Depuis plus d’un siècle, le musée Grévin n’a jamais cessé de cultiver une tradition qui le distingue : associer son patrimoine architectural et artistique à des créations contemporaines capables de dialoguer avec l’histoire. Dès son inauguration en 1882, le lieu s’est entouré de sculpteurs et d’artisans de renom pour donner vie à des espaces somptueux, comme la Coupole et la Salle des Colonnes. Ces écrins baroques, où l’on admire encore les bustes de Michel-Ange, Benvenuto Cellini, Germain Pilon et Jean Goujon, ou les lambris et marbres d’Esnault-Pelterie, ont accueilli les premiers personnages de cire le 5 juin 1882. Ce mélange d’art ancien et moderne reste la marque de fabrique du musée, et c’est dans cette lignée qu’est née la collaboration avec Le Diamantaire, l’un des artistes les plus singuliers de sa génération. L'œuvre sera disponible pour les visiteurs de Grévin le mercredi 10 au matin
Tout commence en 2021, lorsque Patricia Girbeau, responsable artistique de Grévin depuis 2011, découvre par hasard le travail de Le Diamantaire sur Instagram. Fascinée par son univers mêlant street art et reflets, elle propose à Yves Delhommeau, directeur général du musée, d’inviter l’artiste à imaginer une œuvre inédite pour la Salle des Colonnes. L’idée était simple mais puissante : faire entrer la rue et l’énergie du contemporain dans un décor Louis XIV préservé, en offrant aux visiteurs un point de rencontre unique entre passé et présent. Le résultat est une pièce monumentale en miroirs de trois mètres sur un mètre trente, installée de façon à multiplier les jeux de lumière et inviter les visiteurs à se photographier devant ce diamant urbain. À partir du mercredi 10, le public découvre cette installation qui redéfinit la Salle des Colonnes comme un écrin de reflets et de contrastes.
Pour comprendre la portée de cette collaboration, il faut revenir sur le parcours atypique de Le Diamantaire, né à Caen en 1987. Sa vocation naît en 2001, lorsqu’il découvre le célèbre collage André the Giant Has a Posse de Obey. Fasciné par cette manière d’utiliser la rue comme support de création, il se lance dans le graffiti et recouvre les murs de sa ville natale au point d’être interdit de peindre. Loin d’abandonner, il explore alors le pochoir, une technique plus figurative et percutante, et en parallèle se forme à la métallerie et à la chaudronnerie. Ces savoir-faire manuels nourrissent sa créativité et deviendront les fondations de son travail futur.
En 2008, il s’installe à Paris et se forme à la communication visuelle. Inspiré par des artistes aux identités fortes comme Invader, Zevs ou Gilbert, il choisit le diamant comme symbole. Mais son originalité réside ailleurs : il n’utilise pas la bombe ou la fresque comme vecteur principal, mais le miroir. Ses matériaux proviennent des rues elles-mêmes : miroirs récupérés, découpés, recyclés en diamants en deux dimensions, peints et numérotés. Dès 2011, ses « bijoux de rue » parsèment Paris, avant de voyager vers New York, Montréal, Los Angeles, Miami et Zurich. Chaque œuvre est à la fois un cadeau et un message : transformer un symbole de luxe et d’exclusivité en art offert à tous.
L’évolution de Le Diamantaire est marquée par une série de jalons qui témoignent de son ambition. Dès 2012, il franchit les murs de la rue pour exposer en galerie à Paris et Zurich. En 2013, il signe sa première exposition solo à la galerie Derouillon, puis part à Los Angeles retrouver son ami Kaï Aspire, avec qui il collabore et réalise une fresque monumentale sur Melrose Avenue. 2014 devient une année charnière : soutenu par un mécène qui lui offre un immense atelier de 900 m², il conçoit des œuvres d’envergure, comme 4000, une sculpture d’acier de quatre mètres par quatre, exposée en banlieue parisienne. Cette bascule vers la troisième dimension annonce son futur travail monumental.
Les années suivantes confirment son statut d’artiste contemporain. Invité au festival MURAL de Montréal en 2014, il enchaîne avec une exposition personnelle à la galerie Station 16, puis à Paris, chez Wide Painting et dans le restaurant MISS KO signé Philippe Starck. Ses créations, toujours centrées sur le diamant, deviennent multiples : acier, bois, métal, gravure, mais toujours avec ce même jeu de reflets et d’angles qui métamorphose la perception. En 2015, son exposition Diamonds are forever II démontre l’infinité des perspectives offertes par son emblème, avec des pièces comme Hypercube ou le spectaculaire Diamantoscope, à mi-chemin entre kaléidoscope et instrument d’astronomie.
L’arrivée de Le Diamantaire au musée Grévin s’inscrit donc dans une continuité logique : celle d’un artiste qui a toujours cherché à offrir au public une vision nouvelle du diamant, non pas comme une possession, mais comme une expérience visuelle et collective. En installant son œuvre dans la Salle des Colonnes, il relie le faste baroque du XIXe siècle aux questionnements contemporains sur la valeur, l’art et le partage. Là où les bustes classiques fixent l’histoire, ses diamants-miroirs reflètent les visages du présent, faisant du visiteur lui-même une partie intégrante de l’œuvre.
À travers ce projet, Patricia Girbeau et Yves Delhommeau confirment que Grévin reste un lieu vivant, ouvert aux dialogues entre patrimoine et modernité. Et Le Diamantaire, en transformant les miroirs des rues en joyaux de lumière, offre une leçon artistique et poétique : parfois, le luxe ne réside pas dans ce que l’on possède, mais dans ce que l’on partage. Cette nouvelle étape à Grévin rappelle que l’art, qu’il soit né dans une ruelle taguée ou sous une coupole dorée, conserve toujours la même mission : émerveiller, interroger et relier.
(Source : communiqué de presse)