Entretiens - Interview de Lorraine Feather au sujet de L’exception à la règle et de sa carrière

Par earina, Los Angeles, 01 décembre 2016

Q : Vous avez collaboré à trois albums avec le trio Full Swing. Quels sont vos meilleurs souvenirs de cette collaboration?

Lorraine Feather : C’était très amusant de jouer sur scène avec Full Swing. J’aime chanter les harmonies, dans les récents albums je fais moi-même le re-recording ! C’est surtout la période durant laquelle j’ai écrit les paroles pour mon projet principal. La première chanson difficile que j’ai écrite était pour l’album original des Full Swing (avec Charlotte Crossley et Steve March-Tormé), conçu et produit par Richard Perry. C’était pour une pièce de Tommy Newsom. J’ai beaucoup entendu parler de Lambert, Hendricks et Ross étant enfant dans une maison où l’on écoutait du jazz et ce n’était pas dissemblable. J’ai complété la chanson et je l’ai chantée pour les autres chanteurs et Richard, qui ne l’a pas aimé et m’a expliqué le type de chanson qu’il attendait. J’ai ravalé ma fierté, suis rentrée chez moi et ai tout recommencé. Richard a approuvé la version N°2 et j’ai écrit les paroles pour la moitié de l’album. Cela m’a démontré quelles étaient mes forces et m’a donné une leçon d’écriture.

Q : Vous avez travaillé sur la série Dinosaures, Le Livre de la Jungle 2 et Princesse Malgré Elle 2. Que pouvez-vous nous dire de votre travail sur ces musiques?

Lorraine Feather : La musique pour Dinosaures a été écrite par Ray Colcord, un ami très cher et talentueux qui est décédé plus tôt cette année. Un de nos amis commun a suggéré que j’envoie mon album solo The Body Remembers à Ray, que je connaissais en tant que pianiste à The Improv à Los Angeles. Ray était très connu pour avoir un sens de l’humour très noir et son ami a pensé que nous ferions la paire en tant que partenaires d’écriture. La première chanson que nous avons écrite était“Poor Slobs with Terrible Jobs” et nous nous sommes éclatés. Nous avons ensuite écrit pour Dinosaures les chansons de blues, de country… c’était un plaisir de travailler avec lui. Le Livre de la Jungle 2 était une expérience unique car mon agent, Maggie Rodford, d’Air-Edel, a suggéré à Mark Walker de Disney que je sois envisagée afin d’écrire les chansons avec un compositeur que je n’avais jamais rencontré, Paul Grabowski, qui vivait à Melbourne. Paul et moi avons échangé par téléphone et avons écrit cette chanson à distance, une première pour tous les deux. Disney a approuvé notre chanson et nous avons continué ainsi pour deux autres chansons, et nous nous sommes finalement rencontré à Los Angeles pour travailler sur la troisième. Le superviseur musical du Livre de la Jungle 2, Dawn Soler, m’a plus tard recommandée pour écrire les paroles d’une chanson de Princesse Malgré Elle 2. Julie Andrews, qui n’avait pas chanté depuis de nombreuses années à cause de sérieux problèmes à la gorge à demandé Larry Grossman comme compositeur. Ce fut de nouveau une collaboration à distance, puisque Larry vivait à New-York et moi en Caroline du Nord à cette époque. C’était un honneur de créer pour Mme Andrews, une chanteuse iconique et élégante, surtout que c’était sa première performance publique depuis longtemps. La démo pour cette chanson a été chantée par Jessica Molaskey, la très talentueuse épouse du guitariste John Pizzarelli.

Q : Vous avez enregistré 11 albums solo depuis 1979 et apportez une influence jazz à votre travail. Qu’est-ce-qui vous destine au jazz?

Lorraine Feather : Mon père était le compositeur jazz Leonard Feather; ma marraine était Billie Holiday. Je me décrirai comme destinée au jazz, j’ai baigné dedans depuis ma naissance, il était donc évident que le jazz serait destiné à être la base de ma vie créative. Les albums que j’ai faits étaient dans un premier temps tournés sur l’écriture de paroles pour des vieux classiques de jazz, avec des morceaux de Fats Waller et Duke Ellington. Bien que j’aie fait un grand écart avec l’album fait avec l’incroyable jeune pianiste Stéphanie Trick il y a quelques années, les dernières demi-douzaines de mes sorties comprenaient pour la plupart de toutes nouvelles compositions, la plupart des chansons étaient une sorte de jazz hybride opposé à un jazz plus pur, écrit avec des compositeurs et amis : Russell Ferrante, Shelly Berg, Dave Grusin, et mon collaborateur de longue date et meilleur ami, le brillant Eddie Arkin— qui a composé la musique de “L’Exception à la Règle.” Il y a des exemples sur lorrainefeather.com.

Q : Vous avez déjà travaillé avec Warren Beatty sur la bande-originale de Dick Tracy. Comment se sont passé vos retrouvailles pour L’Exception à la Règle?

