Festivals - Cannes 2025 : un tapis rouge empreint de mémoire, de modernité et de sens

Par Mulder, Cannes, Palais des Festivals et des Congrès de Cannes, 13 mai 2025

La 78e édition du Festival de Cannes a démarré en fanfare, rappelant au monde entier pourquoi cette célébration cinématographique côtière continue de régner en maître. Le coup d'envoi a été donné le 13 mai 2025 avec la première de Partir Un Jour, le premier long métrage d'Amélie Bonnin. Ce drame poignant sur le sacrifice personnel et la redécouverte a donné le ton parfait à un festival qui oscille entre glamour et gravité. Avec la chanteuse Juliette Armanet, l'acteur Bastien Bouillon et le toujours charismatique François Rollin en tête d'affiche, Amélie Bonnin s'est présentée au monde avec l'assurance d'une réalisatrice chevronnée. Le tapis rouge n'était pas seulement rempli des acteurs du film, mais aussi d'une pléiade de stars. Quentin Tarantino, Rossy De Palma, Julia Garner, Nava Mau, Zahra Amir Ebrahimi et même Leonardo DiCaprio, venu remettre une Palme d'or honorifique à Robert De Niro, ont fait de cette première un rassemblement exceptionnel de la royauté cinématographique.

Leave One Day raconte l'histoire de Cécile, une jeune chef cuisinière pleine de rêves à Paris, dont la vie est bouleversée par une urgence familiale qui la contraint à retourner dans la campagne de son enfance. Là-bas, elle renoue non seulement avec les saveurs de son passé, mais aussi avec un amour qu'elle avait autrefois abandonné. Dans un monde de plus en plus obsédé par l'ambition effrénée et la réinvention constante, le film de Bonnin suggère avec douceur que parfois, l'avenir se cache précisément là où nous avons fui. Les festivaliers étaient visiblement émus, et si les applaudissements à Cannes peuvent parfois être théâtraux, ceux-ci semblaient sincères, non pas par obligation, mais par profonde gratitude envers un réalisateur qui a su toucher les cœurs avec subtilité et élégance.

L'ambiance festive avait déjà commencé bien avant que les lumières ne s'éteignent pour la projection d'ouverture. Le dévoilement de l'affiche lundi était un clin d'œil classique à la tradition, suivi peu après par un dîner très exclusif à l'hôtel Martinez, où la présidente du jury, Juliette Binoche, a accueilli ses collègues jurés. La composition du jury est aussi éclectique que rafraîchissante : Halle Berry, Payal Kapadia, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi, Hong Sangsoo, Carlos Reygadas et Jeremy Strong. Leur présence n'est pas seulement symbolique : elle représente un échantillon représentatif des voix narratives mondiales, du docu-réalisme intimiste à la gravité des superproductions, qui ne manquera pas de susciter des débats passionnants derrière les portes closes de la salle de délibération, où ils décideront du sort des 21 films en compétition.

Bien sûr, Cannes ne serait pas Cannes sans son tapis rouge à couper le souffle. Cette année, il a offert bien plus que de la mode. La présence d'Aubrey Plaza à la première du film Honey Don't d'Ethan Coen et Tricia Cooke était chargée d'émotion. Il s'agissait de sa première apparition publique depuis la mort tragique de son mari, le réalisateur Jeff Baena. Vêtue d'une robe délicate et transparente, ornée de perles, qui reflétait à la fois sa fragilité et sa force tranquille, Aubrey Plaza a rappelé à tous que le chagrin et la grâce peuvent coexister. Le film lui-même, une histoire policière lesbienne teintée d'humour noir et d'ambiguïté morale, a reçu une ovation debout de six minutes et demie. Margaret Qualley, magnétique dans le rôle principal, a également volé la vedette avec sa robe Chanel rose pâle et ses ballerines vintage, à la fois élégantes et étonnamment subversives, faisant un clin d'œil au nouveau code vestimentaire du festival, qui privilégie le confort.

Une autre déclaration de mode a été faite par la star de Bollywood Alia Bhatt, dont les débuts à Cannes ont fait tourner les têtes et les caméras avec une lehenga inspirée du sari qui scintillait comme une lettre d'amour à son héritage culturel. Mêlant la tradition indienne à une silhouette adaptée à la Riviera, Bhatt a fait une déclaration non seulement sur la beauté, mais aussi sur l'appartenance, sur la place de la mode non occidentale sur la scène internationale. De son côté, Simone Ashley, qui ne se laisse jamais enfermer dans une seule image, a alterné entre une robe minimaliste Prada et une robe éthérée Vivienne Westwood avec la grâce d'une habituée de Cannes. Sa robe corsetée, agrémentée de détails en forme d'ailes, était à la fois angélique et puissante, une métaphore visuelle de l'équilibre entre force et douceur célébré par ce festival.

Malgré toute son élégance, Cannes n'a pas hésité à aborder les dures réalités du monde. Un hommage émouvant a été rendu à la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée à Gaza, dont le nom s'est joint au chœur des voix réclamant justice. Plus de 350 artistes et cinéastes se sont unis pour condamner la violence, utilisant Cannes non seulement comme une plateforme artistique, mais aussi comme une scène de solidarité. Ces moments sont importants, car ils rappellent aux participants et au public que le cinéma ne flotte pas au-dessus du monde, mais qu'il suit ses courants, reflétant sa beauté et sa douleur.

Alors que le festival se poursuit avec des premières très attendues comme Mission : Impossible – The Final Reckoning, projeté hors compétition le 14 mai, Cannes continue de concilier sa double identité d'institution culturelle et de spectacle pop. Tom Cruise et Christopher McQuarrie sont prêts à gravir les marches du Palais avec leur panache habituel, et leur présence ne manquera pas de rehausser le glamour de l'événement. Tout aussi attendues sont les premières de Wes Anderson (The Phoenician Scheme), Ari Aster (Eddington), Richard Linklater (New Wave) et Scarlett Johansson, qui fait ses débuts en tant que réalisatrice avec Eleanor The Great. Avec des noms tels que Jennifer Lawrence, Robert Pattinson, Spike Lee, Julia Ducournau et Joachim Trier au programme, le festival promet à la fois des surprises et des moments forts.

À l'approche du dernier jour et de la projection de Dandelion's Odyssey de Momoko Sato lors de la cérémonie de clôture, une chose est déjà claire : Cannes 2025 est un festival en pleine floraison. Des débuts indie tendres aux projections prestigieuses, des moments de deuil aux éclats de joie, l'édition de cette année offre bien plus qu'une simple célébration du cinéma : c'est un reflet complexe du monde qu'il tente de capturer, image après image.

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Photos : @fannyrlphotography