Festivals - Cannes 2025 : La venue de l’avenir de Cédric Klapisch embarque pour un voyage temporel à travers la famille, la mémoire et les origines de l'art moderne

Par Mulder, Cannes, Palais des Festivals et des Congrès de Cannes, 22 mai 2025

Le 22 mai 2025, le Palais des Festivals et des Congrès s'illuminera d'une lueur chaleureuse et nostalgique à l'occasion de la première mondiale hors compétition de La Venue de l'avenir (Colours of Time) lors du 78e Festival de Cannes. Réalisé par Cédric Klapisch, ce film franco-belge marque un retour profond à la narration intimiste pour un cinéaste connu pour sa sensibilité et son talent à capturer les nuances générationnelles. Ce drame historique délicatement structuré sur le passage à l'âge adulte entremêle les destins de quatre cousins contemporains et la vie d'une femme nommée Adèle qui, en 1895, quitte la Normandie pour s'installer au cœur d'un Paris en plein éveil. Ce pont entre le passé et le présent aborde non seulement les thèmes de la mémoire et de l'identité, mais jette également un regard tendre sur la naissance de la photographie et de l'impressionnisme, une période qui a façonné visuellement et culturellement notre vision du monde actuel.

La première à Cannes, bien qu'en dehors de la compétition principale, n'en était pas moins prestigieuse. Une ovation debout a accueilli les acteurs et l'équipe du film, Suzanne Lindon et Vincent Macaigne recevant des éloges particulièrement chaleureux pour leurs performances nuancées. L'atmosphère était empreinte de révérence : Klapisch, souvent associé à des récits modernes centrés sur la jeunesse comme L'Auberge espagnole, a ici livré une œuvre à la fois plus mature et discrètement magique. La sortie du film le jour même dans les salles françaises par StudioCanal témoigne d'une grande confiance dans l'attrait universel de ce récit émouvant qui voyage dans le temps. À Cannes, nombreux sont ceux qui ont souligné la puissance discrète des images du film, grâce en grande partie au directeur de la photographie Alexis Kavyrchine, dont l'objectif a baigné le récit d'une lumière naturelle douce et de détails évocateurs de l'époque, en particulier dans les scènes tournées dans les jardins luxuriants de la maison de Claude Monet à Giverny et sur les falaises brumeuses d'Étretat. Le tournage, qui a débuté en avril 2024, a conduit l'équipe de production des villages paisibles de La Vespière-Friardel et Mesnils-sur-Iton aux couloirs historiques animés de la gare Saint-Lazare, où une séquence filmée à bord d'un train Nomad a ajouté un lien authentique entre le calme provincial de la Normandie et le rythme industriel de Paris.

Une grande partie de la force du film réside dans son casting multigénérationnel. Suzanne Lindon, qui poursuit son ascension discrète après Spring Blossom, confère à Adèle un magnétisme émouvant, la présentant non pas comme une relique du passé, mais comme une jeune femme visionnaire dont le cheminement vers l'expression de soi reflète la quête de sens des protagonistes en 2025. Parallèlement, des acteurs tels que Paul Kircher et Zinedine Soualem apportent de la texture à la dynamique entre les cousins modernes, mêlant humour, mélancolie et un sentiment d'appartenance qui évolue au fil du temps. Le lien qui se tisse progressivement entre les cousins autour de leur ascendance commune semble naturel, en grande partie grâce au scénario coécrit par Klapisch et Santiago Amigorena, qui navigue avec autant d'aisance entre le passé et le présent.

La bande originale de Robin Coudert mérite également d'être mentionnée, non seulement pour son élégance envoûtante, mais aussi pour la façon dont elle harmonise deux siècles. Les cordes et les synthés analogiques se mélangent d'une manière qui reflète la thèse du film : l'avenir émerge souvent des vestiges les plus fragiles du passé. La monteuse Anne-Sophie Bion, déjà saluée pour The Artist, maintient une interaction rythmique entre 1895 et 2025, garantissant que le film ne semble jamais fragmenté malgré ses sauts temporels. La structure qui en résulte invite les spectateurs à méditer sur la manière dont les histoires personnelles reflètent les grandes transitions culturelles. Comme l'a fait remarquer un spectateur à Cannes lors d'une discussion après la projection, « C'est une histoire de famille, certes, mais c'est aussi une lettre d'amour sur la façon dont l'art nous change, sur la façon dont les photographies, les peintures, les journaux intimes, ces objets fragiles, survivent alors que nous disparaissons. »

Ce qui rend Colours of Time particulièrement évocateur en 2025, c'est sa réflexion sur l'héritage à une époque submergée par l'éphémère numérique. À une époque où les moments sont fugaces et où la documentation est instantanée, Klapisch nous invite à ralentir et à chercher du sens dans des supports plus lents : lettres, peintures à l'huile, photographies défraîchies. Et tout comme les photos d'Adèle révèlent des histoires que les cousins ignoraient, le film révèle quelque chose de profond au spectateur : la conviction que l'avenir n'est pas un concept abstrait et lointain, mais un miroir que nous tendons à notre passé. Colours of Time n'est pas seulement un drame historique, c'est une exploration tendre de nos racines, un héritage cinématographique qui nous interroge non seulement sur nos origines, mais aussi sur ce que nous transmettons.

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Synopsis :
Aujourd'hui, en 2025, une trentaine de personnes issues de la même famille apprennent qu'elles sont sur le point d'hériter d'une maison abandonnée depuis des années. Quatre d'entre elles, Sébastien, Abdel, Céline et Guy, sont chargées d'évaluer son état. Ces cousins éloignés découvrent des trésors cachés dans la vieille maison. Ils se retrouvent sur les traces d'une mystérieuse femme nommée Adèle, qui a quitté sa Normandie natale à l'âge de 20 ans. Adèle arrive à Paris en 1895, à une époque où la ville est en pleine révolution industrielle et culturelle. Pour les quatre cousins, ce voyage introspectif dans l'histoire de leur famille leur fera découvrir le moment unique de la fin du XIXe siècle, lorsque la photographie a été inventée et que l'impressionnisme est né. Cette confrontation entre deux époques, 2025 et 1895, va bouleverser leur présent et leurs idéaux, et révéler le sens de La Venue de l'avenir.

La Venue de l'avenir
Réalisé par Cédric Klapisch
Écrit par Cédric Klapisch, Santiago Amigorena
Produit par Bruno Levy
Avec Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider, Sara Giraudeau, Cécile de France
Directeur de la photographie : Alexis Kavyrchine
Montage : Anne-Sophie Bion
Musique : Robin Coudert
Sociétés de production : Ce Qui Me Meut, StudioCanal, France 2 Cinéma, Panache Productions, La Compagnie Cinématographique
Distribué par StudioCanal (France)
Dates de sortie : 22 mai 2025 (Cannes), 22 mai 2025 (France)
Durée : 124 minutes

Photos : @fannyrlphotography