Suite au succès de la saga John Wick, arrive sur Amazon Prime, la série The Continental, du nom de l'hôtel new-yorkais qui accueille les criminels du monde entier. Quand les producteurs de Thunder Road Pictures et de Lionsgate comprennent l'incroyable potentiel de l'univers créé par Derek Kolstad, son développement devient leur priorité. Ils ont choisi de commencer par un préquel qui raconte l'ascension du jeune Wiston à la tête de l'hôtel. Sa forme : une mini-série en trois parties d'environ 90 minutes chacune. Le résultat est-il à la hauteur des attentes des fans de la saga ? Voici ma critique, garantie sans spoiler.
La série raconte la jeunesse de Winston Scott dans le New-York des années 70 et son ascension. Avoir située cette histoire dans les années 70 est LA bonne idée. Cela donne à cette série un magnifique univers esthétique et musical. Le casting est à la hauteur. Colin Woodell interprète avec classe Winston jeune. Ayomide Adegun donne au jeune concierge Charon une sensibilité intéressante. Mel Gibson joue le directeur de l'hôtel avec une folie inquiétante et meurtrière, qui rappelle celle de Riggs dans la saga Arme Fatale. De nouveaux personnes font leur apparition et s'intègrent parfaitement dans cet univers.
En ce qui concerne la réalisation, la série est dans la continuité des films John Wick avec des scènes de combats toujours aussi impressionnantes, l'esthétique soignée, photographie, costumes, décors, et une bande-son de qualité. La série a été tournée à Budapest, ce qui permet de constater que les technicien.nes des pays de l'Est, directeur de la photographie inclus, sont au niveau de leurs collègues américain.es. Ces trois films sont parsemés de références à la saga initiale, mais aussi à Tarantino, Scorsese… La nouveauté réside dans l'intégration du courant blaxploitation, avec aux commandes le réalisateur Albert Hughes, à l'aise dans cette thématique qui est la sienne. Il a co-réalisé avec son frère jumeau Allen Menace II Society, From Hell, Le Livre d'Eli. Charlotte Brandstrom, réalisatrice franco-suédoise passée de l'autre côté de l'Atlantique, réalise l'épisode 2. Ils remplissent leur mission.
Le problème de cette mini-série en trois parties ou trois nuits réside dans le scénario. Les trois films sont fort inégaux. Dans le premier épisode, hormis le début et la fin, l'ennui arrive vite car la mise en place est laborieuse, trop étirée. Aucun des personnages n'apparaît attachant. Ni l'action, ni l'émotion ne sont au rendez-vous. L'esthétique et la musique ne peuvent combler le vide. Le deuxième épisode permet de s'attacher aux personnages et la dramaturgie est meilleure. Il y a des enjeux. Le plan se met en place. Le troisième épisode est le plus réussi et évidemment possède le plus d'action.
Le ton de la série balance entre hyper-réalisme des scènes d'action, comédie et répliques philosophiques de comptoir de bistrot. La bande son est super mais les chansons illustrent platement les scènes. Il y a d'ailleurs une forte différence de niveau sonore entre les scènes de dialogues et les scènes avec musique. Certains procédés par leur répétition deviennent artificiels. Comme dans les John Wick, il y a, à chaque épisode, une scène d'une grande violence, purement gratuite, et une scène liée à la religion afin d'apparaître subversif. Comme dans les John Wick, une accumulation de bonnes idées comme celle du Dojo ne font pas un bon scénario. Certaines sont mêmes tellement déconnectés qu'elles en deviennent ridicules comme le masque japonais de l'adjudicatrice, tel le Joker de Batman.
Se pose alors la question de l'univers créé par Derek Kolstad. Un univers d'assassins pour dire quoi? Si les Soprano sont une série majeure, c'est qu'au-delà d'une série sur la mafia, leur créateur David Chase raconte l'Amérique des années 2000, à travers le prisme d'une famille italo-américaine, et les limites du rêve américain. Les fans de John Wick et ceux qui souhaitent voir une série d'action violente seront satisfaits. Mais pour ceux qui comme moi, attendent plus d'une série, The Continental est décevant, alors que le potentiel était là.
Synopsis :
La série en trois parties explore l'origine de l'emblématique hôtel pour assassins, qui est la pièce maîtresse de l'univers de John Wick. La série est vue à travers les yeux du jeune Winston Scott, qui est entraîné dans le New York des années 1970 pour faire face à un passé qu'il pensait avoir laissé derrière lui. Winston trace une route mortelle à travers le mystérieux monde souterrain de l'hôtel dans une tentative déchirante de s'emparer de l'hôtel où il prendra finalement son trône.
John Wick : Le Continental
Basé sur John Wick de Derek Kolstad
Développé par Greg Coolidge, Kirk Ward, Shawn Simmons
Écrit par Greg Coolidge, Kirk Ward, Shawn Simmons Ken Kristensen
Réalisé par Albert Hughes, Charlotte Brändström
Avec Colin Woodell, Mel Gibson, Hubert Point-Du Jour, Jessica Allain, Mishel Prada, Nhung Kate, Ben Robson
Peter Greene, Ayomide Adegun, Jeremy Bobb, Katie McGrath, Ray McKinnon, Adam Shapiro, Mark Musashi, Marina Mazepa
Compositeur : Raffertie
Producteurs exécutifs : Greg Coolidge, Kirk Ward, Basil Iwanyk, Albert Hughes, Derek Kolstad, Chad Stahelski, David Leitch
Sociétés de production : Thunder Road Pictures, Coolidge Ward Entertainment, Lionsgate Television
Réseau original : Peacock
Durée : entre 82 et 90 minutes
Date de diffusion : 22 Septembre 2023
NOTE : 3/5