En choisissant pour la première fois de son histoire non pas une, mais deux affiches officielles, le Festival de Cannes 2025 frappe un grand coup esthétique et symbolique. C’est dans le mythe qu’il puise son inspiration, en revisitant les images intemporelles du film Un homme et une femme de Claude Lelouch, Palme d’Or en 1966. Ces deux affiches mettent en lumière, face à une plage déserte et sous un ciel tourmenté, les silhouettes de Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, saisis dans cette étreinte à la fois fragile et éternelle qui a marqué des générations de spectateurs. Elles ne sont pas de simples clins d’œil nostalgiques : elles incarnent un geste de réconciliation face aux fractures contemporaines, une manière de rappeler que le cinéma, dans sa plus pure expression, unit les cœurs et transcende le temps. L’une regarde l’autre, dans un jeu de miroirs plein de douceur, et ensemble, ils racontent une histoire d’amour si universelle qu’elle en devient éternelle. C’est une émotion suspendue, une parenthèse lumineuse dans un monde agité, et un vibrant hommage à deux acteurs désormais disparus mais encore intensément vivants sur la pellicule comme dans notre mémoire collective.
Dans cette atmosphère chargée d’émotion, la sélection officielle de cette 78ᵉ édition se veut tout aussi exigeante que foisonnante, alignant avec panache les plus grands noms du cinéma mondial aux côtés de voix émergentes à surveiller de très près. La compétition, forte de 19 films, aligne des signatures prestigieuses comme Wes Anderson avec The Phoenician Scheme, Ari Aster avec Eddington, Julia Ducournau avec Alpha, ou encore Richard Linklater et les frères Dardenne. Ces œuvres, très attendues, abordent des thématiques allant de l’introspection à la fresque politique, du vertige existentiel aux chroniques sociales, dans une diversité de styles et d’origines géographiques qui reflète le regard panoramique que le Festival continue de poser sur le monde. Des films comme Sentimental Value de Joachim Trier ou The Mastermind de Kelly Reichardt s’annoncent déjà comme des temps forts, tandis que Un simple accident de Jafar Panahi et Sirat d'Óliver Laxe montrent que Cannes continue de tendre la main aux cinéastes qui défient les frontières, les censures et les habitudes narratives.
Hors compétition, le spectacle s’annonce tout aussi impressionnant avec des blockbusters à très haute tension, à commencer par Mission: Impossible – The Final Reckoning de Christopher McQuarrie, emmené par un Tom Cruise plus déterminé que jamais. Spike Lee sera également de la partie avec Highest 2 Lowest, relecture libre et explosive de High and Low d’Akira Kurosawa. Quant au film d’ouverture, Partir un jour d’Amélie Bonnin, il marque une volonté d’équilibre entre découverte et émotion, entre l’ancrage dans le réel et l’élan vers l’universel. La section Un Certain Regard complète ce panorama avec des propositions tout aussi singulières : Scarlett Johansson passe pour la première fois derrière la caméra avec Eleanor the Great, Harris Dickinson surprend avec Urchin, et Akinola Davies Jr. ou Diego Céspedes apportent leurs visions du monde à travers des récits intimes, sensoriels, souvent bouleversants.
Tout dans cette édition 2025 semble pensé pour renouer avec une forme de vérité émotionnelle du cinéma. Les affiches officielles ne sont pas un simple décor promotionnel mais un manifeste à part entière : elles incarnent un idéal de fusion, de douceur, de liberté créative. « L’éternité ne dure finalement qu’un instant », disait le communiqué officiel, et c’est précisément cet instant que Cannes 2025 veut figer, avec cette magie propre aux grandes œuvres qui transcendent leur époque. Le festival, dans un monde ébranlé, fait ici le choix de la tendresse, de la mémoire et de la transmission. Il rappelle que le cinéma est plus que jamais un geste d’amour — envers les histoires, envers les gens, envers la vie. Ce sont ces instants suspendus, ces fragments d’éternité entre deux projections ou deux regards, que Cannes célèbre et que le public attend avec impatience de retrouver.
Crédit des affiches officielles du 78e Festival de Cannes : © Les Films 13 – Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966) / Création graphique © Hartland Villa
(Source : communiqué de presse)