Harvey

Harvey
Titre original:Harvey
Réalisateur:Henry Koster
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:05 juillet 1951
Note:
Impossible pour la jeune Myrtle Mae de trouver un fiancé, puisque son oncle, Elwood P. Dowd, et son ami imaginaire, le lapin géant Harvey, les font tous fuir. Avec sa mère, Veta Simmons, Myrtle Mae décide alors de faire interner Elwood pour enfin être tranquille.

Critique de Tootpadu

Il y a une chaleur et un humour irrésistibles qui émanent de cette adaptation d'une pièce de théâtre à succès. En dehors de son aspect agréablement vieillot, la comédie réussit surtout à garder un précieux équilibre entre le fantastique et la folie, entre l'hystérie jubilatoire et le baume au coeur étonnamment efficace.
En effet, la réalisation élégante laisse continuellement planer le doute sur l'existence ou l'invention du personnage titre, sans jamais accorder plus de crédibilité ni à Dowd, ni à sa soeur et sa nièce. Finalement, c'est au spectateur de décider s'il veut bien croire en cet ami bienveillant ou s'il préfère balayer le doute de sa présence avec un hochement d'incrédulité. Mais peu importe sa décision, le film fonctionnera merveilleusement bien en tous les cas. Car ce n'est pas tellement l'action du lapin qui est la source d'un humour désarmant, que plutôt la réaction de l'entourage de Dowd et les artifices, plus ou moins désespérées, pour nier le phénomène. Cependant, les meilleures séquences se passent presque de Harvey, pour plonger pleinement dans les meilleurs éléments d'un théâtre de boulevard de qualité. Voir la pauvre Vera se morfondre de la souffrance que lui infligent les frasques de son frère, jusqu'à retourner complètement la situation, ou bien observer le médecin-assistant s'engouffrer dans son erreur au point d'ignorer les tentatives de Dowd de lui présenter Harvey, cela relève simplement d'un comique de situation brillant qui nous a bien fait rire à plusieurs reprises.
Un produit de la première année d'une nouvelle décennie, le film remporte au moins la définition de l'ensemble des acteurs des années 1940, voire '30. Bien que James Stewart joue le fou curieux, qui a échangé l'intelligence contre la gentillesse, avec un charme sincère, et que Josephine Hull brille de mille feux dans un rôle de vieille dame en or, la consistance de la distribution dans son intégralité nous a le plus surpris. Il y a un air de Capra qui souffle sur ces chauffeurs de taxi et ces gardiens, qui trouvent autant leur petit moment de gloire que les vedettes. Et même si certains fils secondaires de l'histoire paraissent un peu convenus (notamment tout le côté romantique), l'énergie de l'histoire rattrape ces quelques moments maladroits.
Une comédie pleinement réussie qui n'arrive peut-être pas au niveau d'une Vie est belle de Capra, mais qui constitue un autre classique dans l'immense filmographie de James Stewart, rempli de bons sentiments qui font réellement chaud au coeur.

Vu le 10 mars 2005, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: