Avec Les Orphelins, Olivier Schneider frappe fort, une fois encore, et prouve qu’il est bien plus qu’un simple chorégraphe de l’action spectaculaire. Après avoir marqué les esprits grâce à son travail de haute voltige sur des blockbusters comme Taken, Spectre et Mourir peut attendre, le cascadeur devenu réalisateur poursuit son aventure cinématographique derrière la caméra avec un deuxième long métrage personnel, nerveux et ancré dans un territoire aussi visuel que symbolique : le Pays basque. Le film, dont la sortie est prévue pour le 20 août 2025, marque non seulement ses retrouvailles avec l’acteur Dali Benssalah — son complice de l’ère Bond — mais aussi la continuité d’un style inimitable mêlant coups de poing visuels et profondeur narrative. Et si l’on en croit les anecdotes de tournage et les premières impressions glanées sur les plateaux, Les Orphelins s’annonce comme une œuvre d’action généreuse, mais aussi comme un drame humain chargé en tension émotionnelle.
L’histoire s’articule autour de Gabriel et Idriss, deux frères de cœur séparés par la vie et réunis par un passé commun qu’ils n’ont jamais vraiment pu fuir. L’un est formateur au RAID, l’autre travaille comme fixeur pour des voyous. Une opposition de valeurs qui aurait pu être caricaturale, si elle n’était pas traitée avec autant de subtilité par les scénaristes Nicolas Peufaillit (Un prophète), Alban Lenoir, Jean-André Yerles et Olivier Schneider lui-même. L’élément déclencheur de leur réunion : la mort suspecte de Sofia, leur amie d’enfance issue du même orphelinat. Sa fille, Leïla, n’a que 17 ans, mais déjà une soif de justice dangereusement proche du gouffre. Ce n’est pas un simple polar d’action que le film nous promet, mais un récit d’urgence, de rédemption et de filiation, où les conflits internes des personnages comptent autant que les affrontements physiques. Le pitch pourrait presque faire penser à un western moderne, tant la trajectoire des protagonistes, en quête de vérité et de réconciliation, évoque les archétypes classiques des duos frères-ennemis.
Ce qui frappe d’emblée dans Les Orphelins, c’est l’ambition visuelle du projet. Tourné intégralement dans la région de Saint-Jean-de-Luz et ses alentours, le film s’approprie le paysage basque comme un personnage à part entière. Olivier Schneider l’avait laissé entendre dès ses premiers repérages — confirmés par une story Instagram qui avait aussitôt éveillé la curiosité de ses fans — et il a tenu promesse : la topographie locale devient ici le décor d’affrontements stylisés mais crédibles, sans jamais tomber dans l’esbroufe. Avec Maxime Cointe à la direction de la photographie (quatrième collaboration entre les deux hommes), le soin apporté à la lumière, aux textures et aux contrastes permet de donner une identité forte à chaque lieu du récit. Que ce soit les hauteurs verdoyantes, les ruelles urbaines, ou les plages austères, chaque séquence déploie une ambiance singulière qui sert l’intrigue.
Ce tournage, qui s’est étalé du printemps à l’été 2024, fut aussi l’occasion de véritables retrouvailles professionnelles. Sur le plateau, on retrouvait non seulement Dali Benssalah, impeccable dans son rôle d’Idriss, mais aussi une bonne partie de l’équipe cascade des derniers James Bond : Patrick Vo, Yves Girard, Gregory Loffredo — les U-Men Stunt. Ces techniciens de l’extrême ont apporté leur expertise pour concevoir des séquences d’action inédites, à la fois chorégraphiées avec rigueur et pleines de naturel, renforçant ce que Olivier Schneider a toujours voulu privilégier : une efficacité brute, sans artifices, où chaque coup porté a une conséquence, chaque mouvement un sens narratif. Lors de notre visite avec Eric Saussine et Ewen Palanque sur le plateau, une scène de poursuite en voiture en pleine zone portuaire a particulièrement retenu notre attention. Non pas pour son spectaculaire clinquant, mais pour son réalisme quasi-documentaire, servi par un montage affûté de Théophile Rochon du Verdier. Il y a là une sorte de retour aux fondamentaux du cinéma d’action : celui qui s’adresse autant au ventre qu’au cœur.
Mais Les Orphelins ne serait pas le film qu’il est sans son casting de haut vol. À côté d’Alban Lenoir et Dali Benssalah, deux piliers du cinéma d’action contemporain français, le film peut compter sur des actrices de grand talent comme Anouk Grinberg (qui ajoute ici une nouvelle corde à son arc déjà impressionnant), Sonia Faidi, ainsi que Suzanne Clément et Naidra Ayadi. Leurs présences féminines ne sont pas accessoires mais essentielles, notamment dans l’interprétation de personnages qui gravitent autour du mystère Sofia et de sa fille Leïla. Cette dernière, bien qu’interprétée par une jeune actrice, s’impose rapidement comme l’élément moteur de l’intrigue — une adolescente impulsive, habitée par la douleur, mais aussi la force de caractère propre aux figures de tragédie grecque.
Produit par Inoxy Films et Gaumont (qui assurera également les ventes internationales), Les Orphelins s’inscrit dans une tradition française de thrillers musclés à la Braqueurs ou L'Assaut, tout en affirmant sa singularité. La combinaison du regard d’un homme de terrain comme Schneider et du savoir-faire industriel de Gaumont promet un film d’action à la française qui n’a rien à envier à ses homologues anglo-saxons. Il y a d’ailleurs quelque chose de profondément satisfaisant à voir un homme de l’ombre comme Olivier Schneider, longtemps resté dans les coulisses des plus grandes productions, prendre aujourd’hui les rênes de projets aussi ambitieux et personnels. Ce que GTMAX avait esquissé en version urbaine et motorisée, Les Orphelins semble vouloir le sublimer à l’échelle humaine et émotionnelle.
En attendant sa sortie en salle le 20 août 2025, Les Orphelins alimente déjà les conversations des amateurs d’action intelligente et de récits puissants. Il faut dire que lorsqu’un ancien du 007 s’entoure d’une équipe aussi solide, dans un cadre aussi emblématique, avec une histoire aussi poignante, les attentes ne peuvent qu’être à la hauteur. Le film d’Olivier Schneider s’annonce comme un véritable électrochoc cinématographique de la rentrée.
Synopsis :
Gab et Driss, amis d’enfance brouillés depuis leur départ de l’orphelinat, mènent des vies opposées : l’un est flic à l’IGPN, l’autre fixeur pour des voyous. Lorsque leur premier amour meurt dans un accident suspect, sa fille Leïla, 17 ans, s’empare de l’arme de Gab et se lance sur la piste d’une puissante entreprise prête à tout pour étouffer l’affaire. Forcés de faire équipe, les orphelins vont devoir la stopper avant qu’elle ne commette l’irréparable…
Les orphelins
Réalisé par Olivier Schneider
Produit par Rémi Leautier, Rémi Cervoni
Écrit par Nicolas Peufaillit, Olivier Schneider, Alban Lenoir, Jean-André Yerles
Avec Alban Lenoir, Dali Benssalah, Sonia Faidi, Suzanne Clément, Anouk Grinberg, Naidra Ayadi, Romain Levi
Directeur de la photographie : Maxime Cointe
Montage : Théophile Rochon du Verdier
Sociétés de production : Inoxyfilms ; Gaumont Production
Distribution : Gaumont Distribution (France)
Date de sortie : 20 août 2025 (France)
Durée : 95 minutes
Photos : Copyright Selim Hammoumi - 2024 - INOXY FILMS - GAUMONT - TF1 FILMS PRODUCTION