Serie - J’ai tué mon mari : Notre critique

Par Marianne Velma, 17 novembre 2021

« Les apparences sont nettement plus savoureuses quand on connaît la réalité. » Cette phrase prononcée par Anna, l’héroïne de ce thriller made in 13ème Rue, dans l’épisode 2 résonne comme une mise en garde. A ce moment de l’histoire, Anna contrôle encore les apparences fabriquées par Manuel, son mari, mais bientôt elles vont se retourner contre elle…

Après le huis clos psychologique (avec la réussie Trauma sortie en 2019), Henri Debeurme, le créateur, a voulu explorer un nouveau genre : le thriller. Le rythme apparaît assez rapidement comme le point fort de J’ai tué mon mari qui enchaîne avec dextérité les révélations et autres retournements de situation. Parfois, la densité est telle qu’elle nous fait perdre légèrement le fil de la vraisemblance, mais le suspense qui se distille tout au long des six épisodes se révèle d’une efficacité sans failles.

Ce jeu du chat et de la souris est nourri à l’écran par une ambiance onirique. Le travail effectué sur la lumière et le son insuffle une énergie particulière à la série, embarquant le spectateur dans un univers à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar, selon les besoins du scénario.  Le cadrage tour à tour claustrophobique ou aérien participe à ce sentiment. La galerie de personnages s’inscrit dans la lignée des polars classiques, agrémentée d’une touche de modernité, notamment avec la flic au langage fleuri et à la tignasse folle interprétée par Tiphaine Daviot (HP, Marianne).

Cette relecture contemporaine du mythe de la série policière se retrouve également du côté des thèmes abordés. Les violences faites aux femmes ne servent pas simplement de toile de fond, elles habitent littéralement toute la structure narrative. Stupéfaction, soumission, déni, colère et libération… Anna (Erika Sainte qui porte la série sur ses « pas si frêles » épaules) traverse l’ensemble de ses émotions tout au long des six épisodes. Mais la série ne se contente pas de démêler les nœuds de l’emprise personnelle, elle regarde aussi en face les conséquences d’un patriarcat toxique lorsqu’il s’institutionnalise. A méditer.

Synopsis : 
Anna, sous l'emprise de son mari violent depuis plusieurs années, commet l'irréparable lors d'une énième dispute. Le jour de son inculpation, sa vie bascule une nouvelle fois quand elle découvre qu'il est toujours en vie et que leur fils est en danger. Elle n'a alors plus d'autre choix que de s'évader.

J’ai tué mon mari (6 x 45 minutes)
Une série réalisée par Rémy Silk Binisti
Sur une idée de Henri Debeurme
Sur un scénario de Sophie Dab, Rémy Silk Binisti, Lucie Frejaville, Justine Kim Gautier
Avec Erika Sainte, Antoine Gouy, Tiphaine Daviot, Hiba Abouk, Rachel Khan, Christophe Tek, Melan Omerta
Production : Next Episode
Diffusion : à partir du 29 novembre sur 13ème Rue

Photos : Copyright 13eme RUE/Remy Grandroques

Ma note : 4/5