
Le 15 décembre 2025, Paris a une nouvelle fois pleinement assumé son rôle de capitale mondiale de la culture pop lorsque l'emblématique cinéma Le Grand Rex a accueilli la première mondiale de la saison 5 d'Emily In Paris, un événement auquel notre média a assisté et qui semblait aussi soigneusement mis en scène qu'un épisode de la série elle-même. Le choix du lieu n'était pas un hasard : Le Grand Rex, avec sa grandeur Art déco et ses liens de longue date avec le cinéma, offrait le cadre idéal pour une série qui a toujours misé sur une esthétique raffinée et une mythologie urbaine romantique. Dès l'entrée dans le cinéma, l'ambiance était indéniablement festive, les fans, la presse et les professionnels du secteur s'étant rassemblés pour regarder les deux premiers épisodes de la nouvelle saison avant sa sortie officielle sur Netflix le 18 décembre 2025. Sur scène et sur le tapis rouge, la présence du créateur Darren Star, du co-PDG de Netflix Ted Sarandos et d'une grande partie du casting, dont Lily Collins, Philippine Leroy-Beaulieu, Ashley Park, Lucas Bravo et Lucien Laviscount, a renforcé le sentiment qu'Emily in Paris n'est plus seulement une série, mais une marque mondiale et un produit culturel d'exportation que Netflix continue de cultiver avec un soin presque cérémonieux.

La saison 5 arrive à un moment charnière pour la série qui, depuis ses débuts en 2020, est passée du statut de comédie romantique controversée à celui de l'un des moteurs les plus puissants du soft power de Netflix. Dès le début, Emily in Paris a présenté une vision hyper stylisée de la capitale française, un Paris fait de terrasses ensoleillées, d'élégance naturelle et de commodité narrative — une version de la ville que de nombreux Parisiens ont critiquée, mais que le public international a accueillie avec enthousiasme. Cet enthousiasme s'est rapidement traduit en chiffres concrets, Netflix confirmant que la première saison avait été regardée par 58 millions de foyers en un mois, un chiffre qui a fermement positionné la série parmi les plus grands succès de la plateforme. Au fil du temps, l'impact s'est étendu bien au-delà des mesures d'audience. Selon une enquête du Centre national du cinéma et de l'image animée, 38 % des touristes visitant Paris ont cité Emily in Paris comme un facteur dans leur décision, une statistique frappante qui illustre comment la fiction a remodelé les habitudes de voyage dans le monde réel. Le phénomène du « set-jetting » est devenu tangible autour de sites emblématiques tels que la place de l'Estrapade et la désormais célèbre Boulangerie Moderne, dont les propriétaires ont dû rappeler à plusieurs reprises aux visiteurs qu'il s'agit avant tout d'une boulangerie de quartier et non d'un décor de cinéma permanent.

Ce qui distingue la saison 5, c'est l'élargissement de la portée géographique et émotionnelle de la série sans pour autant abandonner ses racines parisiennes. La saison s'ouvre à Rome, où Emily dirige désormais l'Agence Grateau Rome, avant de la ramener progressivement à Paris, puis à Venise, une structure qui reflète le parcours intérieur du personnage. Selon Lily Collins, cette saison reflète une Emily plus mûre et plus terre-à-terre, qui choisit activement Paris comme lieu de vie plutôt que comme simple lieu de passage. Ce choix narratif fait écho à la tension de longue date dans la série entre fuite et appartenance, et redéfinit subtilement Paris non seulement comme une destination de rêve, mais aussi comme un lieu de stabilité professionnelle et émotionnelle. Visuellement, le contraste entre la chaleur de Rome, l'irréalité onirique de Venise et les lignes plus nettes de Paris devient un outil narratif en soi, renforçant l'idée que l'évolution d'Emily est inextricablement liée aux villes qu'elle habite.

Cette évolution n'était nulle part plus visible que sur le tapis rouge du Grand Rex, où la mode servait une fois de plus de prolongement au personnage. Lily Collins, stylée par Andrew Mukamal, a foulé le tapis rouge dans une robe en velours Armani Privé issue de la collection Couture Automne 2025, un look qui aurait très bien pu être tiré directement de la garde-robe de la série. Ce choix semblait symbolique : classique, maîtrisé et confiant, il faisait écho à la transformation d'Emily dans la saison 5. Autour d'elle, les autres membres de la distribution reprenaient le même thème parisien raffiné. Ashley Park a embrassé le maximalisme caractéristique de Mindy Chen dans une robe Dolce & Gabbana rouge audacieuse, tandis que Philippine Leroy-Beaulieu incarnait l'autorité intemporelle de Sylvie Grateau dans une robe en dentelle noire transparente alliant sensualité et retenue. L'arrivée de Minnie Driver, qui fait son entrée cette saison dans le rôle de la princesse Jane, a ajouté une autre touche d'histoire de la mode à la soirée, puisqu'elle a rendu hommage à Giorgio Armani dans une robe à paillettes d'archive issue de la collection automne 1998 du créateur, un geste qui faisait subtilement écho au dialogue croissant de la série avec le cinéma et la couture européens classiques.

