
Du 6 au 10 novembre 2025, la Cinémathèque française vibrera de la présence incontournable de Sigourney Weaver, une artiste dont la carrière a façonné l'imaginaire de plusieurs générations et redéfini les limites de l'héroïsme cinématographique. Ce qui rend cet événement immédiatement captivant, c'est la façon dont il reconnecte le public au moment même où tout a changé, non seulement pour l'actrice, mais aussi pour le cinéma lui-même. Avant que Sigourney Weaver ne devienne synonyme d'Ellen Ripley, avant qu'elle ne devienne une icône mondiale, elle n'était qu'une jeune comédienne qui n'avait fait qu'une brève apparition dans Annie Hall. Pourtant, en 1979, Ridley Scott lui a confié le rôle qui allait la transformer en l'incarnation d'un nouveau type de héros révolutionnaire. L'hommage et la masterclass organisés par la Cinémathèque constituent ainsi un voyage dans le passé qui met en lumière à la fois l'évolution d'une actrice et la naissance d'un mythe moderne. Les documents de presse soulignent une vérité simple mais essentielle : en une seule performance, Sigourney Weaver a bouleversé le paysage du cinéma d'action en matière de genre, s'imposant comme une figure à la fois vulnérable et résolue, redéfinissant ainsi la notion de force à l'écran. Cette rétrospective et cette masterclass sont à la fois une célébration et un retour aux sources, rendant hommage à 40 ans de collaborations extraordinaires – de James Cameron à Paul Schrader – et à un parcours artistique qui continue de s'étoffer avec une élégance remarquable.

Le temps fort de ce programme est bien sûr la projection d'Alien le vendredi 7 novembre 2025 à 18h30 dans la salle Henri Langlois, précédant la conversation « Sigourney Weaver par Sigourney Weaver » animée par Frédéric Bonnaud. Revisiter Alien à la Cinémathèque, ce n'est pas simplement redécouvrir un film, c'est replonger dans un univers cinématographique dont l'impact reste sismique. Né de l'imagination du scénariste Dan O'Bannon, façonné par l'œil méticuleux de Ridley Scott et doté d'une texture viscérale et inoubliable grâce aux cauchemars biomécaniques de H.R. Giger, Alien est l'un des rares films à avoir définitivement modifié l'ADN de la science-fiction et de l'horreur. Il est frappant de se rappeler que ce film, aujourd'hui conservé au National Film Registry, a d'abord reçu des critiques mitigées, son audace déconcertant un public et des critiques qui n'étaient pas encore prêts pour son mélange de réalisme, d'angoisse et d'horreur corporelle. Et pourtant, les scènes nées d'un pur instinct, comme le célèbre moment où le chestburster jaillit de la poitrine, exécuté avec une joie secrète par Ridley Scott pour véritablement choquer les acteurs, sont devenues des images marquantes de l'histoire du cinéma. Les anecdotes partagées dans les communiqués de presse, telles que les acteurs s'évanouissant presque dans leurs combinaisons spatiales dépourvues d'oxygène ou Sigourney Weaver découvrant son allergie aux poils de chat pendant ses scènes avec Jones, nous rappellent à quel point la réalité physique du tournage d'Alien a contribué autant à son atmosphère que la conception du film.

Ce qui continue de fasciner, surtout à travers le prisme de cet hommage de la Cinémathèque, c'est la façon dont le personnage de Ripley, incarné par Sigourney Weaver, émerge lentement, presque silencieusement, tout au long du récit. Les critiques de l'époque, comme Gene Siskel, ont immédiatement senti son potentiel, la qualifiant d'« actrice qui devrait devenir une grande star », avant même que Ripley ne devienne un symbole international. À l'origine, le personnage n'était pas écrit comme une femme – ce que la masterclass explorera probablement en détail –, mais l'audition de Sigourney Weaver était si impressionnante que Ridley Scott, David Giler et Walter Hill ont immédiatement reconnu le pouvoir qu'elle apporterait au rôle. Les notes de presse approfondissent cette trajectoire, révélant comment sa taille, longtemps considérée comme une source d'insécurité personnelle, est devenue un élément de présence, et comment ses années de formation théâtrale, intensifiées par des moments difficiles à Yale et une série de professeurs qui doutaient de son potentiel dramatique, ont forgé la force qui a ensuite défini ses performances. L'histoire de Christopher Durang qui l'a engagée à plusieurs reprises « alors que personne d'autre ne voulait le faire » n'est pas seulement une anecdote, c'est un rappel que le chemin vers Ripley n'était ni linéaire ni inévitable. C'était le fruit de la persévérance, de la résilience et d'une croyance obstinée en la sincérité artistique.

Le programme de la Cinémathèque présente également Alien non seulement comme un film, mais aussi comme le point de convergence d'un phénomène mondial qui a influencé le cinéma, le design et la culture pop pendant près de cinq décennies. L'histoire de la production se lit aujourd'hui comme un alignement improbable de forces créatives : Ron Cobb, qui a redessiné l'esthétique industrielle pour en faire quelque chose à la fois réaliste et crédible ; Bolaji Badejo, l'étudiant en art élancé découvert dans un bar, est devenu l'une des créatures les plus emblématiques jamais filmées ; Jerry Goldsmith a composé une musique pleine de « beauté sombre », malgré des désaccords qui ont conduit à ne pas utiliser certains de ses thèmes. Même les premiers supports marketing – un œuf emprunté à des images test, le slogan légendaire « Dans l'espace, personne ne vous entend crier » – étaient des expériences qui se sont transformées en artefacts culturels. Les communiqués de presse rappellent comment le public a fui les salles lors des avant-premières, une image qui semble presque désuète à l'ère des franchises numériques, mais qui témoigne de l'efficacité brute et primitive du film. L'hommage rendu à la Cinémathèque ne se contente pas de célébrer le produit final, il célèbre tout l'écosystème de créativité, de prise de risque et de quasi-chaos qui a donné naissance à un tel chef-d'œuvre.

Mais cet événement ne concerne pas seulement Ripley ou l'alien. Il concerne également la carrière multifacette de Sigourney Weaver, qui, au fil des décennies, a refusé d'être réduite à un seul rôle. Les notes de presse retracent une trajectoire pleine d'audace : passer du champ de bataille machiavélique de Harrison Ford dans Working Girl à la profondeur tragique de Gorillas in the Mist, qui lui a valu deux Golden Globes la même année ; embrasser la comédie dans Ghostbusters ; prendre des risques avec des réalisateurs comme Ang Lee et Roman Polanski ; se lancer dans le doublage pour Pixar ; ou retourner sur Pandora avec James Cameron dans un double rôle qui défie les conventions de la narration de science-fiction. La masterclass de la Cinémathèque promet d'explorer ces changements et l'appétit créatif qui les anime. Se pose également la question de l'héritage : Ripley comme modèle pour des générations d'héroïnes d'action, son influence visible des blockbusters franchisés aux films indépendants. Cet hommage devient un moment idéal pour réfléchir à la manière dont Sigourney Weaver a influencé non seulement les personnages, mais aussi les attentes de l'industrie envers les femmes à l'écran.

En ancrant son hommage à la fois dans les origines d'Alien et dans la carrière de Sigourney Weaver, qui s'étend sur plusieurs décennies, la Cinémathèque française positionne cet événement de novembre comme plus qu'une simple rétrospective. Il devient un espace de redécouverte : celle d'une actrice, d'un film et des nombreuses façons dont les deux continuent de résonner. La masterclass animée par Frédéric Bonnaud offrira sans aucun doute de nouvelles perspectives et révélera peut-être des aspects moins connus de l'histoire créative, mais en fin de compte, ce qui reste le plus marquant, c'est l'impact émotionnel durable que procure le visionnage d'Alien avec un public, dans l'institution même dédiée à la mémoire et à l'avenir du cinéma. Voir Ellen Ripley revenir sous les feux de la rampe, cette fois-ci à travers la voix de Sigourney Weaver elle-même, nous reconnecte à l'essence même de la raison pour laquelle certains films perdurent : ils portent en eux une combinaison rare de savoir-faire, de courage et de l'étincelle incomparable d'une artiste qui a contribué à changer le paysage à jamais.
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Synopsis :
Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage de sept hommes et femmes rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minéraux. Mais lors d'un arrêt forcé sur une planète désertique, l'officier Kane est attaqué par une forme de vie inconnue, un arachnide qui lui étouffe le visage. Après que le médecin du vaisseau ait retiré le spécimen, l'équipage retrouve son calme et dîne ensemble. Jusqu'à ce que Kane, pris de convulsions, voie son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s'échappe dans les couloirs du vaisseau...
Alien
Réalisé par Ridley Scott
Scénario de Dan O'Bannon
Histoire de Dan O'Bannon, Ronald Shusett
Produit par Gordon Carroll, David Giler, Walter Hill
Avec Tom Skerritt, Sigourney Weaver, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto
Photographie : Derek Vanlint
Montage de Terry Rawlings, Peter Weatherley
Musique de Jerry Goldsmith
Sociétés de production : 20th Century-Fox, Brandywine Productions
Distribution : 20th Century Fox (États-Unis), UFD (France)
Dates de sortie : 25 mai 1979 (États-Unis), 12 septembre 2025 (France)
Durée : 116 minutes
Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville