Business - Les salles espagnoles en grève

Par Tootpadu, 23 juin 2007

Le 18 juin dernier, la plupart des écrans de cinéma espagnols sont restés noirs, selon un article paru dans le journal Variety. La cause de ce débrayage massif, auquel la plupart des chaînes indépendantes (Yelmo Cines, Cinesa, Abaco-Cinebox, ...) se sont associées, est une nouvelle loi, passée devant le conseil des ministres au début du mois. Alors que plus de 90 % des cinémas espagnols ont fermé leurs portes pour un jour, la loi n'arrange guère les exploitants.

Elle ne garantit ainsi pas le décalage de six mois entre le passage en salles et celui sur support vidéo, et elle ne prévoit aucune baisse de la part du distributeur sur le prix des places. La pierre d'achoppement principale est cependant le maintien du taux obligatoire de films espagnols à diffuser, qui s'élève à une production nationale tous les trois films étrangers (c'est-à-dire américains). Avec une part de marché de seulement 8 %, le cinéma espagnol ne se porte en effet pas particulièrement bien, dans un contexte économique très compétitif.

Pour une fréquentation des salles obscures qui est resté pratiquement stable ces dix dernières années (aux alentours de 120 millions d'entrées par an), le parc des multiplexes a connu une expansion disproportionnelle. Dans le cadre du développement urbain, notamment dans les banlieues, le nombre d'écrans a augmenté de plus de 1200 pendant la même période, pour arriver à presque 4300 aujourd'hui. Par conséquent, le taux d'écran de cinéma par habitants est le plus élevé en Europe, avec un cinéma pour moins de 10 000 habitants, encore devant la France, le pays cinéphile européen par excellence. Ce suréquipement de cinémas devra progressivement s'ajuster à la demande réelle, dans un pays aussi féru de téléchargements illégaux que ses voisins du nord.