Après avoir assisté à de nombreuses reprises à des conférences de presse et passé des heures à en faire des transcriptions (un des nombreux atouts de notre petit site), j'assistais vendredi dernier en qualité de critique de cinéma à "mi-temps" à une table ronde d'une durée d’une heure, dans un restaurant à proximité du siège de EuropaCorp.
N’ayant pas mon fidèle caméscope avec moi, l’outil indispensable pour faire mes transcriptions, je livre donc ici un article faisant part de ce moment enrichissant. Nous étions sept personnes travaillant sur des blogs ou des sites internet à avoir la chance de rencontrer Vincent Perez et Karine Silla. Leur disponibilité exceptionnelle nous a permis de passer un excellent moment. Ce fut pour moi une première expérience forte. En raison de ma grande timidité, je n’ai pas eu l’audace de poser des questions et me contenta à écouter un grand comédien français parler de son métier avec un amour véritable, ainsi que Karine Silla, sa compagne et réalisatrice de ce très beau premier film Un baiser papillon. Les entendre parler des difficultés rencontrées lors de l’élaboration de ce film et de leur persévérance pour le faire malgré tout fut un véritable bonheur. Voici ce qu’il en ressort…
Le film, qui devait être initialement produit par Pathé, avait dû se trouver d’autres producteurs suite à leur désistement. EuropaCorp n’intervint que pour distribuer ce film, sans participer à la production. Le parcours pour trouver le budget, qui s’étala sur deux années, fut long mais par chance, le budget nécessaire ayant été acquis, le film a pu entrer en production. Le tournage dura sept semaines sur différents lieux. Pour parer à un manque de ressources, Karine Silla, aidée par son très talentueux mari, qui contribua notamment à la prise des différentes photos incluses dans le dossier de presse, a eu la chance de recevoir le support de plusieurs partenaires fournisseurs.
Comme elle le dit si bien, son film ressemble à un baiser papillon, jusqu’à une scène qui fut supprimée de ce long-métrage où le dit baiser fut mis en scène. De même, la musique occupe une place importante et la réalisatrice a eu l’extrême chance d’avoir l’appui du compositeur très recherché Angelo Badalamenti (Inland Empire de David Lynch, Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet). Elle nous a raconté lors de cette rencontre, qu’elle s’était battue à bras le corps pour que ce film puisse voir le jour, et que c’était pour elle soit le fait que le film existe, soit l’impression de tomber d’une falaise après un tel investissement personnel.
Un baiser papillon est donc bien un film universel, comme l’a voulu cette réalisatrice très inspirée. Son action se passe pour la plupart des scènes dans des lieux publics, un choix délibéré afin d’avoir un impact populaire. La vitalité qui s’en dégage est palpable. Tout comme le fait d’avoir pu s’entourer d’un casting très convaincant pour ce premier film. La richesse du scénario fut en effet une raison pour laquelle Cécile de France et Valeria Golino ont notamment répondu présentes. De même, le fait que la réalisatrice ait choisi ses propres enfants pour incarner ceux de Vincent Pérez (leur père) à l’écran ne fut pas l’idée initiale, car elle voulait que leurs enfants choisissent d’eux-mêmes de participer à l’aventure. Chacun des rôles du film est travaillé avec la même passion et sincérité. On ressent le même rapport aux gens, dans les rôles secondaires, comme dans les rôles principaux.
Le moteur principal du film est cette volonté d’inventivité permanente, malgré le fait que les prises furent au maximum au nombre de trois pour chaque scène du film, en fonction de la complexité des dites scènes. Le monteur a eu ainsi une part importante dans la réussite de l’œuvre, en ayant recours à la maximisation des effets des scènes tournées et en y incorporant la musique.
Le film est sous l’influence des réalisateurs Wong Kar Wai pour le choix des costumes et la couleur de cheveux de l’une des héroïnes, et de Pedro Almodovar, par exemple pour la scène dans le salon de coiffure. Il est surtout la preuve qu’il faut oser se battre, coûte que coûte, et avoir une confiance folle pour réussir là, où la difficulté est par moments insurmontable. Vincent Perez et Karine Silla ont mis beaucoup d’eux-mêmes et se sont inspirés de leurs expériences, ainsi que de celles de leurs proches pour trouver leur inspiration. Les écouter parler avec un tel plaisir de leur métier fut pour moi un véritable enchantement palpable.
Le prochain film de Karine Silla avec Gérard Depardieu et Vincent Pérez devrait s’intituler Le Père Noel est africain. Quant à ce film-ci, il sortira ce mercredi dans 185 salles en France, dont quatorze sur Paris et je le conseille à tous !
Propos recueillis par Mulder le 27 mai 2011, près des bureaux d’EuropaCorp, Paris 8ème.
Avec nos remerciements à Clémence Ghirardelli.