Poupées russes (Les)

Poupées russes (Les)
Titre original:Poupées russes (Les)
Réalisateur:Cédric Klapisch
Sortie:Cinéma
Durée:129 minutes
Date:15 juin 2005
Note:
Xavier a trente ans. Il a réalisé son rêve d'enfance, il est devenu écrivain, mais il semble quand même un peu perdu. Il a quelques problèmes avec sa banquière. Il a également des réticences à se fixer avec une fille et enchaîne les aventures amoureuses avec inconséquence. Xavier est contraint de continuer son travail à Londres, puis à Saint-Pétersbourg. Ces nouveaux voyages lui permettront peut-être de réconcilier le travail, l'amour et l'écriture.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

En dépit d'une certaine conception de la nature humaine qui apparait dans pratiquement tous ses films, Cédric Klapisch n'aime pas se répéter. Au bout de huit films, il a souvent changé de sujet et de genre, tout en s'attachant à certains comédiens comme Zinédine Soualem et Romain Duris. La suite d'un de ses plus grands succès publics ne fonctionne alors point comme un resucé du ton joyeusement bordélique de la vie étudiante à l'internationale, vu dans L'Auberge espagnole. Quelques personnages de Barcelone font certes une apparition plus ou moins furtive, mais le centre d'intérêt est désormais le seul Xavier et son approche enfantin de la vie.
Exit le film choral alors, et bienvenue à une variation fort sympathique sur la crise de la trentaine. Le moment charnier de la vie entre la fin irrévocable de l'adolescence et les premiers choix de la maturité est abordé par le protagoniste comme une grande mise en question. Dépourvu de repères fixes, qu'ils soient géographiques, sentimentaux ou sociaux, Xavier arrive, presque malgré lui, au bout d'un style et d'un cycle de vie. A travers les traits de Romain Duris, on y verrait un retour légèrement plus insouciant de l'Antoine Doinel de Truffaut, un alter-ego qui peine à grandir, à force de vivre dans son univers très personnel. La tirade du personnage d'Audrey Tautou à ce sujet, sur l'existence tranquillement parasitaire, devient alors profondément révélatrice en vue des repères flous pour toute une génération.
Mais l'observation ironique de notre vie quotidienne par Klapisch ne s'arrête pas là. En scénariste et cinéaste expérimenté, il sait de quoi il parle, lorsqu'il aborde les aléas de la narration et de la création artistique, par exemple. Tout le travail d'écrivain de Xavier, les réunions avec les responsables audiovisuels et celles avec son assistante, ont beau être traitées sur le ton de la comédie, elles dissimulent à peine la difficulté créatrice d'un cinéaste ni tout à fait populaire, ni tout à fait artistique. Et que reste-t-il à ajouter à cette séquence hilarante sur le langage et les différents niveaux de réception, dans laquelle Audrey Tautou tente de faire comprendre à son jeune fils sa vie sentimentale instable ?
Même si la présence d'un personnage pivot n'empêche pas le récit de partir par moments dans tous les sens, la joie de vivre et l'intelligence lucide que le film dégage sont comme une bouffée d'air frais extrêmement bienvenue en ce temps estival riche en films médiocres et en chaleurs plombantes.

Vu le 14 juillet 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 13

Note de Tootpadu: