sortie-cinema - Vacances forcées : Une collision ensoleillée de cultures et de personnages dans la comédie estivale la plus inattendue de France

Par Mulder, 05 juin 2025

La comédie chorale est un art délicat, et avec Vacances forcées, le duo de réalisateurs François Prévôt-Leygonie et Stéphan Archinard relève le défi avec brio, orchestrant une délicieuse cacophonie de personnalités, d'horizons et de rythmes comiques dans un film qui promet des rires ensoleillés et une humanité surprenante. Sorti en France le 11 juin 2025 et distribué par Sony Pictures Releasing France, le film réunit un mélange éclectique et explosif de personnages qui, suite à une erreur de réservation fatidique, doivent cohabiter dans une maison de vacances à couper le souffle. Ce qui commence comme un cauchemar logistique auquel tout le monde peut s'identifier se transforme rapidement en une exploration hilarante et étonnamment touchante des modes de vie divergents, des tensions latentes et des liens inattendus.

Au cœur de Forced Vacation se trouve un postulat simple mais ingénieux : deux familles radicalement différentes, un éditeur littéraire snob en pleine dégringolade professionnelle et une jeune influenceuse candide en pleine ascension, sont contraintes de partager la même maison de vacances. Le scénario flirte avec les archétypes – pensez au couple d'ouvriers qui travaillent dur, au couple bourgeois surmené au bord de l'implosion et à l'intellectuel bourru contraint d'embrasser (ou du moins de supporter) l'ère numérique – mais ce qui fait la force du film, c'est la façon dont ces caricatures évoluent. Comme l'ont expliqué Prévôt-Leygonie et Archinard eux-mêmes, ils ont délibérément commencé par des traits généraux pour ensuite nuancer leurs personnages et leur donner plus de profondeur et de subtilité. Le résultat est un film qui équilibre l'acuité satirique et une chaleur authentique qui persiste longtemps après le dernier rire.

L'une des grandes forces du film réside dans son casting, porté par le toujours fiable Clovis Cornillac, qui incarne un homme sincère issu de la classe ouvrière et profondément amoureux de sa femme, jouée par Aurélia Atika. Leur alchimie à l'écran est palpable, fondée sur un respect mutuel et une représentation de l'amour qui a mûri plutôt que s'est émoussé au fil des ans, ce qui est rare dans les comédies. Cornillac, connu pour son instinct et son naturel, apporte à son personnage une sincérité qui ne semble jamais forcée. Il reste dans son personnage même entre les prises, lançant des piques bourgeoises à Bertrand Usclat, dont l'interprétation d'un dentiste obsédé par le succès qui tente de renouer avec sa femme (jouée par Pauline Clément) est à la fois embarrassante et d'un réalisme déchirant. L'énergie improvisée, combinée à une distribution très bien préparée, a donné au film son aspect fluide et naturel, malgré un scénario méticuleusement écrit.

Le fossé générationnel et culturel est peut-être le plus flagrant dans le duo formé par Laurent Stocker, qui incarne un éditeur délicieusement déconnecté et quelque peu amer, et Claïna Clavaron, une influenceuse posée et perspicace qui défie les clichés souvent associés à sa profession et à son identité. Leurs interactions sont ponctuées de malentendus et de jugements tacites, mais évoluent vers quelque chose de plus riche et de plus respectueux. Clavaron, qui fait ici ses débuts au cinéma, apporte notamment une forte touche personnelle à son personnage, en construisant une histoire qui lui permet de transcender les stéréotypes. Son personnage n'est pas simplement un faire-valoir pour l'élitisme old school de Stocker, mais une présence à part entière qui interpelle, éduque et transforme son colocataire réticent.

