A 50 kilomètres de Paris, un nouveau décor est disponible pour les tournages. La Ministre de la Culture, Rachida Dati, est venue l'inaugurer. Le cinéaste Stéphane Demoustier et son équipe sont déjà venus y tourner des séquences du film «La Grande Arche». Petit à petit, les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel découvrent ce lieu.
Un backlot est un décor fixe, généralement une reconstitution de rues, construit en extérieur. Sur l'aérodrome de Coulommiers, le groupe TSF, loueur historique de caméras et de matériels pour les tournages, a fait construire un quartier de rues parisiennes sur 1,5 hectares. Les façades d'immeubles de 12 mètres de hauteur couvrent une période allant du milieu du XIXe siècle à nos jours. Sur le boulevard central, trônent les immeubles haussmanniens avec leurs cariatides. Dans une autre rue, l'ambiance est celle du Marais. Plus loin, un loft industriel et des immeubles en briques rouges évoquent les faubourgs de Paris. Un escalier accédant à une terrasse rappelle le quartier de Montmartre. Au rez-de-chaussée, des espaces intérieurs neutres ont été construits pour pouvoir être personnalisé en fonction du scénario et de l'époque : boutiques, ateliers d'artistes... L'entrée d'une station de métro Art Déco a été creusée. C'est le royaume de l'illusion. Tout est en bois et en staff. Il suffit d'ouvrir une porte pour se retrouver face à un champ d'herbes folles. Des alimentations électriques sont placés sous les trottoirs pour alimenter les lampadaires et les projecteurs. Les balcons des façades sont «praticables», ce qui signifie que des comédiens peuvent y être placés. Le réalisateur Cédric Klapisch s'en réjouit déjà: «C'est un bac à sable, c'est un endroit où on peut jouer.»
Si Thierry de Segonzac, pdg du groupe TSF, s'est lancé dans ce projet pharaonique, c'est qu'il devient de plus en plus difficile de tourner à Paris. La capitale, première destination touristique mondiale, est très demandée. Pour des raisons de sécurité, il est difficile d'y effectuer des cascades, des explosions,... Aussi, ce backlot de rues parisiennes est le bienvenu. Il a été conçu par le chef-décorateur Johann George, entouré d'une équipe de menuisiers, peintres, staffeurs, spécialisés dans le décor de cinéma. Des entreprises locales ont également été sollicitées. Le résultat est à la hauteur de leurs talents.
Ce backlot s'inscrit dans un projet plus large de studios. Le groupe TSF a remporté l'aide à projets de la Grande Fabrique de L'image, du Plan France 2030. Le studio comprendra 12 plateaux, allant de 600 à 4 000m2, 8 000m2 d'ateliers, 10 000m2 de stockage, des loges et des bureaux de préparation. Une première tranche de 5 plateaux sera construite en 2025. En attendant leur réalisation, deux hangars de 1 000m2 chacun, situés à côté du backlot, peuvent être utilisés en plateaux. Les ateliers de 1 000m2 ayant servi à la construction du backlot ont été reconverti en ateliers déco. Aujourd'hui, ces rues parisiennes, étincelantes au soleil, ressemblent à celles de la série Emily In Paris. La patine viendra avec les tournages, qui ne manqueront pas d'arriver.
Photos et texte : Copyright Sabine Chevrier / Mulderville