
Le PIFFF 2025 a débuté hier soir avec l'élan incomparable d'un festival qui, au fil des ans, a transformé une simple passion en un véritable rituel collectif. À l'arrivée au Max Linder Panorama, cette Mecque du cinéma de genre parisien que les festivaliers considèrent comme leur deuxième maison, l'atmosphère était à la fois solennelle et électrique, comme une promesse silencieuse que la fantaisie – la vraie, celle qui surprend, dérange, émeut et éveille l'imagination – allait reprendre la place qui lui revient pendant toute une semaine. Pour notre média, qui suit ce festival depuis sa création, redécouvrir cette atmosphère familière était comme renouer avec une tribu toujours plus nombreuse. L'ouverture a été marquée par les discours d'Anne Ouvrard et de Cyril Despontin, suivis d'une présentation enthousiaste de Xavier Colon, qui a présenté le film d'ouverture, Sisu : Road to Revenge. Impossible de ne pas souligner le rôle essentiel joué par l'agence Miam, dont l'efficacité et la disponibilité apportent un soutien inestimable à la presse à chaque édition ; une collaboration qui fait partie intégrante du plaisir de couvrir le PIFFF.
La 14e édition du PIFFF a choisi de lancer les festivités avec Sisu: Road to Revenge, réalisé par Jalmari Helander, et il faut dire que ce choix a résonné comme une puissante déclaration d'intention. Dans cette suite très attendue, Jorma Tommila reprend son personnage légendaire Aatami Korpi, un survivant animé par le sens du devoir et une brutalité presque primitive, chargé cette fois-ci de reconstruire, littéralement et symboliquement, les ruines de sa vie. Mais l'ombre de son adversaire, incarné par Richard Brake, soutenu dans cette suite par Stephen Lang, revient le hanter avec une détermination sanglante. Produit par Petri Jokiranta et Mike Goodridge, supervisé chez Sony par Eric Charles, le film a été tourné presque entièrement en Estonie et s'inspire autant de l'héroïsme brutal du premier volet que de l'imagination pulp des références revendiquées par le réalisateur, d'Indiana Jones à Buster Keaton. Les anecdotes entourant la gestation du film – notamment l'idée du scénario qui est venue à Jalmari Helander alors qu'il rénovait son appartement – ajoutent une touche intime à ce projet titanesque, qui est devenu l'un des plus coûteux de l'histoire du cinéma finlandais. Sa projection au Max Linder, avec son écran géant et ses basses qui résonnent jusque dans les sièges, a rappelé que certains films ne prennent tout leur sens que lorsqu'ils deviennent des expériences physiques.

Cette volonté de reconnecter le public à l'expérience collective du cinéma traverse l'ensemble du programme 2025, élaboré avec une rigueur admirable : seuls vingt longs métrages ont été sélectionnés parmi plus de quatre cents candidatures. Le festival affirme ainsi son credo : la rareté plutôt que la redondance, l'exigence plutôt que la complaisance, la primauté d'une vision passionnée sur la logique industrielle. Cette approche est déjà évidente dans la diversité des œuvres sélectionnées. Cette année, l'éventail est vaste : de la comédie J-Horror déjantée Mag Mag de Yuriyan Retriever, première production de K2 Pictures, fondée par Hirokazu Kore-eda, Takashi Miike et Shunji Iwai, à la science-fiction musclée qui rappelle les débuts de James Cameron avec Redux Redux de Kevin McManus et Matthew McManus. Il y a également de la place pour des émotions plus sombres, comme dans Crazy Old Lady de Martín Mauregui, produit par J.A. Bayona et porté par une performance époustouflante de Carmen Maura, qui revisite les thèmes de la vieillesse et de la mémoire avec une intensité rare. À l'inverse, des œuvres telles que Appofeniacs de Chris Marrs Piliero, chargées de deepfakes, de gore pop et d'un humour aussi corrosif qu'inattendu, nous rappellent que le PIFFF aime autant surprendre que déranger.
Le festival n'oublie pas non plus les univers artisanaux et visionnaires, comme Junk World de Takahide Hori, suite miniature et monumentale du film culte Junk Head, ou The Holy Boy de Paolo Strippoli, qui combine folklore italien et fantaisie spirituelle dans une œuvre qui promet d'être profondément émouvante. Les mondes oniriques d'Orfeo de Virgilio Villoresi et l'ambition gothique, féministe et politique de Mārama de Taratoa Stappard complètent cette programmation déjà impressionnante. Et pour les amateurs de chaos jubilatoire, le retour de la franchise culte avec Deathgasm 2: Goremageddon de Jason Howden promet une vague de métal, de gore et de puissance cathartique, rendue possible grâce au soutien indéfectible des fans.

