Baigné par la lumière dorée de la Méditerranée qui se déverse sur les marches emblématiques du Palais des Festivals et des Congrès, le Festival de Cannes 2025 a une fois de plus été le phare d'un cinéma audacieux et émouvant. Parmi les sélections remarquables qui ont profondément touché le public, citons Ma frère (Ma frère), le dernier film du duo de réalisatrices françaises Lise Akoka et Romane Guéret. Présenté en avant-première dans la prestigieuse section Cannes Première, ce film marque le retour poignant et mature des réalisatrices après le succès critique de leur long métrage Les Pires, qui leur a valu le prix Un Certain Regard en 2022 et les a révélées comme des voix montantes du cinéma français. Avec Ma frère, elles réaffirment leur talent en livrant une histoire intimiste et magnifiquement interprétée qui explore les liens fragiles de la jeunesse, de l'identité et de l'appartenance.
Sur fond de splendeurs naturelles de la Drôme, dans le sud-est de la France, le film retrace le parcours émotionnel de deux amies inséparables depuis l'enfance, Shaï et Djeneba, aujourd'hui âgées de 19 ans et à l'aube de l'âge adulte. Incarnés avec brio par Shirel Nataf et Fanta Kebe, dont l'alchimie à l'écran est à la fois magnétique et poignante, les personnages doivent assumer les responsabilités et l'introspection qui accompagnent leur travail d'animateurs dans une colonie de vacances. Ayant grandi dans le quartier populaire et multiculturel de la Place des Fêtes, dans le 19e arrondissement de Paris, ils se retrouvent désormais en terrain inconnu, tant sur le plan géographique qu'émotionnel. Tout en s'occupant d'un groupe d'enfants qui leur rappellent leur propre enfance, Shaï et Djeneba sont confrontés à la tension entre leur passé commun et l'avenir incertain qui les attend. Le film ne tombe pas dans le mélodrame, mais adopte un réalisme discret qui permet au public de ressentir chaque mot non dit et chaque moment de vulnérabilité entre les personnages.
Les racines de Ma frère remontent au travail précédent d'Akoka et Guéret sur la série web Tu préfères ?, qui présentait à l'origine ces personnages dans un format plus court et sérialisé. Si la série web laissait entrevoir des émotions plus profondes, les cinéastes ont rapidement compris que la structure limitée ne permettait pas d'explorer pleinement la complexité de la relation évolutive entre Shaï et Djeneba. En passant au long métrage, Akoka et Guéret se sont donné, ainsi qu'à leurs acteurs, l'espace nécessaire pour respirer et dérouler l'histoire avec patience et nuance. Le résultat est un film qui semble avoir mûri naturellement plutôt que d'avoir été construit, un film qui invite le public à entrer dans l'univers de ses personnages avec une sincérité de plus en plus rare.
Ce qui distingue vraiment Ma frère, c'est son engagement sans faille envers l'authenticité. S'appuyant sur leurs expériences respectives en psychologie et en casting, Akoka et Guéret créent un environnement où les performances ne sont pas le fruit d'un artifice répété, mais d'une véritable connexion émotionnelle. Leur capacité à travailler avec de jeunes talents et à faire ressortir des portraits subtils et profondément humains est évidente dans chaque scène. Nataf et Kebe livrent des performances marquantes qui portent à la fois le poids de l'expérience vécue et la légèreté de la jeunesse. Visuellement, le film est lumineux. La photographie capture les rythmes doux de l'été dans la campagne française : champs ensoleillés, lacs tranquilles et moments de calme qui contrastent magnifiquement avec la tempête d'émotions qui agite les personnages. Chaque plan est composé non seulement avec un soin technique, mais aussi avec une grande sensibilité émotionnelle, renforçant les thèmes centraux du film sans jamais être lourd.
Dès sa première projection, Ma frère a touché le public et les critiques, qui ont été nombreux à saluer la tendresse de son récit, sa profondeur émotionnelle et les performances convaincantes de ses acteurs principaux. Les thèmes universels qu'il explore – l'amitié mise à rude épreuve, le désir de transformation personnelle et la nature douce-amère du lâcher-prise – trouvent un écho bien au-delà du contexte français, faisant de ce film une expérience profondément touchante et accessible à tous, quels que soient le milieu social ou la géographie.
Sa sélection dans la catégorie Cannes Première témoigne de l'engagement continu du festival à mettre en avant des films qui, bien que n'étant pas en compétition officielle, incarnent l'excellence artistique et la résonance émotionnelle. Ma frère est précisément ce genre de film : discret mais puissant, modeste dans son ampleur mais riche en émotions. Alors que Ma frère se prépare à sortir en salles, il s'impose comme un exemple lumineux de la croissance artistique continue d'Akoka et Guéret.
Leur capacité unique à raconter des histoires ancrées dans l'émotion, socialement pertinentes et cinématographiquement riches les a imposés comme des voix incontournables du cinéma français contemporain. Avec Ma frère, ils affinent non seulement leur sensibilité esthétique et thématique, mais nous offrent également un film qui reste en mémoire, capturant la nature délicate et souvent éphémère de l'amitié à l'aube de l'âge adulte. C'est un film qui ne crie pas son importance, mais qui la mérite par son honnêteté, sa chaleur et sa résonance émotionnelle. Que vous soyez un admirateur de longue date de leur travail ou que vous découvriez leur cinéma, Ma frère est un voyage qui vaut le détour.
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Synopsis :
Shaï et Djeneba ont 20 ans et sont amis depuis l'enfance. Cet été-là, ils travaillent comme animateurs dans une colonie de vacances. Ils accompagnent un groupe d'enfants de la Drôme qui, comme eux, ont grandi dans les tours de la place des Fêtes à Paris. À l'aube de l'âge adulte, ils devront faire des choix pour leur avenir et réinventer leur amitié.
Ma frère
Réalisé par Lise Akoka, Romane Gueret
Produit par Jean Dathanat, Pierre Grimaux
Écrit par Lise Akoka, Romane Gueret, Catherine Paillé
Avec Shirel Nataf, Fanta Kebe, Zakaria-Tayeb Lazab, Mouctar Diawara, Idir Azougli, Amel Bent, Yuming Hey
Sociétés de production : Superstructure, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, France 3 Cinéma
Distribué par StudioCanal (France)
Date de sortie : 7 janvier 2025 (France)
Durée : 112 minutes
Photos : @fannyrlphotography