Premiere - La femme la plus riche du monde : une première parisienne placée sous le signe de l'élégance, du pouvoir et des secrets

Par Mulder, Paris, UGC Ciné Cité Les Halles, 21 octobre 2025

La première parisienne de La Femme la plus riche du monde a eu lieu le 21 octobre 2025 à l'UGC Ciné Cité Les Halles, salle 10, en présence du réalisateur et co-scénariste Thierry Klifa, des co-scénaristes Cédric Anger et Jacques Fieschi, ainsi que des principaux acteurs, dont Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs et Raphaël Personnaz. L'atmosphère était à la fois luxueuse et animée par une vive anticipation, marquant un événement qui alliait le raffinement parisien au prestige cinématographique. Le film, qui avait déjà été salué lors de sa présentation au Festival de Cannes plus tôt dans l'année, a une nouvelle fois captivé le public par son mélange d'élégance, d'intrigue et de subtilité émotionnelle. Les invités se sont réunis non seulement pour le glamour de la soirée, mais aussi pour découvrir l'exploration profonde et moderne de Thierry Klifa sur la richesse, l'héritage et la survie émotionnelle dans un monde de silence et de privilèges.

La Femme la plus riche du monde s'inspire de l'affaire Bettencourt, mais reste une création fictive, une interprétation libre et nuancée des thèmes du pouvoir, de l'héritage et de la vulnérabilité humaine. Plutôt que de revisiter un scandale, Thierry Klifa utilise cette histoire comme une lentille à travers laquelle observer la nature humaine : les contradictions de la richesse, la fragilité de l'affection et l'ambiguïté morale qui surgit lorsque l'argent et le désir s'affrontent. Avec Cédric Anger et Jacques Fieschi, il construit un scénario qui oscille entre ironie et mélancolie, où l'humour sert d'outil pour révéler des vérités émotionnelles. Le film évite tout jugement, préférant étudier ses personnages avec précision et compassion, offrant un commentaire subtil sur la façon dont les privilèges déforment à la fois l'amour et la perception.

Au cœur de l'histoire se trouve Isabelle Huppert dans le rôle de Marianne Farrère, une femme d'une immense fortune et d'une fragilité cachée. Son interprétation allie maîtrise et retenue, donnant vie à un personnage déchiré entre le contrôle et le désir. Chaque geste, chaque silence devient le reflet de sa solitude. Les costumes conçus par Jürgen Doering et Laure Villemer servent de narrateurs silencieux, représentant les multiples couches d'autoprotection et de fierté de Marianne. Derrière l'élégance de son apparence se cache l'isolement émotionnel d'une femme qui commande tout mais ne peut commander l'amour. Isabelle Huppert incarne cette tension avec nuance, créant une héroïne à la fois magnétique et tragique, symbole d'un pouvoir dépouillé de toute intimité.

À ses côtés, Laurent Lafitte apporte une énergie magnétique dans le rôle de Pierre-Alain Fantin, un photographe dont le charme, l'audace et les provocations perturbent le monde soigneusement structuré de Marianne. Son personnage incarne le chaos qui envahit l'ordre, la rébellion qui se moque des convenances. Exubérant mais sincère, il devient à la fois catalyseur et miroir, forçant Marianne à affronter son vide émotionnel. La séquence dans la boîte de nuit, accompagnée d'une chanson interprétée par Anne Brochet et composée par Alex Beaupain, est l'un des moments les plus marquants du film. Elle représente la rencontre de deux univers – richesse et vitalité, répression et liberté – dans un moment de joie éphémère qui révèle l'humain derrière le masque.

Marina Foïs, dans le rôle de Frédérique, la fille de Marianne, offre une interprétation profondément nuancée d'une femme prisonnière de sa lignée. Elle incarne la fragilité de la richesse héritée, celle d'une femme qui maintient les apparences tout en étouffant sous leur poids. Son interprétation révèle comment le devoir, la réputation et la négligence affective s'entremêlent. Le personnage de Frédérique porte le poids de toute une histoire familiale, marquée à la fois par les privilèges et la décadence morale. Elle incarne une génération qui s'accroche à la tradition tout en aspirant à la libération, et à travers elle, le film examine la violence tacite qui existe souvent entre mères et filles – un héritage d'amour qui n'a jamais été appris.

Observateur silencieux de la famille, Raphaël Personnaz incarne le majordome, un homme défini par sa loyauté mais détruit par le monde qu'il sert. Son jeu sobre incarne la dignité au milieu de l'exploitation. Son personnage devient une lentille à travers laquelle le public voit les rouages de la classe sociale et de l'hypocrisie : la dévotion punie, l'intégrité transformée en exil. Sa relation avec le photographe flamboyant incarné par Laurent Lafitte met en évidence la frontière floue entre servitude et rébellion, montrant comment ceux qui sont en marge du pouvoir en ont souvent la compréhension la plus profonde.

L'approche visuelle de Thierry Klifa, mise en valeur par la photographie de Hichame Alaouié, crée une grandeur tranquille qui correspond parfaitement aux thèmes du film. Chaque image est élégante, mais jamais ostentatoire. Les intérieurs, conçus par Eve Martin, respirent la richesse sans excès, suggérant un monde qui cache sa décadence derrière le bon goût. L'utilisation d'écrans noirs entre les scènes ajoute du rythme et de la réflexion, structurant le récit comme des fragments de mémoire et de perception publique. Ces choix stylistiques renforcent la double nature du film, à la fois intime et universel, glamour et tragique.

La réaction du public parisien a été similaire à celle de Cannes : fascination suivie de silence. Les rires qui accompagnaient l'humour incisif de Laurent Lafitte se sont estompés à mesure que la scène finale se déroulait : Marianne, seule sur une plage, regardant à la fois rien et tout. C'était un moment d'une rare tranquillité, où l'éclat de la richesse cédait la place à un vide obsédant. Ce contraste entre pouvoir et isolement définit l'essence même du film. La Femme la plus riche du monde n'est pas une fable morale, mais une étude humaine, une réflexion sur la solitude des privilégiés et le désespoir silencieux qui se cache derrière les masques sociaux.

Au-delà du glamour de sa première, le film de Thierry Klifa s'impose comme l'une de ses œuvres les plus abouties, alliant une observation sociale aiguë à une profondeur émotionnelle. Soutenu par un casting remarquable, de la subtilité imposante d'Isabelle Huppert à la fracture intérieure de Marina Foïs, du charisme chaotique de Laurent Lafitte à la dignité tranquille de Raphaël Personnaz, le film transforme un récit sur le pouvoir en une méditation sur l'identité et la perte. Élégant, troublant et intemporel, La Femme la plus riche du monde nous rappelle que la véritable richesse ne réside pas dans la possession, mais dans ces rares moments où la vérité transperce brièvement l'illusion.

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Synopsis :
La femme la plus riche du monde : sa beauté, son intelligence, son pouvoir. Un écrivain et photographe : son ambition, son insolence, sa folie. Le coup de foudre les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée. Un majordome vigilant qui en sait plus qu'il ne le laisse paraître. Des secrets de famille. Des dons astronomiques. Une guerre où tout est permis.

La Femme la plus riche du monde
Réalisé par Thierry Klifa
Produit par Mathias Rubin
Écrit par Cédric Anger, Jacques Fieschi et Thierry Klifa
Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs, Raphaël Personnaz, André Marcon, Mathieu Demy, Joseph Olivennes, Micha Lescot, Paul Beaurepaire, Yannick Renier, Anne Brochet, Douglas Grauwels
Musique d'Alex Beaupain
Photographie : Hichame Alaouié
Montage : Chantal Hymans
Sociétés de production : Recifilms, Versus Production
Distribution : Hauit et Court (France)
Date de sortie : 18 mai 2025 (Festival de Cannes) 29 octobre 2025 (France)
Durée : 123 minutes

Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville