Ile (L')

Ile (L')
Titre original:Ile (L')
Réalisateur:Kim Ki-duk
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:25 avril 2001
Note:
Une jeune femme, muette et mystérieuse, s'occupe d'un groupe de petites cabanes flottantes, qu'elle loue aux touristes pour la pêche ou d'autres formes de divertissement. Un jour, un homme désespéré s'y installe, hanté par des souvenirs macabres. Une liaison d'amour et de souffrance va s'établir entre ces deux êtres traumatisés.

Critique de Tootpadu

Un mystère très épais entoure ce film coréen étrange. Plus menaçant qu'un film d'horreur, il ne choisit pourtant pas cette voie après des débuts qui le laissaient présager. L'eau et tout ce qui flotte dedans gardera certes un aspect omniprésent et suspect, mais l'histoire d'amour inhabituelle qui se déroulera dans la maison jaune qui vague dessus prendra le tournant de la violence autodestructrice et du sexe désespéré. Cette expérience éprouvante est en effet à déconseiller aux âmes sensibles, tellement les différentes plaies à base de crochet sont pénibles. Mais les tendances mélancoliques et suicidaires ne font pourtant pas de cette Île un film déprimant.
Un traité passionnant sur l'eau et ses caractéristiques purifiantes et souillantes (les nombreux plans de défécation) et une véritable encyclopédie sur les différents usages d'un crochet et d'une canne à pêche, ce premier film du jeune prodige coréen à sortir en France est profondément troublant, jusqu'à sa fin magnifiquement énigmatique. Comme un artiste cinématographique, Kim sait se servir admirablement de la force d'expression de ses images, mesurant parcimonieusement les quelques répliques de son oeuvre sonore. Le flottement de l'eau, le bruit de la pluie ou un cri en disent alors bien plus long qu'un interminable bavardage.
Cruel et sans compromis, cette oeuvre dérangeante ne recule malheureusement pas devant une violence très graphique envers les animaux.

Vu le 24 février 2005, au MK2 Hautefeuille, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: