Exposition - Cinémathèque française : Plongez dans l'univers de Wes Anderson

Par Cookie, Paris, Cinémathèque française, 19 mars 2025

Cette exposition est la première consacrée à l'œuvre du cinéaste et scénariste indépendant Wes Anderson. La rétrospective débute avec les deux premiers longs métrages Bottle Rocket en 1996 et Rushmore en 1998, qui ont marqué le tout début de sa carrière. La salle est organisée séparément pour chacun de ses films.

Pour Bottle Rocket, film autodidacte co-écrit par Owen Wilson, on retrouve au mur des photos en noir et blanc de Laura Wilson et de son mari lorsqu'ils étaient jeunes, à 24 ans, ainsi que de nombreux story-boards dessinés dans les moindres détails par Wes Anderson, et des carnets de croquis. Pour Rushmore, une grande affiche attire notre regard, malheureusement celle qui n'a pas été utilisée pour le film.

Dans la salle suivante, nous sommes au tournant des années 2000  le public sera marqué par deux films de cette période, d'abord The Royal Tenenbaums en 2001 puis en 2004 avec The Life Aquatic with Steve Zissou. Wes Anderson, par son parcours particulier, né au Texas, new-yorkais d'adoption, imprégné et influencé par l'Europe, résistera à la tendance hollywoodienne et se démarquera des autres réalisateurs. Le film La famille Tenenbaum, qui traite de la difficulté de vivre en harmonie dans une même famille, est illustré par la mise en scène d'un des costumes, le survêtement Adidas, à côté de la photo de toute la famille.

Quant à la vie aquatique, on apprend par les multiples panneaux que ce film marque la première collaboration avec la costumière Milena Canonero, dont le travail consiste à explorer en profondeur l'histoire et les personnages afin de retranscrire méticuleusement cette mémoire sur les tissus. Outre les costumes de l'équipage dans le sous-marin, le pull bleu de Zissou en clin d'œil au commandant Cousteau  on peut également voir des accessoires tels qu'un casque de plongée, des affiches d'ouvrages scientifiques, des marionnettes d'animaux imaginaires. Cette salle pique notre curiosité en diffusant des extraits du film d'une durée d'environ quatre minutes, qui donnent aux visiteurs un aperçu du long métrage et leur donnent envie de le voir ou de le revoir, s'ils le souhaitent. Les photos et les costumes sont bien mis en valeur, juste ce qu'il faut, sans surcharger les yeux.

Nous poursuivons la visite avec un autre thème, celui du voyage, avec deux films : The Darjeeling Limited en 2007 et Moonrise Kingdom en 2012. Ces deux films, tournés en décors naturels, nous transportent en Inde et sur l'île atlantique de Penzance. Un voyage initiatique de personnages assoiffés de liberté qui traversent des contrées inexploitées. Wes Anderson a minutieusement reconstitué l'atmosphère du luxueux train Darjeeeling Limited sur la route de l'Inde, le panneau est là pour nous montrer les conditions du tournage, notamment le système de trappes dans les wagons pour les transformer en décors de cinéma itinérants. Les uniformes des employés du train sont impeccables, tout comme la maquette du train.

Moonrise Kingdom, qui se déroule en 1965 sur une île fictive de Nouvelle-Angleterre, raconte le passage de l'enfance à l'âge adulte, en quelque sorte le voyage initiatique de deux jeunes gens, Suzy et Sam. Il est à noter qu'il s'agit du premier film de Wes Anderson à être sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes. De nombreux accessoires complètent cette salle, dont un disque de Françoise Hardy que Suzy transporte dans sa valise, et le sac à dos de Sam. Ici aussi, la visite se termine par des extraits des deux films.

Nous poursuivons notre visite dans une salle intitulée Stop-Motion avec le film Fantastic Mr. Fox, tourné en 2009, et L'île aux chiens, tourné en 2018 à Londres. Le stop-motion est une technique qui consiste à animer des marionnettes ou des objets en les déplaçant dans un environnement miniature et en les repositionnant image par image. L'histoire est racontée du point de vue d'animaux confrontés à la folie des hommes, aux yeux de fermiers anglais ou au fanatisme d'un dictateur japonais. Pour ces longs métrages, comme pour la merveilleuse histoire d'Henry Sagar adaptée de Roald Dahl, on peut admirer les accessoires, sortes de poupées animales habillées de tenues variées, de vêtements de sport, de costumes et de cravates, des chiens, parfois menaçants, et le décor d'une boutique japonaise.

La visite se poursuit sur le thème des Fresques européennes, comme mentionné précédemment Wes Anderson était fasciné par l'influence européenne qu'il a connue en Europe. Cela l'a amené à produire deux films : The Grand Budapest Hotel en 2014 et The French Dispatch en 2021. Le premier raconte la splendeur crépusculaire d'un hôtel de villégiature en République de Zubrowka en 1930 avec la montée du fascisme, et le second la fin d'un journal américain établi en France dans une petite ville imaginaire au moment de mai 1968. Et là, on est époustouflé par le décor somptueux de l'immense maquette du Grand Hôtel avec sa façade blanche et rose, ses petites fenêtres, et les costumes du Directeur et de la concierge. Quelle précision, quelle beauté !! De nombreux clichés du photographe Roger do Minh, issus du tournage de The French Dispatch, ainsi que des accessoires tels que la liste des détenus de la prison d'Ennui-sur-Blase, des petites tasses et assiettes, la robe portée par Léa Seydoux et l'uniforme du gardien.

L'exposition se termine avec le film Asteroid City, qui confronte deux niveaux de réalité. Il s'ouvre sur une émission de télévision en noir et blanc dans le Broadway des années 1950, avant de passer au Technicolor dans un autre lieu désertique quelque part en Arizona. Le film a été écrit en collaboration avec Roman Coppola, qu'il était ravi de retrouver 25 ans après le film Rushmore. Deux grandes photos au mur nous transportent dans le désert, d'abord avec la silhouette de Wes Anderson vêtu de blanc, puis un autre papier peint avec un immense cratère laissé par une météorite, non loin d'une maquette et d'une représentation d'extraterrestres noirs.

Cette rétrospective donne un très bon aperçu de la carrière de Wes Anderson, de sa singularité, de l'ampleur  et de la diversité de ses films. L'ordre chronologique permet de suivre son évolution, avec des panneaux tout au long de la visite, des extraits de films, des accessoires et des costumes qui illustrent chaque période. En une heure et demie environ, le visiteur peut se faire une bonne idée. L'exposition donnera à certains visiteurs l'envie de combler leur retard cinématographique en se précipitant voir ces films. L'éclairage est globalement correct, à part quelques zones plus sombres.

Cinémathèque française : Wes Anderson, l'exposition
Du 19 mars au 27 juillet 2025
51 rue de Bercy, 75012 - M° Bercy (6/14)
Lundi, mercredi, jeudi et vendredi 12h-19h, samedi et dimanche 11h-20h, fermé le mardi
Tarif : 14 € - Tarif réduit : 7/11 € - Gratuit -6 ans

Filmographie :
1996 - Bottle Rocket
1998 - Rushmore
2001 - La famille Tenenbaum
2004 - La vie aquatique
2007 - Voyagez sans destination
2009 - Fantastic Mr. Fox
2012 - Moonrise Kingdom
2014 - The Grand Budapest Hotel
2018 - L'île aux chiens
2021 - La French Dispatch
2023 - Asteroid City
2024 - L'Extraordinaire Voyage d'Henry Sugar et de ses trois amis
2025 - Le Plan Phénicien

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Photos : Sabine Chevrier / Mulderville