
Titre original: | Porte du paradis (La) |
Réalisateur: | Michael Cimino |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 220 minutes |
Date: | 22 mai 1981 |
Note: | |
En 1890, un flux ininterrompu d'immigrés se verse sur les plaines du Wyoming. L'association des éleveurs de bétail décide d'envoyer des mercenaires pour tuer 125 fermiers soupçonnés de vol. Dans la petite ville de Sweetwater, le shérif James Averill tente en vain d'avertir les habitants. En même temps, il doit se disputer l'affection d'Ella Watson, une prostitué, avec Nathan Champion, un tueur local qui travaille également pour l'association.
Critique de Tootpadu
Quelle splendeur, quels rythme et sens visuel magnifiques qui ouvrent cette épopée démesurée ! Pendant pratiquement deux heures, nous nous trouvons face à un film parfait, en compagnie d'une variation resplendissante des meilleures oeuvres de Sergio Leone. Par le contraste entre le ton menaçant et la beauté des images naît ainsi un chef-d'oeuvre, un chant de cygne désabusé de la légende américaine. Derrière la perfection formelle se glisse en effet une grande tristesse, l'appréhension d'événements atroces qui mettront un terme à l'univers aussi sensuel que viscéral que Michael Cimino nous décrit avec tant de ferveur, voire de génie.
Hélas, sur la durée longue, très longue, du film, ce souffle imposant et irrésistible n'arrive pas à se maintenir. Après l'entracte, le déchaînement de la violence a perdu beaucoup de la superbe qui rendait le début si inoubliable. C'est comme si Cimino avait épuisé tout son savoir faire pour se réplier sur des bases conventionnelles. Les différents assassinats et la grande attaque finale ressemblent alors à maintes films vus auparavant, tandis que le début garde une aura unique, presque indescriptible. Et pour enlaidir ce qui aurait pu être son coup de maître incontesté, Cimino s'obstine à inclure un épilogue insupportable de sentiments forcés et de maquillage imposé. Toute la magie s'évapore ainsi malheureusement, pour nous laisser sur un avis fortement partagé.
Ressorti dans toute sa splendeur dans la plus belle salle parisienne, ce film demeure donc autant une réussite euphorisante qu'une déception navrante. Et même si dans nos souvenirs de la première vision, il y a facilement quinze ans, seule la partie parfaite persiste, ce retour vers ce qui est, malgré tout, un classique, nous a péniblement rappelé ses imperfections. Mais peu importe celles-ci, Heaven's Gate restera pour toujours un grand film malade - avec l'accent sur son accomplissement - peu importe ses défauts et son statut peu enviable dans l'histoire du cinéma !
Revu le 8 juillet 2005, au Max Linder, en VO
Note de Tootpadu: