Interprète (L')

Interprète (L')
Titre original:Interprète (L')
Réalisateur:Sydney Pollack
Sortie:Cinéma
Durée:127 minutes
Date:08 juin 2005
Note:
Interprète à l'ONU, Silvia Broome surprend par hasard une conversation révélant un complot contre un chef d'État africain. Traquée par des tueurs, elle est placée sous la protection de l'agent fédéral Tobin Keller. Mais plus ce dernier découvre le passé de la jeune femme, plus il la pense elle-même impliquée dans la conspiration. Silvia est-elle une victime ou une suspecte ?
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

L'ombre de l'inévitable maître Hitchcock se dissipe assez vite dans ce thriller politique inégal. Deux références claires mises à part (les Nations Unies de La Mort aux trousses et la connaissance d'un assassinat d'homme d'état de L'Homme qui en savait trop, version Doris Day), ce film ne ressemble en rien à l'élégance irréprochable de notre cher Alfred. Il poursuit cependant la longue période d'inconsistance de Sydney Pollack.
Le premier point faible du film est le scénario terriblement indécis. Alternant avec une régularité ennyeuse les séquences policières et les tentatives maladroites d'une histoire sentimentale, ce dernier ne se prive pas non plus de quelques lacunes logiques. En outre, les personnages sont particulièrement mal dessinés, avec en tête celui de Sean Penn, affublé d'un drame personnel qu'il ressort à chaque moment, aussi inopportun soit-il. Avec un amalgame indigeste des fléaux du contient africain (le Sida, les génocides) et de quelques répliques nébuleuses sur les rites funéraires et la notion de justice en plus, cette histoire est l'exemple parfait d'un scénario qui veut tout faire, mais qui échoue, plus ou moins gravement, sur tous les fronts.
Un réalisateur aussi chévronné que Sydney Pollack ne devrait pas avoir trop de difficulté à en faire un divertissement respectable, diriez-vous ? Erreur, car il continue sur la même lancée qui faisait de son film précédent, L'Ombre d'un soupçon, une célébration de l'ennui le plus médiocre. Alors que les éléments qui ont trait à l'activité des services secrets s'en sortent avec les honneurs, jusqu'à nous faire rêver d'un film qui se contenterait de cela, l'histoire d'amour hautement improbable et maladroite entre l'agent et l'interprète s'interpose bien trop souvent. Le rythme du film s'en trouve entièrement renversé, tel un moteur que l'on lancerait constamment en toute vitesse, juste pour faire marche arrière quelques instants après. Un sentiment très désagréable qui est encore accentué par l'incapacité de Pollack d'insuffler ne serait-ce qu'un peu de vivacité dans les séquences les plus intimes. Au contraire, ces affrontements entre les deux protagonistes sont d'une platitude consternante et ils tirent ainsi tout le film irrémédiablement vers le bas.
La distribution prestigieuse s'en tire de même assez misérablement. Pendant que nous nous demandons encore ce que Catherine Keener est venu faire là dedans, tellement son rôle est superflu et superficiel, nous subissons, séquence après séquence, le jeu artificiel de Sean Penn. Certes, son personnage souffre sans aucun doute des répliques les plus niaises, mais de là à nous infliger une interprétation aussi forcée et maladroite, le pas est franchi. Ainsi, c'est presque Nicole Kidman qui nous plaît le plus, bien que sa femme déchirée entre son passé violent et son présent diplomatique soit loin de nous convaincre.
Entre Couvre-feu et cette médiocrité décevante, nous préférons presque le film d'Edward Zwick, dépourvu, lui, des prétentions mal exprimées qui rendent toute cette entreprise insatisfaisante.

Vu le 9 juin 2005, au MK2 Nation, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: