Ce samedi la scène principale du Comic Con France 2025 a accueilli l'un des panels les plus attendus de la covnention : une conversation d'une heure avec le légendaire acteur écossais Ian McDiarmid, l'homme qui a incarné le sinistre génie Sheev Palpatine (alias Dark Sidious) pendant plus de quatre décennies dans l'univers Star Wars. Pour le public venu en masse, ce n'était pas seulement un voyage nostalgique à travers la tyrannie galactique, mais aussi une occasion rare de découvrir en personne l'intelligence raffinée et la prestance théâtrale de l'homme qui se cache derrière le sourire narquois emblématique de l'Empereur. L'atmosphère était électrique, les fans de tous âges s'étant rassemblés non seulement pour célébrer le seigneur noir des Sith, mais aussi pour mieux comprendre le métier et le parcours de l'homme qui lui a donné vie.
Ce qui a rendu cette table ronde particulièrement captivante, c'est la chaleur et la franchise inattendues dont McDiarmid a fait preuve sur scène. Si l'Empereur est surtout connu pour sa malveillance implacable, McDiarmid est en personne un homme vif d'esprit, éloquent et d'une modestie désarmante. Il a raconté au public le parcours étrange, presque accidentel, qui l'a conduit dans l'univers de Star Wars au début des années 1980. Il est à noter qu'à l'époque, McDiarmid n'aspirait pas à une carrière cinématographique : sa passion était la scène, et son talent lui avait déjà valu une grande estime dans les cercles théâtraux britanniques, en particulier au sein de la Royal Shakespeare Company. C'est sa performance dans Seduced de Sam Shepard, où, fortement vieilli grâce à des prothèses, il incarnait un reclus à la Howard Hughes, qui a attiré l'attention de George Lucas et Richard Marquand, les convainquant qu'il pouvait apporter à l'écran le calme inquiétant et la menace vieillissante de Palpatine.
Le panel a offert un aperçu fascinant des défis pratiques et des décisions créatives qui ont façonné l'interprétation inoubliable de McDiarmid. Les fans ont été captivés par les souvenirs de l'acteur concernant le processus de maquillage intense sur Le Retour du Jedi, qui impliquait des heures de prothèses qui déformaient ses traits pour lui donner le visage inoubliable de l'Empereur. Il est intéressant de noter que McDiarmid n'avait alors qu'une trentaine d'années, ce qui rendait la transformation d'autant plus impressionnante. Il a expliqué comment les limites du maquillage et le dialogue stylisé du scénario l'ont contraint à utiliser sa voix et sa posture comme principaux outils pour transmettre la puissance et la terreur. Ce grognement rauque emblématique ? Le fruit de son instinct théâtral, qui est devenu un élément déterminant du personnage. Comme l'a dit McDiarmid avec un sourire : « Je me suis simplement penché vers les ténèbres, et j'ai découvert qu'elles me renvoyaient mon écho. »
Tout au long de la discussion, on a pu sentir une profonde admiration pour Palpatine, non seulement en tant que méchant, mais aussi en tant qu'archétype complexe dont la ruse et le sens du théâtre ont fait de lui bien plus qu'un simple faire-valoir des héros. McDiarmid a parlé avec enthousiasme de la façon dont la trilogie préquelle lui a permis d'explorer la dualité du personnage, incarnant à la fois le chancelier charmant et doux, et le seigneur Sith manipulateur qui se cache sous la surface. Sa réflexion sur la joie et le défi que représente le fait d'incarner un personnage si profondément imprégné des thèmes shakespeariens (ambition, tromperie, corruption et soif de pouvoir absolu) était particulièrement éclairante. Pour lui, Sidious n'est pas seulement le mal incarné, mais un « acteur diabolique » au sein de l'histoire, jouant sans cesse pour sa proie et son public. Cette performance à plusieurs niveaux a atteint son apogée dans La Revanche des Sith, où McDiarmid a dû non seulement prononcer certaines des répliques les plus dramatiques de la saga, mais aussi manier un sabre laser et se livrer à des combats physiques, une tâche exigeante pour un acteur de plus de 60 ans, qu'il a accomplie avec un enthousiasme théâtral.
Le panel a également évoqué le retour surprenant de McDiarmid dans L'Ascension de Skywalker, un moment qui a ravi les fans et suscité un vif débat parmi les fans. Il s'est montré franc quant à sa propre surprise d'avoir été rappelé, pensant que la mort de son personnage dans Le Retour du Jedi était définitive. Et pourtant, comme il l'a fait remarquer avec ironie, « dans Star Wars, la mort n'est souvent que le début d'un nouveau chapitre ». Si le retour de Palpatine a suscité la controverse parmi certains fans, l'interprétation de McDiarmid, cette fois-ci sous les traits d'une coquille vide, grotesque et décrépite, animée par le pouvoir du côté obscur, a une fois de plus été magnétique, prouvant que même dans les recoins les plus fantastiques de la galaxie, le charisme et la menace ont toujours leur place. Sa performance, fruit de décennies d'expérience et d'un talent affûté, a donné à un personnage longtemps considéré comme l'incarnation du mal une dimension à la fois ancienne et terrifiante.
Ce qui a rendu ce panel inoubliable, cependant, c'est la façon dont il a brouillé les frontières entre fantaisie et héritage. McDiarmid n'a pas seulement parlé des films, il a évoqué l'empreinte culturelle laissée par Palpatine. Ses anecdotes sur les fans qui le reconnaissent dans la rue, lui citant parfois des répliques telles que « Un pouvoir illimité ! » ou lui demandant de leur murmurer des tentations du côté obscur, ont révélé à quel point le personnage s'est ancré dans la culture populaire. Il a même partagé des anecdotes sur son travail de doublage dans des séries animées et des jeux vidéo, notamment la joie surréaliste qu'il a éprouvée en prêtant sa voix à une version porcine de Palpatine dans Angry Birds Star Wars. Ces anecdotes ont rappelé à tous les spectateurs que si Palpatine règne par la peur, Ian McDiarmid, lui, inspire l'affection grâce à son talent, son humour et son humilité.
La longue ovation à la fin témoignait non seulement de son héritage dans la saga Star Wars, mais aussi de sa place unique dans le monde du spectacle. D'un rôle qui avait débuté par un casting discret pour une pièce marginale, Palpatine est devenu l'un des méchants les plus emblématiques de l'histoire du cinéma, et McDiarmid est devenu une légende du genre. Le panel du Comic Con France 2025 n'a pas seulement célébré l'Empereur. Il a rendu hommage à l'acteur dont le contrôle théâtral minutieux a donné à la noirceur sa voix la plus séduisante. Ce faisant, il a rappelé à tous que derrière chaque grand méchant se cache un acteur avec une histoire, un parcours et une étincelle de génie qui transforme la fiction en mythe.
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Photos et vidéo : Boris Colletier / Mulderville