Sorties-Cinema - The Young Lady : un drame passionnel intense et à découvrir dès le 12 avril

Par Mulder, 03 avril 2017

Le réalisateur, William Oldroyd, et la scénariste, Alice Birch, se sont tous deux fait un nom au théâtre à Londres, avant d’arriver au cinéma. William Oldroyd a travaillé comme metteur en scène au sein du Young Vic Theater de Londres et à la Royal Shakespeare Company (RSC). Alice Birch a, quant à elle, été dramaturge pour la Court Royal et pour la Royal Shakespeare Company (RSC). William Oldroyd a fait ses premiers pas comme réalisateur avec son court-métrage BEST, primé lors du Festival Sundance Channel Shorts de Londres en 2014. Représentés par le même agent, William Oldroyd et Alice Birch se sont rapidement mis d’accord pour l’écriture et la réalisation d’un premier long-métrage.

Alice Birch avait lu La Lady Macbeth du district de Mtsensk, écrit par Nikolaï Leskov en 1865. Les thèmes abordés dans le livre, notamment la soumission des femmes dans la société, la vie dans les communautés rurales et la passion interdite lui ont paru intéressants à adapter au cinéma. L’histoire originale plus célèbre, publiée par Dostoïevski, avait été adaptée en opéra russe par Chostakovitch au début des années 1930. La pièce, jugée très subversive, avait ensuite été censurée par Staline. Alice Birch s’est empressée d’en parler à William Oldroyd, qui trouva l’intrigue fascinante. " Dans la littérature de cette période, les femmes comme Katherine souffraient en silence, dépérissaient ou se suicidaient. Mais dans THE YOUNG LADY, nous avons une jeune femme qui veut se battre pour son indépendance et décide de son propre destin de manière sanglante " précise-t-elle. William Oldroyd et Alice Birch se sont fortement inspirés de l'intrigue principale du roman, en se laissant la liberté d’y ajouter quelques modifications. Quand la productrice, Fodhla Cronin O'Reilly, nommée pour son courtmétrage HEAD OVER HEELS aux Oscars en 2014, rencontre William Oldroyd, leur entente est immédiate. Ils décident de développer ensemble la production de THE YOUND LADY. " Elle a été ma collaboratrice principale sur le film. Venant du théâtre, je me suis fortement appuyé sur elle pour assurer cette transition vers le cinéma et pour comprendre les spécificités et le fonctionnement de ce système", reconnaît le réalisateur.

Le film a été produit avec 500 000 pounds (approximativement 580 000 euros). Ce financement vient en partie de iFeatures, un programme d’aide aux films à petit budget géré par le BFI et BBC Films. “ Nous étions déterminés à faire de notre petit budget une force. Nous avons donc été obligés de faire des choix dans notre façon de filmer, dans les costumes et les décors ”, raconte la productrice. Le réalisateur ajoute : “ Je savais qu’il était possible de faire un film d’époque avec un petit budget. Nous n’avions pas les possibilités de nous offrir de grands extérieurs, ni des scènes avec beaucoup de figurants. Nous nous sommes donc concentrés sur la psychologie d’un groupe de personnages vivant en 1865.”

William Oldroyd se souvient du casting de Florence Pugh : “ Je l’avais vue dans THE FALLING de Carol Morley et j’avais été très impressionné par sa performance. Il a été tout de suite évident que nous avions trouvé quelqu’un qui avait l’esprit de Katherine. Florence nous a offert une performance incroyablement forte. Elle a beaucoup d’instinct et une excellente technique. ” Florence Pugh affirme que c’est la transformation du personnage qui l’a séduite en lisant le script. “Nous voyons une innocente jeune fille se transformer en une femme capable de faire des choses monstrueuses. Ce qu’elle fait est mal mais, malgré tout, le spectateur ressent de la sympathie pour elle et veut qu’elle réussisse.” Florence Pugh a été confrontée aux quelques acteurs pressentis pour jouer le rôle de Sebastian. Le chanteur-compositeur Cosmo Jarvis s’est démarqué de ses concurrents. “ Dès que nous l’avons vu avec Florence, il y a eu comme une étincelle ” raconte Fohdla Cronin O’Reilly. “ On peut percevoir chez lui une vulnérabilité très intéressante. Florence et Cosmo étaient tous les deux naturels et subtiles dans leur jeu ”. Cosmo Jarvis : “ On a rarement l’opportunité de jouer des personnages aussi riches et complets au début d’une carrière. La relation de pouvoir entre les protagonistes m’intéressait. Sebastian est, en bien des points, comme un animal apprivoisé. C’est un homme faillible et complexe. 

Dans le rôle d’Anna, il fallait une actrice qui puisse transmettre une forte charge émotionnelle avec peu de dialogues. “ Nous avons tout de suite compris que nous avions trouvé notre Anna lorsque nous avons rencontré Naomi. Elle est capable d’exprimer une très large gamme d’émotions en quelques mots ”, raconte William Oldroyd. Naomi Ackie, qui avait essentiellement joué au théâtre auparavant, était très intéressée par l’idée de travailler dans un nouveau cadre avec un cinéaste. “ Nous venons tous les deux du théâtre, nous parlons le même langage. Mais William a également un regard singulier, j’ai beaucoup appris sur le tournage ”, confie-t-elle.

Pour les entourer, William Oldroyd a recruté des comédiens expérimentés du théâtre et du cinéma. Il savait qu’il voulait Paul Hilton dans le rôle d’Alexander, le mari de Katherine : “ J’ai toujours pensé à Paul pour le rôle. J’étais impressionné en découvrant les essais qu’il nous a envoyés : je n’avais jamais vu personne s’investir autant, à tous les niveaux : costume, plateau, éclairage… Nous avons plus ou moins repris toutes ses idées sur le tournage ! ” Pour le rôle de Boris, le patriarche de la famille qui cherche désespérément un héritier, l’équipe a jeté son dévolu sur Christopher Fairbank : “ Il nous fallait quelqu’un qui puisse représenter le pouvoir écrasant du patriarcat contre lequel Katherine se rebelle. Et Christopher avait vraiment cette puissance en lui.” C’est le script d’Alice Birch qui a convaincu l’acteur de rejoindre le casting du film : “ J’ai été séduit par la profondeur et la subtilité de ce personnage de tyran domestique. ”

Le lieu du tournage était un élément crucial pour le film. La grande bâtisse dans laquelle Katherine est piégée est oppressante, mais elle peut également offrir au personnage des moments de liberté, à la fois physique et métaphorique. La majorité du film se situe à l’intérieur ou dans les dépendances, tandis que la forêt et les champs balayés par le vent où Katherine aime s’échapper sont des éléments inhérents à l’histoire. “ La relation entre les personnages et leur environnement m’a fascinée. Ce dernier est intégré à leur monde : la bruyère, les collines, les landes, la rivière sont tous des éléments vitaux qui évoluent au fur et à mesure que Katherine prend conscience de son existence et développe ses sens ”, remarque Alice Birch. Depuis le début du projet, William Oldroyd voulait faire de la région de la ville de Durham et du comté de Northumberland le décor de son film. Northumberland est une région sauvage des Îles Britanniques et semblait bien refléter la solitude de Katherine. De surcroît, le Nord-Est de l’Angleterre est une région que William Oldroyd connaît bien puisqu’il a étudié à l’Université de Durham. L’équipe a finalement eu la chance de trouver l’emplacement parfait : le château de Lambton, à côté de Chester. Il s’agit d’une majestueuse demeure, construite au début du XIXe siècle, avec de nombreuses salles d’époque (la cuisine, les écuries, les escaliers) et d’immenses terrains aux alentours. L’équipe du film s’est installé dans le village voisin. Tourner dans un lieu unique a permis aux acteurs de garder les mêmes costumes tout au long du tournage.

William Oldroyd a également pu répéter sur place, avec les accessoires et les costumes à disposition. Le film étant son premier long-métrage, il était très important pour lui de travailler en amont avec les acteurs : “ J’avais besoin de temps pour répéter. Les acteurs se sentaient en confiance pour faire des suggestions, alors qu’il est difficile d’en faire pendant le tournage.” Pour redonner vie à l’Angleterre du XIXe siècle avec un budget très réduit, la direction artistique s’est entourée de gens talentueux et motivés par la qualité du script et la créativité du réalisateur. La collaboration avec Jacqueline Abrahams, la chef décoratrice qui avait travaillé sur THE LOBSTER et LA DAME EN NOIR 2 a été une évidence. Le chef-costumier avait un rôle-clé à jouer et, malgré le petit budget, l’équipe a pu s’entourer de Holly Waddington, qui avait auparavant travaillé sur LINCOLN et CHEVAL DE GUERRE. “ Les connaissances de Holly, sa passion pour les motifs et le dessin sont incroyables. Elle a confectionné des corsets et des peignoirs à la main, voyagé en France pour trouver des pièces d’époque. Grâce à elle, on a le sentiment que les personnages portent des vêtements, et non des costumes. On ne voulait pas qu’ils aient de nouveaux costumes chaque fois qu’ils apparaissaient à l’écran.”

Quant à la direction de la photographie, elle est revenue à Ari Wegner, qui a travaillé sur plusieurs films présentés aux festivals de Venise, Cannes et Berlin. Son travail correspondait exactement à ce que William Oldroyd recherchait. Ari Wegner étant cependant basée à Melbourne, il a fallu qu’elle soit capable de travailler à distance avec le réalisateur pour la préparation du film. “ Nous discutions tous les jours pendant des heures sur Skype. Nous partagions des images et des références ” raconte William Oldroyd. “ Elle a repris mes idées et m’a poussé dans des directions auxquelles je n’avais pas pensé. Et nous avons réfléchi à la meilleure façon de rendre ces choix possibles économiquement.”

Les semaines précédant le tournage, toute l’équipe a consacré beaucoup de temps à faire des recherches et à se préparer pour recréer l’atmosphère du XIXe siècle. Naomi Ackie et Florence Pugh se sont livré à un grand travail de préparation pour incarner leurs personnages. “ J’ai fait beaucoup de recherches sur les domestiques de l’époque pour savoir ce qu’ils faisaient et ce que l’on attendait d’eux ”, explique Naomi Ackie. “ Certains costumes et bijoux que nous portions étaient d’époque, cela nous a beaucoup aidé pour créer l’univers du film. ” Florence Pugh s’est demandé comment son personnage aurait réagi et comment il aurait été vu par son entourage au XIXe siècle : “ Je me suis surtout renseignée sur l’étiquette de l’époque car, malgré les costumes et les accessoires, si les acteurs ignorent les postures, la façon dont on s’assied ou dont on s’adresse aux gens en ce temps-là, on ne croit pas aux personnages.” Cosmo Jarvis a ressenti le besoin de passer du temps avec des chevaux et des chiens pour entrer dans le personnage de Sebastian, un palefrenier du XIXe siècle. “ J’étais très méticuleux, et comme je ne suis pas naturellement très à l’aise avec les animaux, c’était un peu difficile au début. Il fallait travailler et se comporter selon des règles très spécifiques et j’avais besoin d’expérimenter tout ça ”, avoue l’acteur. Il était tellement habité par son personnage qu’il aurait pu dormir sur le sol de la cuisine et abandonner son accent du sud-ouest au profit de l’accent du nord pendant toute la durée du tournage : “ Je ne voulais pas que mon accent ruine une réplique, en particulier lorsque nous tournions une scène difficile.” Cet investissement total a beaucoup aidé le réalisateur. “ Sur le tournage, il pouvait se comporter comme Sebastian à tout moment, il n’avait même pas besoin de réfléchir ”, reconnaît William Oldroyd. Florence Pugh renchérit : “ Il n’avait aucune décision à prendre car il faisait tout à l’instinct.

L’équipe technique a également dû faire des recherches sur la période historique pour s’assurer que le film était le plus vraisemblable possible. Le département des costumes a consacré toute son énergie et son budget à repousser les limites de l’authenticité. “ Nous avons utilisé des pièces d’époque autant que possible et nous nous sommes procurés des tissus et des imprimés un peu partout, dans des collections de costumes, des boutiques vintage et des magasins d’antiquités ”, raconte Holly Waddington. “ Katherine entre dans un monde dans lequel la beauté n’a pas beaucoup de place. Alexander et Boris ont construit leur fortune sur la révolution industrielle et ne s’intéressent pas à l’esthétique, il y a donc peu de couleurs dans la maison. Les costumes des années 1860 étaient très intéressants, les crinolines et les corsets étaient de puissants symboles pour le personnage de Katherine, ils l’enserrent aussi bien physiquement que mentalement. Nous avons opté pour un style dépouillé et austère dans un univers conservateur, en utilisant les couleurs très sombres de cette période.” De même, les maquilleurs recherchaient l’authenticité avant tout. “ Nous voulions que le maquillage soit aussi simple et naturel que possible ”, affirme William Oldroyd. “ Les gens de l’époque ne se lavaient pas tous les jours, nous voulions recréer cela. ” Le directeur de la photographie et le réalisateur ont également fait des recherches plus inhabituelles sur la période et notamment sur les spécificités de la lumière dans la peinture de l’Europe continentale : “ Nous voulions ajouter une lumière nordique au film, c’est pourquoi nous nous sommes davantage inspirés des peintres

Synopsis:
1865, Angleterre rurale. Katherine me?ne une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son a?ge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son e?poux et de?couvre la passion. Habite?e par ce puissant sentiment, Katherine est pre?te aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

The young Lady
Un film de Williams Oldroyd
Sur un scenario d’Alice Birch
Avec Florence Pugh (Katherine), Cosmo Jarvis (Sebastian), Paul Hilton (Alexander), Naomi Ackie (Anna), Christopher Fairbank (Boris), Golda Rosheuvel (Agnes), Anton Palmer (Teddy), Rebecca Manley (Mary)
Distributeur : KMBO
Date de sortie : le 12 avril 2017

Photos : Copyright Betta Pictures

(Source texte : Dossier de presse du film)