Le retour de Daredevil dans Born Again est à la fois une renaissance et un cri de ralliement, un rappel brutal et sans compromis de la raison pour laquelle ce personnage reste l'un des plus fascinants de Marvel. Dans un paysage où le MCU (Marvel Cinematic Universe) semble de plus en plus gonflé et sans but, Born Again coupe le bruit avec précision, offrant un thriller de rue qui se double d'une étude de personnage, d'une allégorie politique et d'une épopée d'action brutale. C'est une série qui n'existe pas seulement, elle veut aussi faire passer un message.
Au cœur de tout cela se trouve Charlie Cox, qui reprend le rôle de Matt Murdock comme s'il ne l'avait jamais quitté. Il y a une aisance dans sa performance, une confiance tranquille dans son physique et son interprétation qui montre à quel point il comprend intimement ce personnage. Nous voyons un Matt Murdock qui est, à bien des égards, plus brisé que jamais. Il est hanté, non seulement par les péchés de son passé, mais aussi par le spectre omniprésent de Wilson Fisk, joué avec une menace magistrale par Vincent D'Onofrio. Ces deux acteurs sont un cadeau pour le genre, leur alchimie est si électrique que même une simple conversation entre eux crépite de tension. Une seule scène de dîner, où la civilité dissimule à peine de vieilles blessures, a plus de gravité qu'une douzaine de batailles chargées d'images de synthèse dans les récents films Marvel.
Le principe de Born Again est d'une simplicité trompeuse : Matt a renoncé à son personnage de Daredevil à la suite d'une attaque dévastatrice au bar de Josie, tandis que Fisk, récemment réintégré dans les sphères politiques et criminelles de New York, prépare son ascension au pouvoir. Mais si cela vous semble familier, ce qui distingue Born Again, c'est sa volonté de rester dans l'ombre. Il ne s'agit pas seulement d'une série de super-héros, mais d'un drame policier à combustion lente, d'une réflexion sur le pouvoir, la corruption et la moralité. La campagne électorale de Fisk à la mairie est étrangement prémonitoire, établissant des parallèles inconfortables avec des personnalités politiques du monde réel qui utilisent la peur et la force brute comme outils de contrôle. La façon dont il manipule le public, utilisant une rhétorique populiste pour justifier ses mesures autoritaires, ressemble moins à un fantasme de bande dessinée qu'à un récit édifiant tiré des gros titres d'aujourd'hui.
L'engagement de la série envers la réalité va au-delà de son sous-texte politique. Les séquences d'action montrent un travail de cascadeurs et une chorégraphie soignés, en particulier un braquage de banque poignant dans l'épisode cinq où Matt est contraint de gérer une crise sans révéler sa véritable identité. La brutalité reste intacte (combats qui font craquer les os, corps à corps viscéral), mais elle n'est jamais gratuite. Chaque combat a son importance, chaque blessure persiste, renforçant l'idée que Matt n'est pas un vengeur invincible, mais un homme qui saigne, qui se débat, qui souffre.
L'un des choix les plus audacieux de Born Again est l'utilisation parcimonieuse du costume de Daredevil. Bien que cela puisse frustrer les fans qui s'attendent à de l'action non-stop, cela sert en fin de compte les thèmes plus profonds de la série. C'est une histoire d'identité, celle de Matt qui se demande qui il est quand il ne se cache pas derrière son masque. Ses batailles juridiques - en particulier sa défense d'Hector Ayala (joué avec gravité par le regretté Kamar de los Reyes) - sont tout aussi captivantes que ses confrontations physiques. Les scènes d'audience rappellent les drames judiciaires classiques, dépeignant un autre type d'héroïsme, qui ne repose pas sur les poings et les acrobaties.
Bien sûr, Born Again n'est pas sans défauts. Le premier épisode prend son temps pour trouver son rythme, et certaines des intrigues secondaires, comme la romance de Matt avec la thérapeute Heather Glenn (Margarita Levieva), n'ont pas toujours l'impact souhaité. Bien que Margarita Levieva livre une solide performance, son personnage semble parfois avoir été ajouté après coup, ce qui aurait permis une résonance émotionnelle plus profonde. De même, la série jongle parfois avec trop d'intrigues à la fois, ce qui donne des moments où certains arcs narratifs semblent sous-développés.
Cependant, ce sont des critiques mineures dans un retour par ailleurs remarquable. Les acteurs de soutien tels que Jon Bernthal dans le rôle du Punisher, Arty Froushan dans celui de Buck Cashman et Genneya Walton dans celui de BB Urich ajoutent des couches de complexité, chacun apportant ses propres ambiguïtés morales dans l'orbite de Matt. Et puis il y a l'atmosphère : Hell's Kitchen n'est pas seulement un décor, c'est un personnage à part entière, plein de vie, de danger et d'histoires inédites. La cinématographie s'appuie sur l'esthétique noire, avec des ruelles baignées d'ombres et des rues éclairées au néon qui renforcent le ton sombre de la série. La bande originale, qui va de We Built This City de Jefferson Airplane à des arrangements orchestraux envoûtants, amplifie encore l'ambiance.
Marvel avait désespérément besoin d'une victoire, et Daredevil : Born Again la lui offre. Il n'essaie pas de plaire à tout le monde. Il ne cède pas. Il ne se noie pas dans les clins d'œil ou les caméos forcés. Au lieu de cela, il raconte une histoire qui est ciblée, mature et totalement captivante. Si c'est à cela que ressemble l'avenir de Marvel sur Disney+, alors peut-être, juste peut-être, l'âge d'or du MCU n'est pas encore terminé. Born Again n'est pas seulement un renouveau, c'est un réveil. Et ça fait du bien de retrouver Daredevil.
Synopsis :
Matt Murdock, un avocat aveugle aux capacités extraordinaires, se bat pour la justice à travers son cabinet d'avocats en pleine effervescence. Pendant ce temps, l'ancien chef de la mafia Wilson Fisk poursuit ses ambitions politiques à New York. Alors que leurs anciennes identités refont surface, les deux hommes se dirigent vers une confrontation inévitable...
Daredevil : Born Again
Créé par Dario Scardapane, Matt Corman, Chris Ord
Basé sur Marvel Comics
Showrunner : Dario Scardapane
Avec Charlie Cox, Vincent D'Onofrio, Margarita Levieva, Deborah Ann Woll, Elden Henson, Wilson Bethel, Zabryna Guevara, Nikki M. James, Genneya Walton, Arty Froushan, Clark Johnson, Michael Gandolfini, Ayelet Zurer, Kamar de los Reyes, Jon Bernthal
Compositeur de la musique du générique : The Newton Brothers
Producteurs exécutifs : Justin Benson, Aaron Moorhead, Matt Corman, Chris Ord, Dario Scardapane, Chris Gary, Sana Amanat, Brad Winderbaum, Louis D'Esposito, Kevin Feige
Producteur : Rudd Simmons
Directeur de la photographie : Hillary Fyfe Spera, Pedro Gómez Millán
Monteurs : Cedric Nairn-Smith, Melissa Lawson Cheung, Stephanie Filo
Société de production : Marvel Television
Chaîne de télévision : Disney+
Sortie le 4 mars 2025 – présent
Durée : 48-59 minutes
Photos : Copyright Copyright Disney+