Mar adentro

Mar adentro
Titre original:Mar adentro
Réalisateur:Alejandro Amenabar
Sortie:Cinéma
Durée:126 minutes
Date:02 février 2005
Note:
Ramon Sampedro est tétraplégique depuis un accident de plongée il y a vingt-huit ans. Fatigué de vivre une existence sans dignité, il commence une démarche auprès des associations et de la justice pour obtenir le droit de l'euthanasie active. Dans son combat, il est accompagné, entre autres, par Julia, une avocate, qui souffre également d'une maladie incurable.

Critique de Tootpadu

La promotion de la mort, ou pour être plus précis, d'une mort dans la dignité, s'avère une entreprise trop ambitieuse et délicate pour ce film espagnol. En effet, son réalisateur ne semble jamais arriver à resoudre ce dilemme entre la tristesse funeste de la quête du personnage principal et les éléments plus affirmatifs de la vie. On peut effectivement lui reprocher de ne pas avoir fait un film assez optimiste - ce qui aurait inévitablement trahi la volonté de l'homme réel qui est à l'origine de l'histoire -, ni d'avoir créé une oeuvre suffisamment pessimiste pour rendre la souffrance physique et mentale évidente et insoutenable pour le spectateur. Dans l'état, la beauté plastique du film avec ses envolées majestueuses de la caméra, l'aspect pittoresque même de la photo, et la musique trop joyeuse ou larmoyante, écrasent régulièrement le potentiel plus intimiste du récit.
Deux autres points de désagrément sont la décision de faire marcher Ramon lors des séquences oniriques, ainsi que le peu de développement des préoccupations des personnages au cours du film. La rupture dans l'inertie forcée de Ramon n'apporte en fait rien à la compassion envers un homme cloué complètement au lit, au contraire. Alors que l'idée de traduire les désirs de l'invalide par le biais de ses promenades imaginaires pouvait encore intriguer, peu importe son exécution digne d'un roman photo, le fait de le voir réellement bouger à l'écran dilue considérablement le sentiment de claustrophobie et d'emprisonnement, déjà pas très fort au départ. Ensuite, le scénario ne fait que peu d'effort pour étoffer une intrigue initialement très mince. Il suffit en effet de regarder les dix premières minutes pour s'imaginer les deux longues heures qui vont suivre. A l'exception de Julia, aucun des personnages ne vit un changement de caractère ou d'intérêt, et si, par chance, les positions sur l'échiquier de la mort annoncé se modifient, leur explication est trop rudimentaire et abrupte pour être autre chose qu'une ellipse narrative bâclée. Et lorsque le seul moment de tension entre les personnages s'apprête à survenir, Amenabar le noie sans scrupule dans un montage enveloppé par sa propre musique envahissante.
Puisqu'il va sans doute suivre Les Invasions barbares dans la liste des films étrangers oscarisés, d'ici quelques jours, on ne peut s'empêcher de le comparer au film infiniment meilleur d'Arcand. Bien que l'euthanasie n'ait pas été le centre de ce dernier, il nous proposait un constat bien plus intelligent et corrosif de ce sujet brûlant d'actualité que cette analyse superficielle et complaisante.

Vu le 22 février 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16, en VO

Note de Tootpadu: