Entretiens - Ouija: les origines : Notre interview exclusive de The Newton Brothers

Par earina, Los Angeles, 31 octobre 2016


Q: Pouvez-vous nous expliquer l’origine du nom de votre groupe?

The Newton Brothers : Nous avions besoin d’un nom pour écrire en tant que groupe. Nous sommes tous deux fans de Sir Isaac Newton et nous voulions un nom qui nous permettrait d’écrire des bandes originales comme Légendes d’Automne 2 ou Fight Club 2.

Q: Que pouvez-vous dire à propos de votre collaboration avec Hans ZIMMER au début de votre carrière?

Andy Grush : Taylor a passé pas mal de temps à travailler avec Hans et c’était une expérience fantastique. Hans est incroyablement talentueux, à tellement de niveaux ; être capable d’apprendre de lui en premier lieu a été une expérience qui nous a vraiment aidé, à bien des égards.

Q: Comment avez-vous travaillé avec le réalisateur, Mike Flanagan, pour composer la bande originale de Ouija: les Origines?

The Newton Brothers: Tous nos projets avec Mike sont collaboratifs. C’est un musicien incroyable et, à de multiples occasions, il est venu jouer du piano dans un de nos studios d’enregistrement pour jouer un thème que nous avions joué pour lui et suggérer un point, un changement de corde, une mélodie ou une idée de tempo. En même temps, il a également écrit des thèmes et des progressions pour cordes qu’il nous joue pour nous donner des idées de travail, ce qui est incroyablement utile. Pour Ouija, une grande partie de la bande-originale était un processus de jeu avec l’instrumentation et la production pour accorder la musique comme si elle avait été composée et enregistrée dans les années 60.

Q: C’est votre nouvelle collaboration entre vous. Vous avez travaillé sur Hush (2016), Before I Wake (2016) and The Mirror (2013). Comment vous êtes-vous partagé le travail?

The Newton Brothers: Nous parlons beaucoup de la bande-originale, du ton et du contenu émotionnel qui résident dans le film. À partir de là, nous ne nous parlons plus pendant environ 2 semaines pendant lesquelles nous écrivons, enregistrons et avons des idées, chacun de notre coté. À un certain moment, nous nous retrouvons et nous jouons des extraits l’un pour l’autre, discutons du bon comme du mauvais, nous reprenons et bidouillons un peu avant notre premier playback. Nous sommes particuliers sur les retours, que nous mettons pas écris sur Google Doc., comme ça, nous n’avons pas à nous appeler constamment pour faire des mises à jours sur nos progrès, nos notes ou nos idées.

Q: Qu’est-ce-qui fait, pour vous, un bon film d’horreur? Quel est votre préféré et pourquoi?

Taylor Stewart : Poltergeist parce qu’il y a une combinaison d’horreur, de fantasy et d’histoire mélangée avec une bande-originale incroyable.

Andy: l’Exorciste est pour moi le film le plus effrayant que j’ai jamais vu. La façon dont est contée l‘histoire dans le film et les éléments utilisés pour la raconter me paralysent. Aujourd’hui encore, à chaque fois que je le vois, j’ai du mal à m’endormir.

Q: Que pouvez-vous nous dire de votre collaboration avec Danny Elfman sur le thriller de Mike Flanagan, Before I Wake?

The Newton Brothers : C’était une merveilleuse expérience. Nous avons été chanceux de travailler pour Hans et de collaborer avec Danny et aussi John Debney. Travailler avec Danny sur Before i Wake a été très amusant. Danny a une merveilleuse collection d’instruments qui nous a donné une grande inspiration même si nous n’avons pas eu l’utilité de certains instruments, le fait de jouer certains d’entre eux et les avoir à notre disposition était très appréciable. Nous sommes très fiers de cette bande-originale et de ce film. C’est une histoire magnifique.

Q: Selon vous, quelle est l’importance de la musique dans un film d’horreur pour créer une atmosphère?

The Newton Brothers: Dans un film d’horreur, la musique est primordiale. Elle danse une danse très intime avec l’histoire du film et si chacune est exécutée en harmonie, cela peut apporter une terrifiante expérience mais ça prend beaucoup de réflexion de faire fonctionner l’histoire et la musique ensemble. Ouija est un bel exemple de création de silences aux bons moments pour que les moments musicaux soient efficaces. Il est aussi primordial d’être sûr de ne pas juste avoir un mur de bruits ou de bourdonnements de scènes en scènes. Ce genre de choses peut en réalité apaiser le spectateur, ce qui irait à l’encontre du but du film d’horreur. L’astuce, c’est de rester sur cette fine ligne entre l’histoire et la bande-originale pour accentuer et supporter aux bons moments.

Q: Quelles étaient les plus grandes difficultés rencontrées pendant la composition de cette bande-originale?

The Newton Brothers: le plus grand défi par rapport à la bande-originale de Ouija a été de trouver la bonne proportion de sonorité “sixties” sans sonner trop vieux. Nous avons pensé à de nombreuses idées pour des thèmes et des sons pour trouver le son que nous aimions tous. Le waterphone a joué une grande part dans la création de textures déformées pour bourdonner et envahir les sens avec au sommet les cordes, les vents, le piano.

Q: La bande-originale de Ouija: les origins a été enregistrée en plein Coeur de Nashville’s Music Row au Ocean Way Studio dans une église restaurée avec 80 pièces d’orchestre. Comment avez-vous choisi les instruments pour ce film ?

Andy Grush : Taylor a eu cette idée incroyable d’utiliser le waterphone dans la bande-originale. À partir de là, nous savions que la pièce dans laquelle nous enregistrions et les musiciens avec lesquels nous enregistrions seraient une part très importante de la composition. Pendant que nous travaillions sur la bande-originale, John Debney nous a invité à assisté à une session d’enregistrement avec ce même orchestre de Nashville pour un de ses films et nous avons décidés que nous voulions vraiment nous reposer sur eux pour nous aider à relayer cette atmosphère que notre orchestrateur Jason Turbin a passé beaucoup de temps à peaufiner pour jouer délicatement, tout au long de chaque scène.

Q: Comment avez-vous créé le thème principal du film?

The Newton Brothers : Le thème principal se devait d’être quelque chose de délicat qui pouvait aussi enfler, et une part très importante est la perte du mari et père de famille qui se joue dans le thème principal, car ils traversent une épreuve très douloureuse à surmonter sa mort. Le thème devait aussi porter l’audience et devait être capable de prendre des tournants aiguisés dans des scènes variées, allant d’un sentiment de calme et de paix à un sentiment de chaos total et de peur. Mike nous a joué son idée du thème principal à un moment précis et cela devint une partie significative de notre thème principal, qui est merveilleux et parle à sa vision créative.

Q: Que préférez-vous dans la processus de composition d’une bande-originale?

The Newton Brothers: Nous adorons comment la composition évolue pour raconter l’histoire. Écrire, enregistrer et produire une bande originale est toujours un challenge et permet la découverte de jusqu’où nous pouvons aller dans l’écriture et la production pour faire quelque chose d’unique et d’intéressant. Il y a des bandes-originales qui évoquent un bruit qui vous fait penser que ce son est lointain. Le trésor de la Sierra Madre de Max Steiner est une de ces bandes-originales, qui dictait comment les westerns devaient être musicalement parlant pendant des années. Être unique peut être un véritable challenge et nous n’arrivons pas toujours à trouver une zone unique de création mais en nous poussant à faire de notre mieux pour être unique pour chaque film est probablement ce que nous aimons le plus dans la composition d’une musique de film.

Q: Avec quels réalisateurs américains aimeriez-vous travailler et pourquoi?

The Newton Brothers: Robert Towne, David Fincher, James Cameron, Cameron Crowe, Steven Spielberg, Terrance Malick et Edward Zwick.

Q: Quels compositeurs sont pour vous une source d’inspiration?

The Newton Brothers: Bernard Herrmann, John Barry, Jerry Goldsmith, James Horner, Thomas Newman et John Debney.

Q: Quels sont vos projets actuels?

The Newton Brothers: Nous travaillons actuellement sur des thèmes pour le prochain film de Stephen King, Gerald’s Game.

Q: Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait devenir compositeur?

The Newton Brothers : le meilleur conseil c'est de commencer par composer pour les films et d’établir des relations avec des réalisateurs, des producteurs et des éditeurs. Ce sont eux qui vous engageront et penseront à votre travail quand ils commenceront leur second, troisième et dixième projet. Il est important d’avoir ce type de relations lorsque vous débutez votre carrière. Nous avons commencé à travailler avec le réalisateur et scénariste Zack Parker depuis 2002 et travaillons avec lui depuis cette époque. Travailler sur le plus de projets possible.

Nous remercions très sincèrement The Newton Brothers (Taylor Stewart et Andy Grush) pour cette interview et pour avoir répondu à nos questions.

Un très grand merci à Ali Homek pour nous avoir apporté son aide pour cette interview.

Traduction : Earina
Credit photos : Berliner Images - Universal Pictures
Petite dédicace à Aude