
Titre original: | Dear Wendy |
Réalisateur: | Thomas Vinterberg |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 105 minutes |
Date: | 22 juin 2005 |
Note: | |
Dans sa petite ville minière, le jeune Dick passe pour un perdant parce qu'il refuse de travailler sous terre. Jusqu'au jour où il devient un amateur d'armes à feu. Pourtant de conviction pacifiste, il crée alors une sorte de culte auquel il invite les autres adolescents exclus de son quartier. A travers l'amour que chacun porte à son arme personnel, ils dépasseront leurs inhibitions et réaliseront le rêve américain.
Critique de Tootpadu
Pour quelqu'un qui semble autant détester les Etats-Unis, sans jamais y être allé d'ailleurs, Lars von Trier s'acharne avec une férocité insensée à détruire son image. Bien qu'il ne soit que le scénariste de ce pamphlet réalisé par son poulain Thomas Vinterberg, son obsession à l'encontre de la culture américaine y est à chaque instant palpable. Sa critique, déjà sévère dans le supérieur Dogville, est poussée encore plus loin ici, jusqu'à devenir pesante, voire caricaturale, au delà du supportable. Chaque fragment de l'histoire (l'isolation des jeunes, l'adulation des armes, la criminalité parmi la population afro-américaine) sert, il paraît, de prétexte pour charger contre une société dont von Trier ne detient que l'image réverbérée par les médias. Son discours contre une idéologie de la violence crétine et toutes sortes de dysfonctionnements sociaux manque alors d'un ton crédible, qui serait davantage que les accusations aseptisées d'un moralisateur auto-proclamé.
Mais son côté arrogant n'est pas la seule faiblesse du film. Il souffre considérablement d'un excès de voix off qui prend toute la narration en charge. Par le biais de lettres du protagonistes, écrites pour un destinataire improbable, le récit reste cantonné à un point de vue très réduit. En plus, à force de mâcher tout le travail narratif, la voix off laisse le style visuel du film à l'état d'une ébauche volontairement crade. Tourné en Allemagne, cette oeuvre ne prend jamais un aspect américain, d'où également un décalage qui ne soutient en rien son propos. Le résultat est alors une attaque prétentieuse et artificielle (le carnage final irréel), au lieu d'accéder au statut d'une critique sociale pertinente.
Au moins, cette farce mal assumé nous aura permis de découvrir Danso Gordon, un jeune acteur charismatique qui est le seul à insuffler un peu de vie dans ce décor oppressant. Quant à Jamie Bell, il n'arrive à nous toucher que lorsqu'il se fait méchamment recaler lors d'une séance de tirs conflictuelle. C'est alors seulement que la façade de ses bonnes intentions s'écroule pour dévoiler l'enfant faible derrière. Hélas, cela ne suffit pas pour porter tout un film.
Vu le 28 juin 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 20, en VO
Note de Tootpadu: