de Ben Stiller avec Ben Stiller (Walter Mitty) et Kristen Wiig (Cheryl)
Présentatrice : Bienvenue à Paris, c’est bon de pouvoir parler de rêve dans la vie rêvée de Walter Mitty. Là, vous avez revisité un peu un grand classique, on parle de la nouvelle de James Thurber bien sûr. Je me demande comment vous les deux chacun avec son application personnelle avez-vous approché ce film pour vous l’approprier.
Ben Stiller : je pense que je peux commencer. Je ne sentais pas qu’il faille une raison vraiment de refaire cette comédie musicale qui avait été réellement bien faite à l’époque. Je ne pensais pas réellement qu’on pouvait la surpasser. Steven Conrad, un scénariste extraordinaire a fait une réinterprétation vraiment intéressante tant par sa modernité que ce soit par rapport aux personnages ou au reste. Walter Mitty est vraiment un rêveur. Steven s’est posé la question comment une personne peut devenir comme ça et il va un peu plus loin et essaye de comprendre un peu ses capacités et lui permettre ainsi devenir quelqu’un de meilleur. C’est ce qui m’a semblé être vraiment intéressant. Cette toile de fond avec le magazine Life et ce passage du monde analogique au monde numérique donnait un caractère contemporain et je pensais qu’il y avait une possibilité de donner un ton différent tout en étant très proche de la nouvelle. Le personnage de James Thurber n’arrête pas de fantasmer sur le personnage qu’il aurait pu être. Le fait que l’on n’a aucune idée de ce qu’il y a derrière ce personnage est l’aspect qui m’a intéressé.
Kristen Wiig : pour moi cette version de Walter Mitty présente deux personnages qui apprennent à se connaître et qui ne sont pas mariés. Mon personnage l’encourage dans sa manière de rêver et dans ses fantasmes. Ben et moi avons réellement pensé à la relation entre Walter et Cheryl et à l’importance de cette relation parce que c’est ce qui va lui permette d’entreprendre ce voyage et c’est là où on se rend compte de la relation entre eux et que lui a toujours été de son côté. Ce n’est pas le cas pour les autres.
Q : on vous voit souvent Ben Stiller dans des rôles de personnages rêveurs, maladroits, un petit peu à côté à tel point que l’on a le sentiment que Walter Mitty vous ressemble ou que vous ressemblez à Walter Mitty. J’aimerais savoir si il y a une vie rêvée de Ben Stiller ? Si vous-même vous partez un peu comme cela dans des rêves imaginaires et est-ce que le fait d’être devenu acteur a été une façon de répondre à ces rêves-là ?
Stiller : bien sûr que je me sens très proche de ce personnage et en tant qu’acteur il faut toujours se poser la question comment on peut jouer ce personnage car on joue une personne. J’avais une relation plus facile avec lui car je me dis que la manière dont on se perçoit soi-même et la version que l’on a de soi-même n’est peut-être pas la même que le monde extérieur voit. C’était pour moi un thème universel avec lequel beaucoup de personnes peuvent s’identifier. Pour moi être un acteur, un cinéaste est une manière de réaliser mes rêves. Depuis l’âge de neuf ans j’ai toujours voulu être réalisateur et réaliser mes films et vivre mes rêves. À chaque fois que vous pouvez jouer un personnage, vous pouvez créer un monde en tant que cinéaste c’est une chance de pouvoir le faire. C’est cela la créativité, c’est cela le rêve éveillé de l’imagination. C’est une chose tout à fait saine. C’est une manière aussi pour vous de travailler sur les grandes questions de votre vie est de créer des personnages.
Q : du coup ma question rejoint un peu celle d’avant. Je voulais savoir si avoir fait ce film sur un personnage qui dépasse ses limites vous permettait de réaliser votre rêve ? Avez-vous des limites à dépasser comme Walter Mitty?
Stiller : je pense que le processus créatif c’est vraiment de pousser les limites, le fait de prendre des risques c’est aussi un processus créatif. Je n’ai pas fait un film de cet acabit. Ce qui m’intéressait vraiment dans ce film c’était que celui-ci ne peut pas être catégorisé dans un seul genre par moment c’est certes une comédie, le personnage est drôle et fantasme, les rêves lui permettent de s’ouvrir profondément et il fallait aussi pouvoir coller aux voyages de ce personnage et c’est alors un road movie. C’est cela qui est nouveau. Ce n’est pas seulement un film basé sur le côté vraiment humoristique. Ce n’est pas cela qui nous a guidé. C’est cela qui m’a vraiment intéressé. Pour moi, c’est vraiment un rêve que je réalisais de pouvoir faire ce genre de film à ce moment de ma vie. Ce fut vraiment excitant. C’est pour moi une manière d’aller un peu plus loin dans l’inconnu. C’est à chaque fois la même chose quand on fait un film.
Q : ma question concerne la photographie. Puisque c’est l’histoire d’une photo et d’un photographe, avez-vous eu une pression supplémentaire sur le travail de la photo dans le film ?
Stiller : oui, on a tourné le film sur pellicule pour la simple raison parce que moi je trouvais que c’était important du point de vue du karma et je suis triste aussi de voir aussi qu’ on ne fait plus de films sur pellicule alors pour l’image de la photo dans le film ce n’est pas vraiment une pression. Ce fut une aspiration pour nous de pouvoir voir le monde que Steven a écrit et de voir que les rêves de Walter peuvent être portés à l’écran avec ces images merveilleuses. Cela m’a vraiment donné une idée très claire sur le plan esthétique de comment le film devait être et on a fait énormément de recherche sur ce genre de photos et de pouvoir obtenir vraiment un style visuel qui soit basé sur ces photos et même le concept des bureaux de Life magazine des années 50, cette architecture extrêmement graphique et comment on inscrit Walter dans ce monde. On le coince dans ce monde complètement saturé et petit à petit sa vie devient de plus en plus colorée, de plus en plus libre. Cela nous a donné vraiment un plan et la voie pour nos recherches que ce soit au niveau des photographes, des cinéastes qui m’ont inspiré.
Q : j’ai une question pour tous les deux. Est-ce que quand on attend de vous sans arrêt d’être drôle est-ce que cela ne définit pas par créer une pression une angoisse. J’ai également une question plus précisément pour Kristen, quel est votre pire souvenir de baiser pour les épisodes de Kissing Family (Saturday night live) ?
Wiig : cela l’était avant pour moi car je continue à me sentir un peu nouvelle, débutant dans ce métier et quand les gens vous connaissent en tant que comédien comique c’est ce qu’on attend de vous tout le temps. J’ai le sens de l’humour mais je ne suis pas comme ces personnes qui ont sorti leur histoire pendant un dîner. Je regarde tout cela. Je ne suis pas ce genre de personne. Parfois c’est ce que les gens attendent de nous donc je peux décevoir les gens. Je les déçois souvent, tout le temps.
Stiller : non, Ce n’est pas du tout ce que je ressens. Je ne sens pas que c’est quelque chose que je ne peux pas faire. Je n’ai jamais senti cela. Je pense que les gens vous transmettre un peu ce qu’ils attendent de vous. Quelque chose est drôle ou peut-être drôle alors c’est sûrement ce que je vais faire mais je ne suis jamais perçu comme Kristen. Je n’ai jamais fait d’improvisation comme comédie. C’est vraiment ce qu’il y a de mieux quand quelqu’un peut venir sur scène et les gens le regardent et il réussit à les faire rire. C’est vraiment très dur. J’ai toujours pensé que l’humour que moi je fais des coups toujours d’une situation ou du personnage lui-même. Pour moi, non je ne ressens pas cela. Je ne pense pas non plus que les gens mettent ce genre de pression sur nous. C’est des choses dont on parle mais je ne pense vraiment pas que les gens mettent cette pression.
Wiig : concernant Kissing Family je ne peux pas vous dire cela. J’en garde un excellent souvenir.
Q : j’ai reconnu dans le film beaucoup de références au cinéma au grand succès du cinéma américain est-ce une façon pour vous Ben Stiller de rendre hommage à toute cette histoire du cinéma ?
Stiller : pas de manière spécifique. Je pense qu’à chaque fois que l’on fait un film on regarde d’autres films pour s’en inspirer. Moi, cela m’excite quand je regarde de grands classiques que je n’ai pas vus depuis longtemps et quand vous trouvez quelque chose dans un film qui a un lien avec ce que vous êtes en train de faire alors vous appliquez votre propre langage sur votre propre film. Pour moi il y a beaucoup de films, beaucoup de cinéastes qui ont vraiment contribué à ma sensibilité et c’est ce qui ressort quand vous faites votre propre film. J’adore les films. Mis à part les références spécifiques inhérentes à l’histoire je ne pense pas qu’il y ait de références spécifiques précises mais il y a beaucoup de références éclairs.
Q : en parlant de cinéastes je pense qu’il y en a beaucoup parmi nous qui aimerait savoir si Ben Stiller était un acteur et réalisateur de rêve ?
Wiig : je peux vous dire que j’ai vraiment été inspiré par Ben. Je connais son travail depuis très longtemps et en tant que réalisateur il est extraordinaire. Désolé de parler comme cela devant vous. Bien sûr on s’alimente, on discute entre nous et Ben et moi on a fait énormément cela est on a parlé hors caméra. Une grande partie du film en fait repose sur la relation entre sherry et Walter donc vraiment cette connexion est très importante. Je ne sais toujours pas si je dois continuer à répondre
Stiller : je pense qu’il y a beaucoup d’improvisation dans les comédies ce qui est une bonne chose mais je pense que c’est aussi bien de pouvoir suivre le texte et respecter le scénario. Pour moi, il y a un rythme dans les dialogues dans ce que James Thurber a écrit et ce que l’on a fini à faire c’est que l’on faisait les scènes plusieurs fois et ont trouvé ce rythme qui était vraiment un lien avec les mots. On trouvait aussi le rythme créé par le scénariste. Il faut vraiment être en phase comme si on était en train d’improviser et c’est sur cela que nous avons travaillé tous les deux.
Q : Bonjour j’ai deux questions. Une première pour Ben. Vous êtes acteur, scénariste, réalisateur, producteur. Quelle est la journée typique de Ben Stiller. Pour Kristen et Ben depuis 10 ans comment avez-vous vu évoluer la comédie, est-ce que cela a changé. Quel est votre avis à vous deux là-dessus ?
Stiller : je suis à la maison avec mes enfants, ma femme et je m’occupe de ce qu’il y a à faire dans la vie réelle, ce qu’ on a tous à faire. J’essaie vraiment de passer du temps avec les gens que j’aime comme mes enfants et ma femme. Je ne fais pas tellement de vie sociale. Je ne me sors pas tellement. On vit hors de New York City dans une maison et j’aime le lieu où je suis. C’est vraiment ordinaire, rien de spécial.
Wiig : c’est vraiment difficile de préciser sur les 10 dernières années comment dire qu’est-ce qui a rendu la comédie tellement intéressante. Cela change tout le temps. Ce que vous trouvez drôle aujourd’hui peut-être que dans cinq ans vous ne trouverez plus cela drôle. C’est vraiment quelque chose de nouveau, de nouvelles personnes, de nouvelles découvertes car il y a plein de sens d’humour. Il y a plein de manières d’être drôle.
Stiller : je ne suis pas très bon à vouloir définir comme cela des tendances. Je pense qu’il y a beaucoup de comédiens qui sont vraiment extraordinaires il y a une honnêteté dans ce qu’ils disent. Cela aussi a changé. En tout cas moi, quand je pense quand j’étais plus jeune, au début des années 70 il y avait plein de stand up qui était extraordinaire, même dans les années 60. C’était vraiment des hommes qui étaient très observateurs. C’étaient des comédiens extraordinaires. Certains contemporains font référence comme Jerry Seinfeld. C’est vraiment une nouvelle forme. C’est très différent de ce que nous faisons. C’est vraiment beaucoup plus difficile l’ improvisation.
Q : il y a notamment un personnage qui est très réussi dans votre film c’est cet employé d’un club de rencontre qui veut forcer votre personnage à remplir son profil. J’aimerais savoir ce que vous seriez fier de mettre vos deux dans votre profil. La première chose que vous aimeriez mettre et qu’aimeriez-vous faire faire figurer sur ce profil ?
Wiig : c’est vraiment une question difficile. C’est vraiment difficile de se décrire soi-même. Je pense que j’utiliserais plein de symboles. Je dirais que si vous les comprenez, appelez-moi
Stiller : j’écrirais que je suis vraiment très beau (joke)
Q : Quelle expérience aimeriez-vous faire figurer dans ce profil ?
Wiig : moi, je n’ai jamais été en Italie et j’aimerais beaucoup y aller. J’aimerais également apprendre le français.
Stiller : moi je peux réaliser ton rêve. On y va vendredi. On n’a pas besoin du net pour cela.
Q : tout d’abord j’aimerais vous remercier car j’ai vraiment adoré votre film. C’est à la fois émouvant, politique, franchement bravo. Ma question serait de savoir quel est votre meilleur souvenir pendant le tournage du film et j’aimerais aussi remercier Kristen car votre reprise du titre Space oddity m’a donné des frissons.
Wiig: devant et hors caméra c’est vraiment le fait d’aller en Islande. Ce fut une expérience extraordinaire. Génie n’y était jamais allée. C’est un moment où avec toute l’équipe on était tous très proches et on a voyagé ensemble dans cet endroit magnifique. De tourner cette scène sur la reprise de Space Oddity (David Bowie), c’était amusant car il y avait vraiment un défi et j’étais un peu nerveuse. Ce fut un vrai bon moment pour moi
Stiller : tout le tournage a été une expérience extraordinaire et la camaraderie qui se forme durant le tournage et les gens que j’ai rencontrés et que j’ai appris à connaître en faisant ce film. Particulièrement, j’ai rencontré des gens extraordinaires en Islande. On a travaillé avec des acteurs islandais et du Groenland et même californiens aussi. Ce sont tous des gens extraordinaires, aussi avec des sherpas de la ville de New York . Ce furent vraiment des liens extraordinaires que nous avons eu ensemble. Je suis très reconnaissant pour toutes ces relations qui se sont formées.
Avec nos remerciements à Constance Fontaine et Michael Frouin de l’agence CARTEL DEALERDECOM
Photos: Mulder