Lorraine Feather : C’était inattendu. J’avais envoyé à Warren mes albums au fur et à mesure et, un weekend, quelqu’un du bureau d’Air-Edel à Los Angeles m’a appelé pour me faire savoir que Warren Beatty allait me contacter; il leur avait laissé un message demandant mon numéro. Il a appelé le jour suivant et m’a fait beaucoup de compliments sur mon travail, il a ensuite commencé à me parler du film. Nous avons eu de nombreuses autres conversations et nous sommes rencontrés plusieurs fois. À ce moment-là, le film n’avait ni script terminé ni casting de proposé.

Q : Que pouvez-vous nous dire de votre collaboration avec Eddie Arkin sur la chanson L’Exception à la Règle?

Lorraine Feather : Ce fut assez rapide, comme presque toutes nos collaborations musicales de ces dernières années. Cela nous a pris environ deux semaines, avec des pauses. Quand nous avons terminé, j’ai fait une version démo au piano. Warren l’a immédiatement adoré mais ensuite, il y a eu un long moment où nous ne savions pas si le film serait tourné. Eddie et moi avons été agréablement surpris quand le film a finalement été terminé, de découvrir que notre chanson y apparaissait trois fois, et ensuite quatre, puisqu’elle a été ajoutée en tant que générique de fin.

Q : Y avait-il des obstacles vous avez dû surmonter pour créer cette chanson?

Lorraine Feather : Nous avons quasiment écrit “L’Exception à la Règle” en une journée, mais nous avons eu des problèmes avec le pont, la partie qui fait “In the movies we see, In the shows on TV, And in anthems passionately sung, There’s a message that you’ve got to keep believing in yourself, But they generally mean, if you’re young.”. Eddie a écrit deux mélodies différentes pour ce pont en quelques jours mais aucune d’elles ne collaient. Nous nous sommes de nouveaux réunis et avons décidé d’en faire une de façon simple et douce, comme une berceuse. Nous avons aimé cette version et l’avons utilisée.

Q : Avec quels réalisateurs américains aimeriez-vous travailler?

Lorraine Feather : Honnêtement, je ne pense pas aux opportunités potentielles de cette façon. J’aimerai travailler sur des projets qui parlent à mes compétences particulières. Eddie et moi écrivons dans le style classique « American Songbook » mais allons également dans des directions différentes sur mes albums ; j’espère que nous continuerons à travailler ensemble pendant longtemps. Comme pour les autres réalisations auxquelles je participe, beaucoup peuvent être écoutées sur mes propres albums. Par exemple, j’ai écrit les paroles pour « Rosa Aurata » de Nino Rota, le thème de Juliette des Esprits, pour mon album Tales of the Unusual. Ma version s’appelle « Ahh ». Si je pouvais me servir d’une baguette magique et créer l’opportunité de mes rêves, ce serait d’écrire les paroles pour une comédie musicale animée.

Q : Quels sont les compositeurs qui sont votre source d’inspiration?

Lorraine Feather : Je suis inspirée par de nombreux styles de musique différents tel que le classique (Ravel, Debussy), et j’ai adapté quelques morceaux classiques en leur écrivant des paroles. Certains de mes chanteurs préférés sont Stephen Sondheim, Johnny Mercer, Cole Porter, Joni Mitchell.

Q : Quels sont vos projets actuels?

Lorraine Feather : Je suis en train d’écrire deux chansons pour mon nouvel album, Math Camp.

Q : Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite travailler en tant que chanteur/compositeur?

Lorraine Feather : J’étais moi-même inculte mais ma situation était inhabituelle car j’étais tellement entourée de musique et de si grands musiciens avec lesquels j’ai grandi, je pense qu’avoir une bonne éducation est merveilleux. Ecouter et trouver ce qui vous amuse réellement. Essayer de nombreuses choses et ne pas avoir peur de faire des erreurs ou de suivre ce qui semble être un chemin sans intérêt, car le travail acharné n’est jamais perdu. Quand vous trouvez ce que vous faites de mieux, investissez-vous et n’abandonnez jamais. Et si vous collaborez, faites-le avec des créateurs avec qui vous partagez une admiration mutuelle, qui vous inspirent à faire de votre mieux et qui vous soutiennent.

Listing the song The Rules Don’t Apply

Lyrics (Music by Eddie Arkin & Lyrics by Lorraine Feather):

One day I told my friend I was terribly blue.
Was it far too late to do what I dreamed I could do?
He thought for a moment, then he answered.
He said, “The rules don’t apply to you.”

He said it very simply, and quietly too,
But as if there wasn’t any doubt at all that he knew.
He gave me a gift that I would treasure.
He said, “The rules don’t apply to you.”

In the movies we see, in the shows on TV,
And in anthems passionately sung,
There’s a message that you’ve got to keep believing in yourself,
But they generally mean, if you’re young.

Is it written in the air, as it seems to be,
That we haven’t long at all to find our destiny?
I’ll always remember to be grateful
That the rules don’t apply to me.

I wouldn’t lie.
The rules don’t apply.
The rules don’t apply to you.

Nous remercions très sincèrement Lorraine pour cette interview et pour avoir répondu à nos questions.

Un très grand merci à Ali Homek pour nous avoir apporté son aide pour cette interview.

Traduction : Earina