Q : C’est la deuxième fois que vous tournez sous la direction de Burr Steers. Est-ce juste une coïncidence ou était-ce voulu ? Qu’avez-vous appris de ce film ?
Zac Efron : En fait, lors de la première collaboration, j’avais cette attente, je me disais que vraiment j’avais quelque chose pour moi à apprendre sur le plan dramatique, étant donné que lui avait une formation beaucoup plus classique et que pour moi, il s’agissait d’apprendre. Là, on était dans une configuration un peu plus différente. Aussitôt que j’ai lu le scénario, je lui ai envoyé un texto en lui disant que s’il était partant pour faire ce film, alors je le serais aussi. On a répondu positivement et on a commencé dans un autre état d’esprit et très vite, on est passé à un rapport d’échanges plus approfondi et plus réel ensemble.
Q : Avec ce film et un précédent, qui s’appelait Me and Orson Welles, souhaitez-vous opérer un changement profond, un virage dans votre carrière en interprétant des rôles plus dramatiques ?
Efron : Oui, je crois vraiment que pour moi, dès la lecture du scénario pour ces deux rôles, c’était en fait des choix qui n’étaient pas du tout évident pour quelqu’un comme moi. Il y avait une certaine prise de risque dans le sens que ce n’était pas des rôles dans lesquels j’étais attendu. Finalement, ce sont des rôles que j’ai adoré tous les deux. Ce sont des rôles que j’ai mis en soi en dehors de cette dimension un peu globale et j’espère que cela annonce un nouveau rapport, un nouveau type de rôle que j’aurai de nouveau l’opportunité d’incarner.
Q : Dans ce film, vous avez la possibilité de parler à des morts, de jouer avec eux. Aimeriez- vous avoir cette faculté-là ? La célébrité, comment la vivez-vous ?
Efron : Pour ce qui est de la facilité de communiquer avec les morts, je crois que je serais pas comme Charlie. Comme j’ai vécu une expérience à travers lui, j’ai pas trop envie de remettre cela. Cela me fait plutôt peur. Pour ce que vous appelez la célébrité, je dois vous dire que cela m’est aussi peu familier. J’ai un peu perdu la main. Il y a ce que je suis habitué à vivre aux Etats-Unis et ici en France, comme à Deauville, c’est encore plus impressionnant. J’en prends plein la figure et cela me fait un peu peur.
Q : J’aimerais savoir ce que cela vous a fait de jouer avec Kim Basinger ?
Efron : Je dois vous dire que d’emblée, j’ai été très impressionné. Je me demandais ce que cela ferait de rencontrer en chair et en os cette femme que je connaissais à travers ses films. Au début, on était un peu en chien de faïence. Chacun était dans sa roulotte. Je regardais ses films sur DVD en me demandant comment cela ferait le jour où je la rencontrerai. Un jour, elle est apparu et on s’est rencontrés. Immédiatement, il se dégage d’elle une chaleur d’un naturel, quelque chose de très simple. Le contact s’est établi très vite. Très vite aussi, on s’est senti à l’aise. Je ne pourrai pas dire quelle était la nature de cette relation, qu’elle soit mère fils comme dans le film, mais il y a eu une aisance et une complicité immédiate et cela a été un très grand bonheur de travailler avec une actrice aussi phénoménale qu’elle.
Q : La complicité des acteurs qui jouent dans le film, comme le jeune acteur qui joue votre frère, est assez réussie. J’aimerais savoir si vous avez répété pas mal ensemble pour avoir cette alchimie ?
Efron : On n’a pas eu à se donner beaucoup de mal et à répéter. C’est quelque chose qui est venu très spontanément. C’est en fait un gamin qui est assez extraordinaire, c’est venu comme cela. Je ne crois pas que cela vienne de sa formation ou de quelque chose qu’il ait appris et acquis à travers un apprentissage dramatique. C’est ce qu’il dégage naturellement. C’est un enfant extraordinaire, qui a une force de caractère, une vitalité, quelque chose, une intelligence qui fait qu’il n’a besoin que d’être lui-même. Cette curiosité-là faisait que j’avais envie de passer du temps avec lui, d’apprendre à le connaître et c’est venu très naturellement dans le vif du sujet et cela s’est fait de façon très spontanée. Je crois qu’il a vraiment une grande carrière devant lui. C’est la personne à laquelle je me suis le plus attaché sur le tournage, peut-être plus qu’avec les adultes avec lesquels j’ai travaillé. Il a pu s’établir une vraie relation de fond avec ce jeune acteur.
Q : En passant par la trilogie « High school musical », 17 ans encore, et ce film, j’ai l’impression que vous êtes l’icône de la jeunesse américaine, et même mondiale au vu des réactions ici à Deauville. Quelles sont les difficultés d’être toujours comme cela ?
Efron : Merci pour cette question. Je suppose que, si vous m’accordez un tel statut ici, si tant est que je l’ai obtenu, je l’ai obtenu grâce à un travail et donc j’essaye de me focaliser sur ce travail qui me reste à faire, sur les aspirations qui ont été les miennes, sur mon mode de vie actuel. Il ne s’agit pas de se mettre soi-même la pression d’une responsabilité quelconque ou d’un rôle à tenir, il s’agit de se concentrer sur son travail. C’est ce que j’essaye de faire.
Q : Pouvez-vous me parler de votre condition physique ? Avez-vous déjà fait de la navigation ou avez-vous subi une formation aussi importante pour faire ce que vous faites dans ce film ?
Efron : Je dois dire que c’est une entrée en la matière à chaque fois que j’entreprends un tournage. Je veux d’abord m’assurer que je suis en bonne condition physique. Quelques semaines auparavant, je m’entraine et je me mets en bonne condition, car je ne sais jamais ce que l’on va me demander, si par exemple, je dois jouer au basket, naviguer. En tout cas, il se peut toujours que mon corps soit sollicité, et je crois que le meilleur moyen pour moi d’arriver dans une bonne forme, pas seulement physique mais aussi mentalement, c’est de me sentir en confiance, car pour moi le cinéma repose sur une confiance en soi conséquente. Pour moi, arriver en confiance, c’est arriver dans une bonne forme physique, donc c’est quelque chose de préalable à quoi je me prépare toujours. Pour ce film de façon plus spécifique, il s’agissait d’apprendre à naviguer. J’ai eu une formation assez intensive trois semaines auparavant. C’est très important pour moi de ne pas être que crédible et d’avoir l’air de quelqu’un qui sait naviguer, mais d’apprendre réellement. Ce fut donc le cas et j’ai appris à faire des sorties en mer et je crois que maintenant, je suis assez bon navigateur, même si je ne prendrais pas le risque de me faire envoyer sur un bateau ici, à Deauville.
Q : Pouvez-vous nous parler un peu de votre expérience avec les studios Disney ? Avez-vous été formé à chanter avant la trilogie « High school musical » ?
Efron : Il se trouve que j’ai passé cette audition dans laquelle j’ai eu beaucoup de chance et qui s’est très bien passé. Je ne peux pas dire que j’ai appris à faire partie de Disney, ce n’est pas l’esprit, ce n’est pas en soi de rentrer chez Disney. Il s’agit plus d’apprendre un travail et de se mettre au boulot. J’ai toujours chanté. Je chante depuis que je me souviens être petit, dès la première fois où j’ai entendu une musique à la radio. J’ai toujours chanté, mais après, il a fallu apprendre et c’est vraiment un entraînement et j’ai été formé au chant. Mais je crois que ce que l’on voit dans ces comédies musicales, c’est en fait ce que j’étais moi-même, c'est-à-dire un gamin qui était habité par la passion de la scène et du théâtre et de chanter, de danser. C’était cette espèce de virus de Broadway, que j’avais et qui ne m’a guère quitté. C’est cela qui a fait sans doute que l’on m’a choisi, mais après, la voix ça n’a rien à voir entre la voix que vous avez quand vous chantez sous la douche et la voix que vous avez gravé sur un cd, ça n’a pas grand-chose à voir. Si Frank Sinatra l’a dit, je dois me plier à la même discipline, c’est qu’une voix est un instrument qui doit se travailler chaque jour. Je n’ai plus travaillé cet instrument depuis un certain temps. Tant que je chantais, je me pliais à cette discipline.
Q : Comme vous aimez les challenges, avez-vous la volonté un jour de réaliser votre propre film ?
Efron : Pour ce qui est de la réalisation, oui, comme tous les acteurs, c’est une réflexion que je me fais. Cela doit être la folle ambition de la jeunesse, de temps en temps comme cela je me surprend à voir le réalisateur planter sa caméra à certains endroits et lui demander s’il ne fallait pas la planter à un autre endroit. Pour le moment, je reste modeste, je me dis que je suis encore jeune et que je n’ai pas encore l’expérience et la compétence nécessaires et que cela viendra peut-être dans dix ans, peut-être plus tard encore. Je caresse ce projet effectivement.