Sorties - Lady Diana Spencer : la robe de la revanche arrive au musée Grévin, entre icône pop et fantôme parisien

Par Mulder, Paris, musée Grévin, 20 novembre 2025

Le 20 novembre 2025, près de vingt-huit ans après sa mort à Paris, le musée Grévin a enfin dévoilé sa statue de cire représentant Diana Frances Spencer, plus connue sous le nom de Lady Diana, princesse de Galles. Le choix de la date et du costume ne pouvait être plus symbolique. La statue représente Diana Frances Spencer dans la légendaire « robe de la vengeance », la robe courte noire à épaules dénudées de Christina Stambolian qu'elle portait lors d'une soirée caritative à la Serpentine Gallery de Londres le 29 juin 1994, le soir même où Charles III (alors prince de Galles) a publiquement admis son infidélité à la télévision britannique. Plutôt qu'un fantasme nuptial ou une visite humanitaire, Grévin a choisi le moment précis où une femme a transformé une humiliation conjugale en un acte de réaffirmation de soi, et ce look instantanément emblématique – épaules nues, collier ras-du-cou, démarche assurée – est devenu un manifeste visuel de résilience, cité à l'infini dans les magazines, les documentaires et les réseaux sociaux du monde entier.

Le chemin qui a mené Diana Frances Spencer au musée parisien a été long et hésitant, ce qui rend son arrivée encore plus significative. Grévin avait envisagé de la représenter avant 1997, mais l'accident mortel du pont de l'Alma a gelé le projet par respect, l'équipe craignant une réception morbide ou voyeuriste. C'est un voyage à Londres du PDG de Grévin, Yves Delhommeau, et le choc de voir une figurine de Diana cachée sous un arbre chez Madame Tussauds, qui l'ont convaincu que Paris pouvait et devait lui offrir un cadre plus central et plus digne sous le dôme de la mode du boulevard Montmartre. Elle se tient désormais aux côtés d'autres figures de la mode et de la culture telles que Jean Paul Gaultier, Marie-Antoinette, Chantal Thomass, Aya Nakamura et Lena Situations, tandis que Charles III et Elizabeth II restent dans la zone plus institutionnelle réservée aux chefs d'État, un choix curatorial subtil qui place clairement Diana Frances Spencer du côté de la culture pop et de l'émancipation personnelle plutôt que du protocole royal pur.

Sculptée par Laurent Mallamaci et réalisée par les ateliers du musée, la statue de cire est construite presque comme un arrêt sur image de cette soirée à la Serpentine : la robe noire asymétrique qui épouse le corps, le collier ras-du-cou en perles avec sa pierre sombre, la petite pochette pressée contre la hanche et ce regard trois quarts indéniable qui mêle espièglerie, détermination et une pointe de défi. La « robe de la vengeance » a été racontée et reprise tant de fois qu'elle est devenue une séquence cinématographique à part entière : Diana Frances Spencer, déjà séparée, arrivant légèrement en retard au gala, sachant que les caméras l'attendent, et répondant silencieusement à une confession télévisée par une silhouette plutôt que par un discours. L'expression « Nous étions trois dans ce mariage, donc c'était un peu encombré », prononcée un an plus tard dans l'interview Panorama de la BBC, résonne désormais silencieusement sur la silhouette, comme si Grévin avait choisi de fusionner ces deux événements marquants – la robe et la confession – en une seule image cristallisée d'une femme qui revendique son histoire devant un monde qui pensait déjà tout savoir d'elle.

S'arrêter au style reviendrait toutefois à trahir ce que Diana Frances Spencer représente, et les textes du musée veillent à ancrer ce regard dans une biographie plus riche : la jeune fille timide née en 1961 à Sandringham, la jeune assistante maternelle propulsée à vingt ans dans un mariage royal suivi par des centaines de millions de personnes, la mère du prince William et du prince Harry qui insistait pour embrasser les patients, visiter les refuges pour sans-abri et marcher dans les champs de mines en Angola pour apporter des caméras là où la politique préférait ne pas regarder. Son travail auprès des patients atteints du sida dans les années 1980, ses gestes publics envers les personnes atteintes de la lèpre ou du cancer, et son combat contre les mines antipersonnel sont rappelés comme la véritable colonne vertébrale derrière les photographies glamour, expliquant pourquoi son image circule encore si intensément sur TikTok et Instagram longtemps après la fin des années 1990. Dans cette optique, l'installer à Paris, la ville qui l'a pleurée si massivement en 1997, n'est pas seulement une attraction touristique, mais une sorte de correction narrative : au lieu d'être à jamais associée à un tunnel et à un accident, Diana Frances Spencer existe désormais ici aussi comme une figure debout, posée et puissante sous les lumières vives d'un musée.

L'inauguration a ajouté une dimension littéraire à ce nouveau chapitre grâce à l'auteure Christine Orban, membre de l'Académie Grévin, qui vient de publier Mademoiselle Spencer chez Albin Michel, un roman qui se glisse dans l'esprit de Diana Frances Spencer, depuis l'abandon par sa mère dans son enfance jusqu'à ses confessions à la BBC, présentant son parcours comme une libération par la vérité plutôt que par les titres royaux. En lisant des extraits devant la statue, Christine Orban a subtilement rappelé au public que derrière la célèbre robe noire se cachait une enfant, une adolescente et une femme qui tentait de reprendre le contrôle de son histoire dans un système qui l'écrivait constamment à sa place. En fin de compte, cette nouvelle figure de cire fonctionne parce qu'elle condense toutes ces dimensions – mode, traumatisme, activisme, mythe – en une seule image immédiatement lisible. Les visiteurs viennent pour la « robe de la revanche », ils restent pour le sentiment que Paris offre enfin à Diana Frances Spencer une autre fin : non pas dans le flash aveuglant des paparazzi dans un tunnel, mais dans la lumière constante d'un dôme où elle se tient, éternellement, selon ses propres termes.

Photos : Copyright Virginie Ribaut / Musée Grévin