Frank Marshall : En fait non, on ne le savait pas. Au bout des trois premiers films, on s’est posé la question de savoir dans quelle direction on pouvait aller. C’est là que Tony est arrivé avec cette idée géniale d’explorer un peu plus loin ce monde à travers le personnage de Harold.
Q : J’aimerais savoir quel regard il a sur les metteurs en scène des trois premiers opus ? Comment Rachel et Jeremy sont arrivés dans le projet de ce quatrième film ?Tony Gilroy : Pour ma part, cela fait treize ans que je participe à cette aventure. C’est une grande partie de ma vie et je dois dire que le succès qu’a été celui de cette trilogie témoigne de la qualité exceptionnelle du travail de réalisation qui a été fait avant que moi, je mette la main à la pâte. Cela n’a fait que continuer. Je crois que ce qui fait que l’esprit est resté le même et que le niveau de cette série est resté aussi le même depuis le début et j’espère que l’on continuera dans cette tradition. On a toujours eu à cœur d’être dans un rapport de vérité et de méticulosité et d’intégrité de l’approche du sujet. On est allé au cœur du sujet. On a travaillé les molécules et le fait d’avoir tous ces soubresauts dans l’histoire et en étant au plus proche de cette sincérité est ce qui a permis de garder le niveau tout au long.
Jeremy Renner : Comment vous dire autre chose que c’est très rare d’avoir eu l’opportunité de prendre part à une aventure que vous suivez de l’autre côté, en tant que spectateur, avec beaucoup d’admiration. C’est un grand plaisir.
Rachel Weisz : Pour moi non plus, je ne pouvais pas rêver meilleure opportunité, car j’aimais beaucoup les trois films précédents. Pour moi, travailler avec Tony était un rêve, car c’était lui qui avait écrit les précédents films. Je connaissais très bien aussi le travail de Jeremy et je voulais travailler avec lui. Que l’on me donne une opportunité de travailler dans un film d’action réaliste et naturaliste est quelque chose dont je ne pouvais que rêver. J’ai été ravie de prendre part à cette aventure.
Marshall : Je crois vraiment que le rôle d’un réalisateur est de savoir raconter une histoire et savoir assumer l’entièreté du projet qui lui est confié et là comme moi, j’étais dans le rôle du producteur, ce qui me concernait le plus, ce pourquoi j’étais là, c’était de m’assurer que le réalisateur avait une vision et là moi aussi, je ne pouvais pas rêver mieux que travailler avec quelqu’un comme Tony, qui avait une vision extrêmement précise de ce qu’il avait à faire. Ce film tout entier repose sur la question du détail et lui avait vraiment cette perspectivité-là et cette capacité de veiller sur le moindre détail avec une distribution aussi très belle. Ce fut une très belle aventure pour nous tous.
Q : J’ai une question pour Jeremy et son metteur en scène. Jeremy quand vous vous regardez dans la glace, est-ce qu’il vous semble que vous ressemblez davantage à Matt Damon ou à Daniel Craig ? Et vous Tony, la même question ?Renner : Je ressemble à moi dans la glace.
Gilroy : Je ne répondrai pas à cette question.
Q : Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce scénario ?Renner : Je dois vous dire que concernant la question de savoir ce qui m’a attiré dans le scénario, c’est que beaucoup de choses m’ont attiré, notamment le fait que je me retrouvais à la fin avec beaucoup de questions et peu de réponses. C’est la chose que je peux chercher quand je lis un scénario. Ce scénario était extrêmement riche et intéressant pour moi, mais il y avait aussi le fait de savoir que c’était Tony qui avait écrit ce texte et qui allait le mettre en scène et avec des acteurs fabuleux avec lesquels je voulais travailler. J’aimais beaucoup cette série et surtout la façon dont cela avait été réalisé. En tant qu’acteur, c’était très rassurant d’aller sur un tournage en sachant que la base sur laquelle je me reposais était la base de l’authenticité. Cela vous permet de vous adonner à d’autres aspects de votre travail et d’exercer des muscles qui jusque-là étaient restés inactifs.
Q : Maintenant que vous êtes spécialisées dans les films d’action, que pensez-vous de la performance de la Reine d’Angleterre pour la cérémonie des jeux olympiques de Londres ? Envisagez-vous une collaboration entre vous dans cette nouvelle direction ?Weisz : Je ne me considère pas du tout, loin de là, comme une experte en films d’action, mais je dois dire que j’ai été assez impressionnée par le rôle qu’a tenu la Reine dans cette cérémonie d’ouverture, que j’ai adoré dans sa totalité. La quintessence de l’esprit était là, ainsi que l’humour, l’excentricité se sentait également. J’ai trouvé cette cérémonie très émouvante, comme la façon dont on voit le stade prendre forme à partir des gens qui le construisent. Ce fut une façon d’inclure ceux qui sont en général laissés à l’écart de ce type de célébration.
Q : Vous dites que vous n’êtes pas experte en films d’action et pourtant, j’ai lu quelque part qu’enfant, vous étiez une sorte de garçon manqué et que vous vous vantez d’avoir des compétences particulières pour grimper aux arbres. Est-ce vrai ? Par ailleurs, j’aimerais savoir si vous vous sentez tranquille lorsque vous êtes sur une moto avec Jeremy, car le réalisateur vous a fait faire des choses assez folles ?Weisz : D’habitude, tout ce qu’on lit sur internet est faux, mais il se trouve que cette fois-là, c’est vrai. J’étais la plus forte pour grimper aux arbres dans un périmètre que je ne saurais vous dire précisément. J’étais très forte. Pour ce qui est de cette scène d’action de poursuite en moto, en fait, quand vous êtes dans un film comme cela, vous ne vous dites pas que vous allez tourner des scènes d’action. Vous vous imprégnez vraiment du rôle. Ce qui a été intéressant pour moi est de jouer le rôle de cette femme, qui ne cherche qu’à survivre. Parmi les différentes expériences que mon personnage traverse, il y a celle de cette scène à moto. Je crois que j’y suis allé en confiance, en trouvant encore intéressant de devoir survivre, sauf que cette fois-ci, la responsabilité était confiée à Jeremy qui avait l’air extrêmement tranquille et concentré. Il m’a dit uniquement après coup que c’était pour lui la cascade la plus effrayante, car il avait aussi la responsabilité de ma vie. Heureusement, je ne savais rien de cette peur avant de me rendre sur cette scène.
Q : J’aimerais savoir si vous avez le sentiment que votre carrière a explosé avec le film « Démineurs » ? Savoir si les propositions affluaient après ce succès ? Quelle a été pour vous la scène la plus difficile ? Avez-vous eu besoin de vous doper comme votre personnage ?Renner : La réponse à votre deuxième question est non. Pour ce qui est de la première, le film « Démineurs » est un point de repère dans ma carrière dont je suis très fier. C’est très gratifiant d’être reconnu et mis en avant avec un travail dont je suis profondément satisfait moi-même. Effectivement, après cela, les propositions ont afflué. Je ne sais pas si c’est uniquement lié à ce film là qu’il faut l’attribuer ou si cela a été un concours de circonstances, mais le fait même de pouvoir exercer mon métier d’acteur est quelque chose pourquoi je me sens privilégié et honoré.
Q : Avez-vous lu les romans originaux dont les films sont adaptés ?Renner : Non, je n’ai pas lu ces romans-là, car je ne lis pas de romans de façon générale. C’est bien pour cela que nous avons des partenaires infaillibles sur les tournages et j’ai lu les scénarios écrits par cet homme génial qu’est Tony.
Q : Le film est plus centré sur la manipulation que l’amnésie cette fois-là. Est-ce que c’est un thème que vous aimez bien, est-ce votre thème favori ? J’ai aussi une question pour Jeremy : est-il plus facile de jouer un super-héros qu’un super-homme ?Gilroy : Je ne dirais pas que c’est un film centré sur la manipulation. Je pense que la question essentielle pour moi, pour continuer cette série est que le personnage précédent de Jason avait un problème, un enjeu fondamental, mythique. Une fois que cet enjeu-là avait disparu, comment faire pour que la légitimité de la suite de la série tienne à un nouvel enjeu pour le personnage de Aaron. Il fallait passer à un autre problème. Cet autre problème est loin d’être la manipulation, c’est le fait que cet homme est doté d’un don comme nous tous et son don est celui de l’illumination et comme nous tous, c’est en cela que cela me paraissait intéressant. La peur qui l’habite et qui justifie toutes les circonvallations qui sont celles qu’il rencontre est la peur que ses lumières ne puissent plus être et lui soient retirées.
Renner : Je crois qu’en tant qu’acteur, il est plus facile de jouer un super-homme qu’un super-héros, car cela touche le réel, l’authentique.