Au-delà du glamour, la saison 5 continue d'alimenter les débats qui ont suivi Emily in Paris depuis le premier jour. Le Paris dépeint à l'écran reste visiblement propre, fluide et sans friction, une ville où les trajets sont faciles, les logements spacieux et la vie quotidienne exempte de la congestion familière aux résidents réels. Ce décalage n'est plus ignoré, mais presque ouvertement reconnu par le public, en particulier les jeunes Parisiens sur les réseaux sociaux qui se plaisent à comparer le Paris d'Emily à leur propre réalité, faite de métros bondés et de loyers exorbitants. Pourtant, malgré, ou peut-être grâce à cette exagération, la série s'est révélée remarquablement efficace en tant qu'ambassadrice culturelle. En mettant en avant la mode, la gastronomie et un art de vivre stylisé, elle façonne la perception internationale de la France d'une manière que les campagnes touristiques traditionnelles parviennent rarement à égaler. Même Emmanuel Macron a publiquement reconnu l'impact positif de la série sur l'image de la France, soulignant à quel point Emily in Paris a profondément imprégné le discours culturel.

Alors que les lumières s'éteignaient au Grand Rex et que les premières images de la saison 5 apparaissaient sur l'écran géant, une chose semblait claire : après cinq saisons, Emily in Paris a maîtrisé l'art de se réinventer sans trahir son caractère. La série reste résolument glamour, parfois caricaturale et résolument fictive, mais elle continue de susciter des réactions économiques, culturelles et émotionnelles très réelles. La saison 5 n'abandonne pas le fantasme, elle le raffine, le pousse au-delà des limites et l'ancrage plus fermement dans les questions d'identité et de choix. Que vous l'aimiez ou la détestiez, Emily in Paris prouve une fois de plus que peu de séries aujourd'hui comprennent aussi bien comment transformer une ville en un personnage, une marque et une invitation mondiale à la fois.
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Synopsis :
Désormais à la tête de l'Agence Grateau Rome, Emily doit relever des défis professionnels et sentimentaux tout en s'adaptant à sa nouvelle vie dans une nouvelle ville. Mais alors que tout semble se mettre en place, une idée professionnelle se retourne contre elle, entraînant une série de revers professionnels et sentimentaux. En quête de stabilité, Emily se tourne vers son mode de vie français, jusqu'à ce qu'un lourd secret menace l'une de ses relations les plus proches. En abordant les conflits avec honnêteté, Emily en ressort avec des liens plus profonds, une clarté renouvelée et une volonté d'embrasser de nouvelles possibilités.
Emily in Paris
Créé par Darren Star
Avec Lily Collins, Philippine Leroy-Beaulieu, Ashley Park, Lucas Bravo, Samuel Arnold, Bruno Gouery, Camille Razat, William Abadie, Lucien Laviscount
Compositeur de la musique du générique : James Newton Howard
Compositeurs : Chris Alan Lee, Gabriel Mann
Producteurs exécutifs : Andrew Fleming, Tony Hernandez, Lilly Burns, Darren Star, Robin Schiff, Alison Brown
Producteurs : Stephen Joel Brown, Shihan Fey, Jake Fuller, Lily Collins, Raphaël Benoliel, Joe Murphy, Ryan McCormick, Joshua Levy et Prathi Srinivasan
Directeurs de la photographie : Steven Fierberg, Alexander Gruszynski, Stéphane Bourgoin, Seamus Tierney, Jendra Jarnagin
Monteurs : Alex Minnick, Laura Weinberg, Jesse Gordon, John Rafanelli, Brian Ray, Veronica Rutledge, Jon Higgins, Rachel Ambelang, Elizabeth Merrick, Dylan Eckman
Sociétés de production : Darren Star Productions, Jax Media, MTV Entertainment Studios
Réseau : Netflix
Sortie : 2 octobre 2020 – aujourd'hui
Durée : 24 à 46 minutes
Photos (Le Grand Rex – sur scène) et vidéo : Boris Colletier / Mulderville
Photos (tapis rouge – devant Le Grand Rex) : @fannyrlphotography / Mulderville