Liam Neeson : Cela n’a pas été quelque chose de complètement délibéré de ma part, car je n’ai pas réfléchi pendant très longtemps. Tout simplement, ce qui s’est passé, c’est qu’il y a quelques années de cela, Luc Besson m’a approché avec ce rôle et moi, j’ai trouvé cela formidable. J’avais 55 ans, j’en ai 60 aujourd’hui et j’ai considéré que c’était le bon moment pour faire ce genre de rôle, d’avoir cette chance de faire des rôles très physiques, comme on a pu le voir avec le premier volet et comme on peut le voir avec celui-ci.
Q : Quelle a été la différence de tourner avec Pierre Morel et Olivier Megaton ?Neeson : En fait, c’est une question qui est un peu injuste à me poser. De toute façon, avec les deux, cela a été une formidable expérience. S’il y a un point commun entre les deux, c’est cet investissement réel des deux réalisateurs dans ce qu’ils font. Ils developpent tous les deux une passion, un rythme, de la même manière.
Q : Quel type de préparation avez-vous eu besoin d’avoir pour votre rôle ?Neeson : En effet, c’est une préparation qui est essentiellement physique, comme vous avez pu le voir. Il y a beaucoup de scènes de combat dans le film. Moi-même, j’ai une règle dans la vie, c’est de rester en bonne forme et pour moi c’est quelque chose d’habituel. Pour ce film, j’ai augmenté la fréquence des tractions, des exercices de musculation. J’en fait un peu plus que d’habitude. Ce qui s’est passé aussi, c’est que dans le film, il y a beaucoup de combat qui sont chorégraphiés. Il y a toute une partie qui est très importante. Un peu de la même manière que lorsqu’on se prépare pour un spectacle de danse, on s’entraine encore et encore. Je me suis entrainé tous les jours pendant le tournage, avec les cascadeurs et les personnes qui s’occupaient de la mise en place des cascades. Presque à chaque fois que j’avais deux minutes de libre, on se retrouvait ensemble. On s’entrainait à répéter encore et encore les gestes.
Q : Le film est formidable. J’aimerais que Olivier nous explique comment il a pris la relève de la franchise « Taken » et ma question pour Liam, comment choisit-il ses rôles ?Olivier Megaton : Le fait de prendre la relève n’a pas été géré de cette façon-là. On ne s’est pas dit qu’il y a « Taken » qui est un succès aux Etats-Unis et dans beaucoup de pays anglo-saxons. A partir du moment où on a accepté le film, on a pris ce film comme un film en soi. « Taken » se suffit à lui-même et idem pour « Taken 2 ». Si on n’a pas vu le premier, on peut voir le 2 sans aucun problème. On a géré comme si on faisait un tout autre film. On n’a pas essayé d’avoir des références. On est resté dans un contexte qui se passe deux ans plus tard. Je voulais aussi vraiment qu’il y ait cette mémoire qui s’oublie. C’est quelque chose de douloureux que cette famille a vécu. Il y a une petite anecdote. Quand on était à Los Angeles, les Américains sont très scolaires et c’est la seule fois où vraiment j’ai un peu réagi. Il y avait cette scène où il y avait tous les potes de Bryan qui discutaient pour savoir s’il allait retourner avec Lénore et l’accessoiriste arrive avec les verres en plastique, qui étaient les mêmes verres que dans le premier opus. Il me dit que c’est très important que ces verres soient là, car ils étaient dans le premier. Je lui ai donc dit, tu sais en deux ans, ils ont peut-être pu s’acheter d’autres verres. Cette petite anecdote permet de voir comment on a laissé vivre le film. Le tournage vit donc sa vie. J’y ai apporté un peu mon style, plus graphique que différent. Il y a des points communs, mais c’est un film en soi.
Neeson : En ce qui me concerne, ce qui me pousse à choisir un rôle en particulier est le scénario, le scénario, et le scénario. Ensuite vient le réalisateur et viennent ensuite les autres acteurs. C’est le scénario qui me pousse à accepter un rôle et ce quel que soit le genre. Je n’ai pas de genre délimité. C’est l’histoire avant tout.
Q : Quand vous vous initiez à la boxe à neuf ans, imaginiez-vous que cinquante ans après, vous seriez un héros de film d’action ?Neeson : Non.
Q : Dans la dernière phase de votre carrière, vous semblez très attiré par des films d’action, pouvez-vous nous en expliquer la raison ?Neeson : Tout d’abord, j’espère qu’il y aura deux ou trois phases dans ma carrière d’acteur et que ce n’est pas la dernière. La soixantaine, c’est maintenant le nouveau quarante ans. La raison pour laquelle je suis attiré par ce genre est que cela me parle vraiment tout de suite, directement, au petit garçon qui est en moi. C’est une joie énorme en tant qu’acteur que d’interpréter ces rôles, car le fait d’avoir ces rôles très physiques, c’est très intense. De les alterner avec des séquences sans scènes d’action, mais au contraire des discussions et que je joue avec d’autres comédiens, c’est très agréable aussi. Dans « Taken 2 », il y a beaucoup de scènes d’action, et il y aussi beaucoup de séquences alternées avec notamment Maggie Grace, qui joue ma fille. C’était très agréable. J’ai beaucoup aimé alterner ces deux choses dans mon jeu d’acteur.
Q : J’aimerais savoir si vous avez eu l’impression de tourner un film français et si oui, en quoi avez-vous eu ce sentiment ?Neeson : Tout d’abord, je m’excuse réellement de ne pas parler français. J’ai eu une éducation un peu particulière et je n’ai pas pu apprendre le français et j’en suis désolé. En ce qui concerne « Taken » et « Taken 2 », j’ai vraiment eu l’impression de faire un film français, car l’équipe était française, le style du film est très français et le rythme de travail et la préparation pour ce film sont très français. Je n’ai pas vu cela très souvent dans des équipes américaines. Il y a un dynamisme, une énergie, une vraie fraicheur dans le fait de travailler avec des équipes françaises. C’est quelque chose qui est assez sexy. Ce qui est agréable est cette mixité dans les équipes françaises, qui sont composées à 50 % de femmes. Il y a beaucoup de femmes dans les équipes de tournage françaises. C’est quelque chose que l’on ne retrouve pas ailleurs. Dans les équipes de tournage anglaises et américaines, celles-ci sont composées à 80 % d’hommes. L’ambiance n’est pas la même. Elle est très dynamique et cela m’a beaucoup plu de faire ce film.
Q : J’aimerais savoir si, pour vous, la consécration suprême dans le répertoire du film d’action est d’avoir un rôle dans le prochaine « Expendables » ?Neeson : Non.
Q : Vous parliez des différentes phases dans votre carrière. A l’avenir, quel genre de films vous intéressait le plus, des films que vous n’avez pas encore faits ?Neeson : Il n’y a pas de genre particulier vers lequel j’ai envie de me tourner à l’avenir. Par contre, ce qui est sûr, c’est que j’ai réellement envie de retravailler avec Olivier, qui est un réalisateur formidable pour travailler. Au-delà du fait qu’il dirige formidablement ses acteurs et que c’est un excellent réalisateur, on peut le questionner, on peut lui demander de changer ceci ou cela. Il est très ouvert à la participation. Il y a une vraie collaboration qui se fait avec un réalisateur comme Olivier. Pour moi, quelque part, c’est plus important de travailler comme cela, de faire un film dans cet état d’esprit, plutôt que de travailler avec un scénariste spécifique. C’est vraiment cela qui m’intéresse. Un bon scénario et un bon réalisateur, c’est ce qui m’intéresse le plus pour le choix de mes films.
Q : Vous n’avez pas fait énormément de suites dans votre carrière. J’aurais aimé savoir s’il est compliqué de revenir à un personnage que vous aviez déjà interprété ou c’est comme se glisser dans des chaussons que l’on connaît par cœur ?Neeson : Le fait de rejouer de nouveau ce rôle de Bryan est comme enfiler de nouveau un vêtement que l’on aime particulièrement, comme un peu un manteau. C’est quelque chose de très confortable. De la même manière, il ne faut pas oublier que de jouer de nouveau avec les comédiennes qui étaient à mes côtés lors du premier volet, Maggie Grace et Famke Janssen, est très agréable. Je me suis senti dans un environnement que je connaissais bien et dans lequel j’étais familier. De la même manière, si Maggie Grace et Famke Janssen n’avaient pas été au casting de ce second volet, cela n’aurait pas été aussi facile et surement j’aurais dit non moi-même.
Q : Après « Taken 2 », avez-vous l’envie de refaire un troisième et dans cette éventualité, seriez-vous partant ?Neeson : Je ne peux pas imaginer ce que pourrait être l’histoire d’un « Taken 3 ». On est arrivé à la fin du film [et à la fin de la conférence de presse car l’attaché de presse me fait signe / message du traducteur] à moins que je donne ma fille aux Albanais.