Tourné dans une villa pittoresque près de La Rochelle, le film complète visuellement son récit avec des teintes dorées et des tableaux ensoleillés qui reflètent le lent dégel des premières impressions glaciales. Le directeur de la photographie Thierry Pouget imprègne le décor d'une chaleur qui adoucit les conflits, tandis que la bande originale de Matthieu Gonet, soulignée par le classique intemporel La Ballade des gens heureux de Gérard Lenorman, confère au film une tonalité nostalgique sans être mièvre. La décision des cinéastes de terminer sur cette note souligne leur croyance en la joie de redécouvrir la simplicité, les compagnonnages inattendus et la magie qui naît lorsque les gens osent coexister.

La production, assurée par WY Productions en collaboration avec Sony Pictures Entertainment, était elle-même un modèle d'équilibre et de synergie. Selon les réalisateurs, ils ont abordé les acteurs non pas comme des pions, mais comme des collaborateurs, afin que chaque jour de tournage soit enrichissant et joyeux pour tous. La camaraderie était palpable, la plupart des acteurs décrivant cette expérience comme une expérience de confiance, de respect et d'énergie créative partagée. Pauline Clément a même comparé le casting à une troupe de théâtre, chacun laissant de la place à l'autre, trouvant sa force dans l'unité plutôt que dans la compétition.

Sur le plan thématique, Forced Vacation oscille entre satire sociale et récit émouvant. Il se moque gentiment de l'absurdité des divisions modernes – entre analogique et numérique, bourgeoisie et classe ouvrière, baby-boomers et génération Z – tout en suggérant qu'au-delà de ces différences superficielles, il existe une humanité commune qui ne demande qu'à être redécouverte. C'est une comédie qui ne veut pas seulement vous faire rire, mais aussi ouvrir ce que Cornillac appelle « les chakras ». Et elle y parvient, en grande partie parce qu'elle ne méprise jamais ses personnages. Même les personnages les plus antipathiques ont droit à une rédemption, à des moments de vulnérabilité et à des occasions de créer des liens. Chaque image dégage une générosité qui fait écho au cadre ensoleillé de la côte.

Vacances forcées commence peut-être comme l'histoire de personnalités incompatibles réunies sous un même toit, mais il évolue pour devenir une réflexion charmante et intelligemment construite sur la tolérance, l'identité et les joies inattendues du désordre humain. C'est un film qui comprend les angoisses de la vie moderne – nos identités soigneusement mises en scène sur Internet, nos dynamiques familiales tendues, notre besoin désespéré de temps libre – et qui s'en moque avec affection plutôt qu'avec mépris. Dans un paysage cinématographique souvent encombré de comédies à concept sophistiqué et de slapstick formaté, celle-ci se distingue par sa chaleur, sa sincérité et sa volonté de montrer que même les expériences partagées les plus gênantes peuvent devenir des souvenirs précieux. Une comédie estivale aussi intelligente qu'ensoleillée, à découvrir absolument.

Synopsis :
Suite à une erreur de réservation, deux familles que tout oppose, accompagnées d'un éditeur un peu snob et de l'influenceur qu'il souhaite publier, se retrouvent contraintes de partager une magnifique maison de vacances. Le choc des cultures est immédiat, avec des habitudes incompatibles et des personnalités bien trempées. Cependant, malgré les tensions et les malentendus, ces vacances forcées prennent une tournure inattendue et se révèlent être une aventure pleine de surprises et de rires.

Vacances forcées
Réalisé par François Prévôt-Leygonie, Stéphan Archinard
Produit par Wassim Béji
Écrit par François Prévôt-Leygonie, Stéphan Archinard, Martin Darondeau
Avec Clovis Cornillac, Laurent Stocker, Bertrand Usclat, Aure Atika, Pauline Clément, Claïna Clavaron, Lucas Ponton, Thibault Bonenfant
Musique de Matthieu Gonet
Directeur de la photographie : Thierry Pouget
Montage : Hervé Schneid
Sociétés de production : WY Productions, Sony Pictures Entertainment
Distribué par Sony Pictures Releasing France (France)
Date de sortie : 11 juin 2025 (France)
Durée : 100 minutes

Photos : Copyright Sony Pictures France