Hors compétition, la sélection est tout aussi riche. Dolly de Rod Blackhurst, mené par un Seann William Scott complètement transformé, promet d'être une réinterprétation cauchemardesque de l'imaginaire texan. Silence d'Eduardo Casanova, initialement conçu comme une série avant d'être retravaillé en un long métrage de 57 minutes, promet une expérience hypnotique saturée de couleurs et d'audace visuelle. Dollhouse de Shinobu Yaguchi, Taroman Expo Explosion de Ryo Fujii et The Last Viking d'Anders Thomas Jensen avec Mads Mikkelsen témoignent de la vitalité du cinéma de genre contemporain et de la diversité des approches qu'il peut offrir. Les projections parallèles explorent des territoires cultes et transgressifs : l'énergie explosive de The Forbidden City de Gabriele Mainetti, la folie délirante de Flush de Grégory Morin, soutenu par Jonathan Lambert, et l'excès délibérément provocateur de Fuck My Son! de Todd Rohal, mettant en vedette les brillants effets spéciaux du maître Robert Kurtzman. À cela s'ajoutent des redécouvertes majeures telles que Vampire Hunter D: Bloodlust de Yoshiaki Kawajiri, Kissed de Lynne Stopkewich, Save the Green Planet! de Jang Joon-hwan, Mort de rire d'Álex de la Iglesia, The Beyond de Lucio Fulci présenté par Nicolas Boukhrief, et le puissant Apocalypto de Mel Gibson, rarement projeté dans de telles conditions.
Comme chaque année, le PIFFF se distingue également par son engagement en faveur des talents émergents. Les compétitions de courts métrages français et internationaux restent des espaces d'expérimentation, révélant souvent les futures stars du genre. En quelques minutes seulement, ces films condensent l'essence même de la fantaisie : émerveillement, transformation, peur viscérale et poésie brutale. À cela s'ajoute le Grand Prix Climax, qui récompense les scénarios français originaux. Le jury, composé de Delphine Chanéac, Nathalie Jeung, Diane Doniol-Valcroze, Thomas Salvador et Olivier Babinet, souligne l'importance de soutenir les imaginaires audacieux, en particulier dans un paysage cinématographique où les récits de genre doivent encore rivaliser avec les formats industriels.

Le festival se clôturera le 16 décembre avec Scarlet and Eternity, la nouvelle œuvre de Mamoru Hosoda, qui promet d'être une exploration profondément émouvante de la vengeance, du pardon et de la renaissance. Une conclusion qui correspond parfaitement à l'esprit du PIFFF : une célébration du pouvoir cathartique du cinéma et de sa capacité à rassembler des inconnus autour d'une émotion partagée. Pendant une semaine, le Max Linder Panorama devient un sanctuaire de lumière et d'ombre, un lieu où chaque film est une aventure, chaque salle un refuge et chaque spectateur un membre d'une communauté unie par le désir d'être ému.
Le PIFFF 2025 ne se contente pas de programmer des films : il raconte une histoire, celle d'un festival façonné par des passionnés, fidèle à son identité et toujours prêt à accueillir ceux qui sont en quête de nouvelles visions. Comme le répète si souvent l'équipe : « Nous vous acceptons, vous êtes des nôtres. » Et tandis que vous arpentez les couloirs du Max Linder, échangez des sourires dans la file d'attente et quittez les salles les yeux encore brûlants d'images, vous réalisez que cette phrase n'a jamais été aussi vraie.
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Synopsis :
1946. Aatami Korpi retourne en Carélie, un territoire occupé par les Soviétiques, où sa famille a été brutalement assassinée pendant la guerre. En leur honneur, il démantèle la maison familiale et la charge dans un camion, déterminé à la reconstruire dans un endroit sûr. Lorsque l'Armée rouge est informée de sa présence, Igor Draganov, l'assassin de sa famille, fera tout ce qui est en son pouvoir pour l'éliminer et tuer l'ancien soldat légendaire. Mais Aatami n'est pas surnommé « l'homme qui refuse de mourir » pour rien...
Sisu - le chemin de la vengeance (Sisu: Road to Revenge)
Écrit et réalisé par Jalmari Helander
Produit par Petri Jokiranta, Mike Goodridge
Avec Jorma Tommila, Richard Brake, Stephen Lang
Photographie : Mika Orasmaa
Montage : Juho Virolainen
Musique : Juri Seppä, Tuomas Wäinölä
Sociétés de production : Stage 6 Films, Subzero Film Entertainment, Good Chaos
Distribué par SF Film Finland (Finlande), Screen Gems (via Sony Pictures Releasing ; dans le monde entier)
Dates de sortie : 21 septembre 2025 (Fantastic Fest), 21 novembre 2025 (États-Unis), 23 décembre 2025 (France)
Durée : 89 minutes
Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville