Peau d'âne

Peau d'âne
Titre original:Peau d'âne
Réalisateur:Jacques Demy
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:20 décembre 1970
Note:
Le roi est inconsolable lorsque sa reine adorée meurt d'une maladie. Après des recherches infructueuses pour lui trouver une nouvelle épouse, il se rend compte de la très grande beauté de sa propre fille. Mais ce mariage entre le roi et sa fille est vu d'un mauvais oeil par la marraine de cette dernière, une fée qui fera tout son possible pour la soustraire aux avances du vieux régent. La princesse est alors obligé de s'enfuir et de prendre l'identité de Peau d'âne, une souillon qui vit dans l'exclusion et la moquerie. Seul le prince charmant pourra la délivrer de sa misère.

Critique de Tootpadu

Après un séjour aux Etats-Unis pour tourner la suite de la vie de son personnage phare Lola (Model Shop), Jacques Demy revenait en France pour adapter le célèbre conte de Charles Perrault à l'écran. A l'aube d'une nouvelle décennie, il y reste un peu de ce qu'avait fait la réputation du réalisateur auparavant, c'est-à-dire son style exubérant de la comédie musicale. Toutefois, cette histoire très connue, qui berce l'enfance de millions de petits Européens, ne tolère que partiellement cet aspect musical. A mi-chemin entre la tristesse des Parapluies et l'éclat des Demoiselles, les quelques numéros musicaux, plus rares que dans le passé, semblent toujours un peu trop artificiels. Dans un contexte qui fait de l'irréel son maître mot, cette observation est encore plus étonnante.
En effet, on a l'impression que Demy n'a pas trouvé d'autre moyen pour convier l'atmosphère si particulière du conte que de s'adonner à toute sorte d'excès. Une exagération qui reste curieusement figée, puisque tous les chevaux et serviteurs peints en bleu ou en rouge, tous les costumes volumineux, et tous les effets gentillets ne débouchent que sur un engourdissement des sens accentué. Et ce n'est pas l'anachronisme trop ostentatoire de la fin (l'hélicoptère), qui altérera notre impression d'assister à une version de luxe des adaptations de contes tchèques à la mode en ces temps-là.
Peuplé d'un nombre important de vedettes, le film ne sait par contre pas en tirer pleinement parti. Pour chaque petit moment de magie avec la Deneuve, comme sa préparation du gateau, nous devons assister à des cabotinages mineurs d'un Jean Marais ou d'une Micheline Presle. Et même Jacques Perrin, en prince charmant, a perdu beaucoup de son pouvoir de séduction depuis les Demoiselles.
Un film à conseiller sans réserve pour une séance en famille, qui manque néanmoins un peu de la poésie si irrésistible qui faisait épisodiquement de Jacques Demy un brillant réalisateur de comédies musicales.

Vu le 6 mars 2005, au MK2 Gambetta, Salle 6

Note de Tootpadu: