Tortues volent aussi (Les)

Tortues volent aussi (Les)
Titre original:Tortues volent aussi (Les)
Réalisateur:Bahman Ghobadi
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:23 février 2005
Note:
Près de la frontière entre la Turquie et l'Irak, juste avant le début de la dernière guerre, le jeune Kak Satellite, débrouillard et fanfaron, est le chef d'un groupe d'enfants qui gagnent leur vie en ramassant des mines. Dans le camp de réfugiés voisin du village de Kak Satellite, une jeune fille arrive, avec son frère aîné, manchot, et un petit enfant. Alors que la guerre éclate, le jeune chef aimerait bien s'approcher de la fille, tout en profitant du don de voyance du frère de celle-ci.

Critique de Tootpadu

L'enfance en temps de guerre est le sujet de ce film aussi bouleversant que beau. Mais alors que d'autres films avant lui ont abusé de ce thème en s'apitoyant sur le sort des pauvres petits, celui-ci se garde de toute condescendance en traitant ses personnages, exclusivement mineurs, comme des adultes. Les situations par lesquelles ils passent nous rappellent en effet celles des films de guerre où des hommes se défendent tant qu'ils peuvent contre les conflits. Cette façon de raconter traduit très bien une perte de l'enfance, causée soit par l'horreur, soit par l'absence des adultes. Ici, elle fait partie de la vie, sans que la narration s'attarde pour la souligner inutilement. Et la carcasse épaisse de la mort des sentiments enfantins éclate avec splendeur lorsque le danger qui anesthésie la vie quotidienne devient une menace directe. Entendre dès lors le petit chef gémir tel un enfant, alors qu'il voulait se faire passer comme supérieur même, en savoir faire, aux anciens, c'est le ramener avec une grâce inouïe à son statut réel d'enfant. Un retour qui changera, sans pathos, sa façon de voir l'horreur de la guerre en face, sans plus se laisser éblouir par un idéalisme ... enfantin.
On ne qualifierait pas la mise en scène de Bahman Ghobadi comme simple, tellement la plupart de ses cadrages sont recherchés. Il tire ainsi admirablement profit d'un paysage sublime dans sa désolation. Ce lyrisme du style n'alourdit pourtant point le récit, qui enchaîne habilement les références étonnantes. Que ce soit Kak Satellite assis sur le canon d'un char désaffecté comme autrefois le réalisateur sur la grue de la caméra, ou bien l'achat de l'antenne parabole qui nous faisait penser au marchand de la Menace fantôme, les renvois du film sont multiples et permettent plusieurs niveaux de lecture, tous enrichissants à leur manière.

Vu le 27 février 2005, au Lincoln, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: