Le Paris Manga & Sci-Fi Show 2025, qui s'est tenu au Parc des Expositions de Villepinte le 4 octobre, a été marqué par la présence d'une véritable légende de l'animation japonaise, Akihiko Yamashita. Connu dans le monde entier pour son rôle central dans le développement de l'identité artistique du Studio Ghibli au cours des années 2000 et au-delà, Akihiko Yamashita a attiré un public enthousiaste, impatient d'entendre les anecdotes de sa longue carrière. Son intervention a été à la fois un voyage à travers l'histoire de l'animation japonaise et un rappel de la maîtrise technique et de l'imagination qui continuent d'alimenter son travail aujourd'hui.
Dès le début, Akihiko Yamashita est revenu sur ses débuts, rappelant comment il s'est forgé une réputation grâce à des projets tels que Giant Robo, où il assumait à la fois la direction de l'animation, la conception des personnages et le storyboard. Le public parisien a réagi chaleureusement lorsqu'il a raconté ces années formatrices, soulignant comment sa forte sensibilité visuelle et son trait dynamique lui ont rapidement valu une reconnaissance. Son arrivée au Studio Ghibli n'a pas été un simple changement de carrière, mais plutôt le début d'une longue collaboration avec Hayao Miyazaki, qui l'a placé au cœur de l'histoire de l'animation moderne.
L'un des moments les plus captivants du panel a été lorsque Akihiko Yamashita a décrit l'animation des séquences clés du film Le Voyage de Chihiro, qui a redéfini la portée mondiale de l'animation japonaise. Les fans présents dans la salle ont été captivés par sa description du délicat équilibre nécessaire pour transmettre des émotions à travers le mouvement, soulignant que même les plus petits gestes, tels que Chihiro serrant ses chaussures dans ses mains tout en courant, exigeaient une attention obsessionnelle au poids et au timing. En parlant de son rôle de directeur de l'animation dans Le Château ambulant, Akihiko Yamashita a rappelé avec humour comment lui et Hayao Miyazaki débattaient des détails subtils de la personnalité flamboyante de Howl, un processus qui a révélé le perfectionnisme et la rivalité ludique qui régnaient au sein du studio.
La discussion a également mis en évidence le rôle d'Akihiko Yamashita au-delà du Studio Ghibli. Après avoir apporté une contribution substantielle à Ponyo et Le vent se lève, et réalisé le court métrage fantaisiste Chuuzumou pour le musée Ghibli, il s'est lancé dans des collaborations avec sa femme, Miho Shimogasa, notamment sur la série Kaitou Joker. Ces anecdotes ont révélé un aspect plus léger de son processus créatif, car il a admis que leur partenariat brouillait souvent les frontières entre vie familiale et débat artistique. Le public du Paris Manga & Sci-Fi a ri de sa remarque candide selon laquelle le dîner se transforme parfois en storyboard.
Une partie particulièrement émouvante du panel a porté sur son court métrage Invisible, produit en 2018 avec le Studio Ponoc. Akihiko Yamashita a expliqué comment cette œuvre, qui a ensuite été récompensée au Japan Media Arts Festival, est née de son désir d'explorer les thèmes de l'isolement et de la reconnaissance dans une société en mutation rapide. En l'entendant décrire comment le public japonais s'est profondément identifié à son message universel, on comprend à quel point son art de raconter des histoires résonne bien au-delà de la brillante technique qu'il utilise. Ce point a souligné pourquoi son influence s'étend à plusieurs générations d'animateurs, en particulier ceux qui cherchent à allier excellence technique et authenticité émotionnelle.
Les fans étaient particulièrement impatients d'entendre parler de son retour à la collaboration avec Hayao Miyazaki sur The Boy and the Heron en 2023, où Akihiko Yamashita s'est vu confier le rôle d'animateur principal. Sans trop en dévoiler sur les coulisses de la production, il a souligné les efforts minutieux nécessaires pour donner vie au projet, mentionnant que retravailler avec Hayao Miyazaki après tant d'années lui donnait à la fois l'impression de rentrer à la maison et de relever un tout nouveau défi. Ses réflexions ont mis en évidence non seulement les normes exigeantes du Studio Ghibli, mais aussi son propre engagement durable en faveur de l'innovation dans les techniques d'animation traditionnelles.
Tout au long de la table ronde, Akihiko Yamashita a également évoqué son travail varié en tant que concepteur de personnages dans des projets tels que Urotsukidōji, Relic Armor Legaciam, Princess Nine, Strange Dawn, Zegapain, Le Monde secret d'Arrietty, Mary et la fleur de la sorcière et Cagaster of an Insect Cage. Chaque titre a révélé une facette différente de sa capacité d'adaptation, allant du dark fantasy aux tendres récits sur le passage à l'âge adulte. Il a souligné au public parisien que la polyvalence est l'une des compétences les plus précieuses pour un animateur, rappelant aux artistes en herbe que la véritable créativité réside dans le fait de relever des défis variés.
Le public de Villepinte est reparti avec le sentiment d'avoir assisté à plus qu'une simple table ronde : il s'agissait d'un aperçu intime du métier d'un artiste qui a contribué à définir l'âge d'or de l'animation japonaise. La combinaison d'anecdotes sur les coulisses, de souvenirs humoristiques et de réflexions plus profondes sur la philosophie du mouvement dans l'art a fait de la présence d'Akihiko Yamashita l'un des moments forts du Paris Manga & Sci-Fi Show 38. Sa présence a non seulement célébré l'héritage du Studio Ghibli, mais a également mis en évidence la résilience et la capacité d'adaptation qui lui ont permis de rester à la pointe de sa profession pendant près de quatre décennies.
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Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville