, Stephen Lang, Richard Brake
Directeur de la photographie : Mika Orasmaa
Sociétés de production : Stage 6 Films, Subzero Film Entertainment, Good Chaos
Distribué par SF Film Finland (Finlande), Screen Gems (dans le monde entier, via Sony Pictures Releasing)
Dates de sortie : septembre 2025 (Fantastic Fest), 22 octobre 2025 (Finlande), 21 novembre 2025 (États-Unis)
Durée : 88 minutes