Dig !

Dig !
Titre original:Dig !
Réalisateur:Ondi Timoner
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:13 avril 2005
Note:
De 1995 à 2002, la relation tumultueuse entre deux groupes de rock américain indépendants, les Dandy Warhols avec Courtney Taylor et les Brian Jonestown Massacre avec Anton Newcombe. Alors que les premiers s'engagent sous contrat avec une grande maison de disques et trouvent le succès à l'étranger, les deuxièmes s'entredéchirent et succombent aux drogues et au caractère imprévisible de leur leader.

Critique de Tootpadu

Les meilleurs documentaires sont ceux qui transcendent le stade d'album photo réaliste ou de pamphlet social virulent à voie unique. Ceux qui laissent apparaître derrière leur forme de non-fiction un processus réfléchi ou un style personnel qui imprègne l'ensemble sans en faire un outil d'auto-promotion à la Michael Moore. Dans le passé récent, l'interrogation tout en douceur d'Après - Un voyage dans le Rwanda, la démarche auto-biographique très kitsch de Tarnation et l'hommage émouvant des Funk Brothers dans Motown étaient de ceux-là.
Ce documentaire-ci se plonge dans le milieu du rock indépendant américain de la décennie passée. Grâce à un accès privilégié à la vie quotidienne de deux groupes emblématiques, la réalisatrice Ondi Timoner dresse un portrait bizarrement édifiant sur cet univers inspiré et décadent en même temps. Son film se déroule en fait comme un conte moral, sur la déchéance des uns - ceux qui gaspillent leur génie dans le n'importe-quoi -, et la réussite des autres - ceux qui contournent leur manque de classe véritable par de la solidité. Evidemment, Ondi Timoner ne se permet jamais d'affirmer que le comportement d'Anton Newcombe est condamnable, tellement elle montre cette figure phare de la scène "underground" comme un ange déchu. Mais les faits, ou au moins ce qu'elle a choisi d'en montrer, lui donnent raison d'une façon bien étrange. Nous avons eu l'impression d'assister à une sorte de drame shakespearien dès que les voies des deux groupes se séparent. La tragédie de celui qui vit sa musique à fond, peu importe les conséquences, et la réussite de celui qui est pas vraiment à la hauteur mais qui a appris à tirer profit du système, cette constellation est d'une valeur dramatique considérable. D'ailleurs, par l'accentuation même de ce phénomène, cette répétition de schémas fictifs dans la vie réelle, la réalisatrice porte un léger préjudice à sa démarche de documentaire.

Vu le 27 juin 2005, au Cinéma du Panthéon, en VO

Note de Tootpadu: