Alexandrie encore et toujours

Alexandrie encore et toujours
Titre original:Alexandrie encore et toujours
Réalisateur:Youssef Chahine
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:20 juin 1990
Note:
Le célèbre réalisateur égyptien Yehia vient de terminer son adaptation de "Hamlet" avec son acteur fétiche, Amr. Alors qu'une grève parmi les cinéastes de son pays éclate pour défendre la démocratie, et qu'il présente son film à Cannes, Yehia s'interroge sur son rapport à l'acteur et au monde. La rencontre avec Nadia, une manifestante et actrice énergique et belle, sortira le vieux réalisateur de sa torpeur.

Critique de Tootpadu

Pourquoi inventer des histoires si le processus même de la création d'un film et l'observation du quotidien d'un réalisateur donne d'excellents résultats ? Tel semble être un des raisonnements de Youssef Chahine, un cinéaste dont le narcissisme n'est dépassé que par son talent d'exprimer la magie du cinéma. En tant que centre de son propre univers, reflété par des doubles et des apprentis, Chahine ne parle que de lui-même, de ses ambitions, ses rêves et ses déceptions. Mais au fond, chaque film, à condition de disposer d'un minimum de personnalité, ne témoigne-t-il pas de sa genèse, et indirectement de l'artiste qui l'a créé ? Dans ce sens, la volonté infatigable de Chahine de se mettre en scène peut être comprise comme une affirmation explicite de son statut de créateur. Et de toute façon, nous pouvons nous imaginer des existences bien plus ternes que cette biographie auto-filmique qui traduit une vivacité et un désir de cinéma hors normes.
En effet, la pseudo-réalité du récit se repose constamment ici sur un contexte très fictif. L'histoire bascule régulièrement dans des genres cinématographiques divers, comme le péplum, la comédie musicale ou burlesque, telle une mise en abîme supplémentaire, censée mettre les aléas de la création du personnage Chahine dans une perspective encore plus attachée au Septième art. Le contraste qui en naît insiste sur le rapport très étroit entre le cinéaste et ses influences, soient-elles littéraires (Shakespeare) ou humaines (les comédiens).
En somme, pour Chahine, la vie, c'est du cinéma. Heureusement pour nous, sa façon de nous la conter est incroyablement riche en références, en sentiments et en lucidité.

Revu le 9 juin 2005, au MK2 Hautefeuille, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: