Jugement à Nuremberg

Jugement à Nuremberg
Titre original:Jugement à Nuremberg
Réalisateur:Stanley Kramer
Sortie:Cinéma
Durée:179 minutes
Date:20 décembre 1961
Note:
Trois ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, un procès est organisé à Nuremberg par l'occupant américain pour juger quatre juges influents du régime nazi. Le vieux juge Haywood croit au bien fondé de ce procès, même si la situation internationale penche lentement vers la guerre froide et si tous les responsables majeurs ont déjà été condamnés. Mais il devra résister aux attaques du procureur militaire, traumatisé par la libération d'un camp d'extermination, et aux manoeuvres de la défense, qui cherche à garder un minimum de dignité pour ces représentants du peuple allemand.

Critique de Tootpadu

En dehors du contexte particulier dans lequel ce plaidoyer pour la justice a été produit, seulement quinze ans après les faits, avec un certain effet de choc à la vision des images d'archives des camps nazis, il pose des questions qui restent d'actualité de nos jours, lorsque les inculpations pour crime contre l'humanité se multiplient et toutes sortes d'occupation perdurent. Comme souvent dans les films de Stanley Kramer, la nature humaine est ici soumise à un examen méticuleux, qui ne se permet pas de trancher sans réfléchir, mais qui garde un sens traditionnel du bien et du mal. Ainsi, la tâche du juge américain ne consiste pas simplement à condamner les bourreaux, mais à considérer la responsabilité morale des hommes qui occupaient la même fonction que lui. Il en résulte une recherche parfois laborieuse de la justice, mais finalement, le constat que dresse le film sur le système judiciaire et la responsabilité civile ne manque point d'intelligence et de clairvoyance.
Le problème avec le réalisateur, à la conscience sociale peut-être un peu trop aiguë, est qu'il ne sait pas développer son message de façon passionnante, que son style académique correspond trop aux bons sentiments qui inspirent son discours. Tandis que son attachement aux valeurs humaines nobles peut encore être considéré comme bien intentionné et louable, sa mise en scène tourne souvent en rond, avec des effets répétitifs qui perdent à force tout leur impact. En gros, le vocabulaire filmique de l'oeuvre semble se résumer à trois figures utilisées à satiété. Cela va jusqu'à se demander combien de mouvements circulaires autour des personnages, de zooms rapides en avant, ou de reculs lents de la caméra pour mettre deux personnages éloignés en perspective, une épopée de trois heures peut supporter. Pour dynamiser le dispositif de la cour, on a en tout cas déjà vu bien mieux.
Trop contrainte, mais néanmoins pas dépourvue d'une certaine élégance et inclinée sans honte à la pondération, la mise en scène sert avant tout les interprétations impressionnantes. La dignité de l'oeuvre commence en fait par les prestations d'un ensemble d'acteurs de prestige qui se mettent humblement au service de leurs personnages. La détermination calme de Spencer Tracy, le regret têtu et solennel de Burt Lancaster, et les effusions énergiques de Maximilian Schell forment la base solide sur laquelle les seconds rôles peuvent briller. On a certes la légère impression d'assister à un défilé de vedettes sur le déclin, mais ce côté usé fonctionne en fin de compte bien avec le dilemme des personnages sur le traitement d'un passé pénible.
Un film sérieux, qui se croit parfois un peu trop important, mais qui livre une façon possible, quoique pas toujours concluante, d'aborder l'horreur des crimes du régime nazi. Là où il pèche par sa mise en scène trop sage et répétitive, il gagne quelques points par une interprétation sans fausse note.

Revu le 22 mars 2005, en DVD, en VO
Revu le 18 novembre 2005, en DVD, en VO
Revu le 10 novembre 2009, en DVD, en VO
Revu le 19 juillet 2011, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: