Table-ronde - Table ronde avec Alexander Payne autour du film Nebraska
Par Mulder, Paris, Hôtel de l'Abbaye, 13 mars 2014
Q : Qu’avez-vous apprécié dans le scénario de « Nebraska » ? ( cette fois, Alexandre Payne ne signe pas le script.)
Alexander Payne : J’ai aimé ce sens de l’humour. J’ai pensé que c’était une sympathique comédie pince-sans-rire, cet humour grinçant… Pas un film profond. Et j’ai aimé le film qu’il m’ait permis de filmer dans mon État natal, le Nebraska? Je suis d’Omaha, grande ville, croyez-moi ! Et ce film m’a permis de me rendre dans des endroits que je ne connaissais, cela m’a permis de me rendre à la campagne et dans les villages
Q : Pourquoi avez-vous filmé « Nebraska » en noir et blanc, est-ce pour faire ressortir les émotions et la proximité des personnages ? Est-ce pour faire « rétro » ?
Payne : oui, Exactement et aussi parce que ce serait moins cher, j’avais un petit budget. Mais j’aime vos raisons.
Q : Aimeriez-vous réaliser un film d’action, un blockbuster ?
Payne : Cela dépend, j’aimerais faire un blockbuster et gagner beaucoup d’argent. Mais quel est le script ? je me fiche de ce que l’on filme du moment que le scénario est intéressant. un film indépendant n’est pas forcément plus facile à réaliser qu’un film à gros budget. Au contraire, ça n’est pas simple du tout. Je voulais que Nebraska soit précis, minimaliste et élégant c’était un vrai défi que de tourner sur un délai très court ( 28 jours ici ) .
Q : Comment choisissez-vous les scripts que vous allez écrire ou réaliser ?
Payne : Il faut que je possède des connexions très personnelles au film pour mieux le mettre en scène : le réalisateur doit avoir une sensibilité particulière, connaître une émotion similaire. Ce n’est pas autobiographique, mais je dois ressentir une connexion. Par exemple pour The Descendants, je n’ai pas d’enfants, je n’ai pas eu de femme mourante … Je veux que l’émotion ressentie soit vraie. S’il y a une connexion thématique entre ces films, il n’y en a pas ou alors elle est inconsciente.
Q : De quelle récompense êtes-vous le plus fier ?
Payne : Récemment, j’ai été très fier de Bruce Dern.C’est un prix pour Bruce, mais c’est aussi une très belle récompense pour toute l’équipe du film.
Q : Quel est votre film de chevet ? Quels films vous ont influencé ?
Payne : Pour les influences, c’est difficile à dire… Un film que j’aime beaucoup - je l’ai vu une cinquantaine de fois – c’est Les Sept Samouraïs (de Kurosawa) , ce film a tout.
Q : Allez-vous filmer encore au Nebraska ?
Payne : Oui ! Mais ce n’est pas tellement filmer un endroit qui m’intéresse, mais les gens.
Q : Aimeriez-vous faire des films de genre ?
Payne : Oui j’adorerais… Mais avec un bon script … un film avec des extraterrestre,un western, peu importe ! Mais quelle est l’histoire, qui sont les personnages ?
Q : Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec le groupe Tin Hat, pour la musique de Nebraska ?
Payne : D’habitude, quand je réalise un film, j’ai une idée de la B.O. Néanmoins, cette fois je n’avais aucune idée pour la musique. Lorsque j’ai commencé le montage, le monteur son m’a suggéré Tin Hat. C’était temporaire, le temps que le compositeur crée quelque chose. Mais finalement nous avons gardé cette musique. Ce qui était temporaire est devenu permanent. On a donc contacté le leader du groupe pour avoir l’autorisation d’utiliser sa musique existante et nous en composer d’autres.
Q : Qu’attendez-vous de vos acteurs sur un plateaux ?
Payne : Je veux qu’ils soient crédibles. Après avoir dit action je fais semblant de croire qu’il n’y a plus de cameras, plus de spotlights ?
Q : Peut-on comparer le travail de George Clooney avec celui de Bruce Dern ?
Payne : Je ne peux pas vous répondre. Je ne peux non plus vous parler de leur processus interne de création artistique. il sont tous les deux très pros. Ils m’aident à être un meilleur réalisateur. Oui, ils me posent des questions, ils veulent savoir dans quel film ils sont…Le meilleur acteur est celui qui s’est le mieux préparé. Les meilleurs acteurs sont ceux qui ont le plus besoin de se laisser diriger.
Q : Voudriez-vous réaliser une série télévisée ?
Payne : Je l’ai déjà fait ! J’ai réalisé une pilote de la série HUNG , c’est à propos d’un mec avec un gros pénis. Donc, bien sûr, ils m’ont appelé pour faire la réalisation. La TV vit un âge d’or, le cinéma c’est beaucoup de blockbusters . Mais je crois toujours au cinéma, j’ai toujours foi dans les films.
Q : Où sont vos Oscars ?
Payne : Chez moi, chez moins, au Nebraska … ils se tiennent compagnie … dans un endroit secret !
Q : Pouvez vous nous parler de votre prochain film ? De son thème principal ?
Payne : L’Humanité
Q : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait travailler dans le cinéma en tant que réalisateur ou scénariste ?
Payne : Regarder les grands films de l’histoire, et se demander pourquoi ce sont de grands films. S’entraîner à écrire des scénarii. Travailler avec un bon chef opérateur car vous faites les films ensemble. Il faut aussi apprendre aussi le montage, ne pas disparaître pendant ce processus. Certains réalisateurs ne comprennent pas le montage, ils laissent le monteur tout seul… mais le montage, c’est tout le film ! Et restez assis, pour économiser son énergie !
Q : Pourquoi faites- vous du cinéma ?
Payne : Parce que !
Avec tous nos remerciements à Claire Chevalier de l’agence Sorties Cinéma,
Et une petite pensée aux blogueurs présents Claire, Vincent, Fanny et Lætitia.