
Dans le cadre de l'édition 2025 du Festival international du film fantastique de Paris, notre média était présent aujourd'hui au Max Linder Panorama pour la première française d'Orfeo, le premier long métrage du réalisateur italien Virgilio Villoresi. Ce fut un moment spécial dans le programme du festival, élégant, étrange et profondément sensoriel, fidèle à l'ADN du PIFFF, qui aime bousculer les codes et célébrer le cinéma fantastique au sens large, libre et audacieux. La projection avait une saveur particulière, rehaussée par la présence de l'actrice principale Giulia Maenza, venue présenter le film au public parisien avant de participer à une longue séance de questions-réponses chaleureuse et passionnée après la projection, où l'on pouvait ressentir à la fois l'émotion et la fierté de défendre une œuvre aussi unique. Dans la salle, le silence presque religieux qui s'est installé dès les premières minutes témoignait déjà de la puissance visuelle du film, et les discussions qui ont suivi ont confirmé qu'Orfeo ne laisse personne indifférent : il est expérimenté, ressenti et vécu, plutôt que compris au sens classique du terme, ce qui en fait précisément le sujet idéal pour un festival comme le PIFFF.
Le parcours professionnel de Giulia Maenza ajoute une touche supplémentaire de fascination à ce projet, car son parcours est atypique et révèle une relation très instinctive avec l'image. Née en Sicile, elle a grandi entourée de ses deux frères aînés, Davide Maenza et Marco Maenza, avant d'être repérée presque par hasard dans un stade par un ancien mannequin. C'est là que sa carrière dans la mode a décollé : elle a rapidement commencé à défiler pour Versace, Dolce & Gabbana, Ermanno Scervino, Moschino, DSquared2, Giambattista Valli, Elie Saab, Armani Privé, Christopher Kane, Max Mara, Blumarine, Miu Miu, Azzedine Alaïa et Oscar de la Renta, tout en devenant l'un des visages les plus recherchés des campagnes publicitaires de Bvlgari, Chopard, René Caovilla, Topshop, Dolce & Gabbana et Express, et en apparaissant dans de grands magazines tels que Vogue Italia, Vogue Paris, Vogue Japon, Vogue Allemagne, Marie Claire et Vanity Fair France. La voir aujourd'hui incarner Eura dans Orfeo, avec une retenue presque spectrale, confirme que sa relation avec le corps, le regard et la présence visuelle trouve ici une extension naturelle, presque évidente.

Remarqué lors de sa présentation hors compétition au Festival du film de Venise, Orfeo impressionne avant tout par la rigueur et la sensualité de sa mise en scène, chaque plan semblant être conçu comme un tableau autonome, parfois enrichi de séquences en stop-motion aux accents baroques et oniriques, évoquant tantôt la précision plastique et la charge érotique troublée du cinéma du duo Hélène Cattet et Bruno Forzani, sans jamais tomber dans la simple citation. Réalisé par Virgilio Villoresi, écrit par Virgilio Villoresi et Alberto Fornari, et produit par Alessandro Del Vigna, Chiara Ghidelli, Greta Rossi, Alessandra Rosso, Giulio Sangiorgio et Enrico Maria Vernaglione, le film se distingue comme une œuvre profondément artisanale, tournée en 16 mm, qui privilégie les effets pratiques, les maquettes, les effets optiques et l'expérimentation à la caméra plutôt que toute forme de lissage numérique. Librement inspiré du Poema a fumetti de Dino Buzzati, souvent considéré comme l'un des premiers romans graphiques italiens, Orfeo revisite le mythe d'Orphée et d'Eurydice à travers un récit délibérément fragmenté, dans lequel un pianiste solitaire, interprété par Luca Vergoni, tombe dans un au-delà labyrinthique à la recherche de sa bien-aimée, guidé par la musique, les souvenirs et des figures presque mythologiques incarnées notamment par Vinicio Marchioni et Aomi Muyock.
Au-delà de sa beauté picturale, Virgilio Villoresi rejette délibérément toute narration explicative, préférant une logique onirique où le sens se construit dans les interstices, dans la répétition des motifs, dans la sensation pure – une approche qui peut déconcerter, mais qui récompense largement les spectateurs prêts à se laisser emporter. La photographie de Marco de Pasquale, le montage de Virgilio Villoresi lui-même et la musique d'Angelo Trabace contribuent à cette expérience presque hypnotique, où le film devient moins un récit qu'un espace mental à explorer. En 74 minutes, Orfeo affirme une identité forte et cohérente, confirmant Virgilio Villoresi comme un cinéaste pour qui le cinéma est avant tout un art sensoriel et poétique, capable de dialoguer avec les mythes anciens tout en parlant des désirs, des pertes et de la création artistique d'une manière résolument contemporaine. Cette première française au PIFFF restera l'un de ces rares moments où l'on sent qu'un film, par son radicalisme et sa sincérité, trouve naturellement sa place dans un festival qui continue de défendre des visions, des images et des émotions fantastiques, loin des sentiers battus, et qui reste longtemps présent dans l'esprit du spectateur après avoir quitté la salle.

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Synopsis :
Un pianiste tombe amoureux d'une femme mystérieuse qui disparaît dans un royaume surnaturel. La suivant à travers une porte, il rencontre des êtres fantastiques et doit naviguer dans un au-delà onirique pour la retrouver, guidé par la musique et ses souvenirs.
Orfeo
Réalisé par Virgilio Villoresi
Écrit par Virgilio Villoresi, Alberto Fornari
Produit par Alessandro Del Vigna, Chiara Ghidelli, Greta Rossi, Alessandra Rosso, Giulio Sangiorgio, Enrico Maria Vernaglione
Avec Luca Vergoni, Giulia Maenza, Vinicio Marchioni, Aomi Muyock
Directeur de la photographie : Marco de Pasquale
Montage : Virgilio Villoresi
Musique : Angelo Trabace
Sociétés de production : Fantasmagoria
Distribution : NC
Dates de sortie : NC
Durée : 74 minutes
Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville