Festivals - Cannes 2025 : Découvrez les membres exceptionnels du 78ème festival de Cannes

Par Mulder, 28 avril 2025

Cette année encore, le Festival de Cannes, véritable institution du septième art, déploie tout son prestige pour sa 78ème édition. À la tête du Jury, c’est l'icône française Juliette Binoche qui officiera, un choix à la fois évident et fascinant. À travers une carrière aussi diverse que flamboyante, Juliette Binoche a su allier la rigueur des grands maîtres européens à l'énergie renouvelée de cinémas plus expérimentaux, en témoigne sa collaboration répétée avec Abbas Kiarostami et récemment Trần Anh Hùng. On se souvient encore de la standing ovation qu’elle avait reçue pour Copie Conforme : un moment suspendu, comme seuls Cannes et Juliette Binoche savent en créer. Sa capacité unique à naviguer entre des œuvres d’auteur pointues et des propositions plus populaires en fait une présidente de jury totalement légitime, à la fois rassembleuse et exigeante.

À ses côtés, la présence de Halle Berry apporte une touche électrisante et profondément symbolique. Première femme afro-américaine à décrocher l'Oscar de la Meilleure Actrice, Halle Berry est une force de la nature, aussi à l'aise dans des drames intimes que dans des blockbusters tonitruants. Son passage fulgurant dans John Wick Parabellum a récemment rappelé à quel point elle pouvait encore surprendre et dominer l’écran avec un charisme brut. Ce que beaucoup ignorent, c’est que Halle Berry est aussi une réalisatrice attentive, comme l’a montré Meurtrie. Cette expérience de l’autre côté de la caméra promet des débats de jury particulièrement riches, empreints d’une compréhension profonde du jeu d’acteur et de la mise en scène.

Le Jury s'enrichit aussi de la voix singulière de Payal Kapadia, véritable révélation venue de l’Inde. Sa Palme du Grand Prix en 2024 pour All We Imagine as Light n’est pas seulement un prix : c’est une renaissance pour le cinéma indien à Cannes. Je me souviens de la standing ovation interminable lors de la projection du film, des regards humides et émerveillés à la sortie de la salle Debussy. Kapadia porte un regard sur le monde empreint d'une poésie délicate mais terriblement lucide, et son arrivée dans ce jury sonne comme une promesse d’ouverture vers des cinémas du monde trop longtemps marginalisés.

Impossible également de ne pas s'enthousiasmer pour la présence d'Alba Rohrwacher, une actrice dont la subtilité magnétique ne cesse de captiver. Sa complicité artistique avec sa sœur Alice Rohrwacher a offert au Festival de Cannes quelques-unes de ses plus grandes émotions récentes, notamment avec Les Merveilles et La Chimère. Avec Alba Rohrwacher, chaque regard, chaque silence a du poids. Elle incarne cette école italienne de jeu intérieur, tout en émotion retenue, qui a toujours eu une place de choix à Cannes.

Le Jury s’enrichit d'une plume acérée et d’un esprit libre avec Leïla Slimani. Son roman Chanson douce a bouleversé la littérature française par sa froideur clinique et son implacable efficacité, autant de qualités précieuses pour un membre du jury. Slimani apporte aussi avec elle une conscience aiguë des enjeux sociaux contemporains, ancrée dans son double héritage franco-marocain. C’est une observatrice du monde, sensible aux fractures sociales, qui pourrait apporter un regard particulièrement affûté sur les œuvres en compétition.

Dieudo Hamadi, quant à lui, représente un pan essentiel du cinéma documentaire africain contemporain. En redonnant voix aux invisibles de la République Démocratique du Congo, il interroge non seulement son pays mais aussi notre rapport global aux récits minorés. En route pour le milliard fut une véritable claque lors de sa présentation : un film d'une humanité bouleversante, porté par un regard d'une honnêteté inébranlable. Sa présence au Jury est un signe fort du festival, qui affirme son ouverture aux formes narratives moins classiques mais ô combien vitales.

Hong Sangsoo est une légende vivante pour tout cinéphile qui se respecte, et un pilier discret mais constant du Festival de Cannes. Son art de la répétition, son exploration sans fin des micro-variations du quotidien, peuvent sembler minimalistes au premier abord, mais révèlent une profondeur émotionnelle déconcertante. Il est fascinant de penser qu’un réalisateur si attaché à l’épure pourra confronter son regard à des films parfois très démonstratifs ; son exigence discrète apportera sans nul doute une rigueur bienvenue aux délibérations.

Carlos Reygadas, de son côté, incarne l’audace et la radicalité. On se rappelle encore du choc esthétique que fut Post Tenebras Lux, un film qui divisait profondément mais ne laissait jamais indifférent. Calors Reygadas a toujours misé sur un cinéma sensoriel, brut, déroutant, et il est certain que dans une sélection aussi éclectique que celle de Cannes, sa voix portera haut l’étendard d’une création sans compromis.

Enfin, Jeremy Strong est la touche prestige de ce Jury : acclamé pour son rôle de Kendall Roy dans Succession, il a su démontrer une maîtrise absolue du jeu en nuance, à la fois fragile et intense. Son parcours récent, de The Apprentice à Broadway, confirme qu’il est en pleine possession de ses moyens, capable d'une acuité émotionnelle rare. Sa capacité à ressentir les subtilités d’une interprétation ou d’un scénario pourrait bien faire de lui l’un des jurés les plus perspicaces de cette édition.

Cette composition de Jury est à l'image de ce que Cannes aspire à devenir en 2025 : un festival qui ne choisit pas entre prestige et modernité, entre cinéma d’auteur et cinéma populaire, entre l’Occident et le reste du monde. Avec des personnalités aussi fortes, aussi différentes, on peut s’attendre à des discussions passionnées, à des prises de position affirmées, à un palmarès qui sera sans doute le reflet de cette époque troublée mais bouillonnante. Le 24 mai 2025 promet déjà d'être un jour d’histoire pour le Festival de Cannes. Qui succédera à Sean Baker et son bouleversant Anora ? La magie du festival est justement de nous garder dans cette attente fébrile et merveilleuse.

Crédit des affiches officielles du 78e Festival de Cannes : © Les Films 13 – Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966) / Création graphique © Hartland Villa

(Source : communiqué de presse)