Million dollar baby

Million dollar baby
Titre original:Million dollar baby
Réalisateur:Clint Eastwood
Sortie:Cinéma
Durée:133 minutes
Date:23 mars 2005
Note:
Rejeté depuis longtemps par sa fille, l'entraîneur Frankie Dunn s'est replié sur lui-même et vit dans un désert affectif, en évitant toute relation qui pourrait accroître sa douleur et sa culpabilité. Le jour où Maggie Fitzgerald, 31 ans, pousse la porte de son gymnase à la recherche d'un coach, elle n'amène pas seulement avec elle sa jeunesse et sa force, mais aussi une histoire jalonnée d'épreuves et une exigence, vitale et urgente : monter sur le ring, entraînée par Frankie, et enfin concrétiser le rêve d'une vie. Après avoir repoussé plusieurs fois sa demande, Frankie se laisse convaincre par l'inflexible détermination de la jeune femme. Une relation mouvementée, tour à tour stimulante et exaspérante, se noue entre eux, au fil de laquelle Maggie et l'entraîneur se découvrent une communauté d'esprit et une complicité inattendues...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Million Dollar Baby est un film à ne surtout pas rater, dont on s’en souviendra longtemps après l’avoir vu. Eastwood créé de la puissance et l'insuffle à son film sans prévenir, alors que Million Dollar Baby n’est pas un film que sur la boxe. Il fut hier soir le grand vainqueur de la 77e cérémonie des Oscars avec quatre statuettes majeures au compteur pour son Million dollar baby : l'Oscar du Meilleur film, celui du Meilleur réalisateur, celui de la Meilleure actrice pour Hilary Swank et celui du Meilleur acteur dans un second rôle pour Morgan Freeman. Ce film est sans contexte un véritable chef d’œuvre. Il ne fait plus aucun doute que Million Dollar Baby est le film le plus émouvant de l’année. Parce que sa réalisation minutieuse porte bien le récit, fascinant, d’une boxeuse trop vieille pour ce genre de choses.

Eastwood filme la première partie comme un drame sportif, parfois drôle, parfois déchirant. Une caméra met en place les trois personnages principaux du film, leur habitat et effleure leurs interactions. Cette première partie a une puissance latente qui ne sort au grand jour qu’au combat final, saturé d’intensité déconcertante et qui, franchement, pousse dans les cordes. Ce fait porte l’élégance et la force de Raging Bull (Scorsese, 1980) sur les écrans de 2004. La seconde partie, plus intime, va plus profondément dans les relations interpersonnelles, resserre les liens et, doucement, laisse aller toute la puissance accumulée depuis le début du film, un exemple impressionnant de structure infaillible. Il ne faut pas parler de cette dernière partie, ni chercher à la deviner pendant le film, parce que l’ignorance rend vulnérable - l’expérience cinématographique n’est que plus satisfaisante alors. La scène finale est d’une sensibilité rare et frappe droit au ventre, elle coupe tout siplement le souffle.

La lumière est également omniprésente et s’oppose à l’ombre et sélectionne les parties de l’image qu’elle va montrer, elle s’adapte aux émotions qui se dégagent de l’ensemble, elle ne montre souvent qu’un seul côté du visage, comme si les personnages avaient quelque chose à nous cacher. Elle prouve l’immense travail de l’image effectué sur ce 25e film de Clint Eastwood derrière la caméra.

Million Dollar Baby n'est pourtant pas un film de boxe. La boxe est un point de départ pour soutenir les messages beaucoup plus importants que Clint Eastwood veut faire partager. Une fois cela mis en place, on se rend compte que la partie "film de boxe" dure peut-être un peu trop longtemps avant qu'on entre dans le vif du sujet, mais la qualité de la suite nous fait rapidement oublier ce lent démarrage. Les personnages sont magnifiquement interprétés (même s'ils sont à la base tous quelque peu caricaturés, mais cela va de soi puisque lorsque l'on veut faire passer un message, il faut tjrs exagérer un peu). L'histoire est tellement bien ficelée qu'on ne voit jamais vraiment venir le changement abprute de direction et pourtant, lorsqu'il survient, on sent une continuité importante puisque le terrain avait été préparé tranquillement dans la première partie. Le message est très touchant, la fin surprend beaucoup et, à la rigueur, est très rafraîchissante lorsque l'on est bombardés de films ou la fin satisfait le spectateur plutôt que d'être une continuité de l'esprit du film. La réalisation très sobre de Clint Eastwood est efficace, un peu sombre dans l'atmosphère, mais cela correspond au message.

On parle souvent de la performance de Hilary Swank, très impressionnante dans son rôle de Maggie Fitzgerald, mais peu de la performance remarquable de Eastwood. Difficile de croire qu’elle aurait pu être aussi efficace sans son interaction avec le grand Clint Eastwood. Morgan Freeman, dans un rôle de soutient et de narrateur, ajoute à l’effet dramatique. Aucun d’eux n’est mélodramatique, ils forment tous les trois un groupe d’acteur très talentueux et se supportent efficacement entre eux.

Ce film est donc un film sur la vie, sur le combat, les rêves, les espoirs. C'est bien plus qu'un film sur la boxe, ça va au-delà de cela, sur la vie, sur les sentiments, le courage, la persévérance, etc. J'ai été très ému par la performance des acteurs principaux, Clint Eastwood, Hilary Swank et Morgan Freeman. Touchant, surprenant, drôle et triste à la fois. L'humour est simple, dépourvu, elle n'est pas forcée, elle vit au rythme des situations et que dire du côté moral. Ce film porte à réfléchir, sur ce qu'on veut, sur nos choix, nos combats, la vie c'est un grand ring n'est-ce pas?

Million Dollar Baby est donc un très beau film, vibrant d’émotion brute. Eastwood une des dernières légendes vivantes frappe encore, il a gardé toute sa vélocité et la puissance de son film le prouve. Ce film mérite clairement ses Oscars et on aimerait voir autant de bons films cette année. Pour cela, Clint Eastwood tu seras à jamais pour moi non seulement le dur Inspecteur Harry mais aussi un très grand réalisateur (Unforgiven , Sur la route de Madison , Mystic river….)

Vu le 28 février en DVd (import Zone 1)

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Il n'est pas facile d'aimer ce film qui nous conte une histoire dont le thème central est la volonté. Il ne fait nullement état de sa grandeur. Il se refuse toute prétention. Sa musique est douce et discrète, elle ne force jamais l'admiration. Certains de ses dispositifs sont loin d'être inventifs, telle la voix off, mais leur emploi ne dépasse qu'à des occasions extrêment rares la bonne mesure. Le dernier acte avec son côté mélodramatique opère en plus une coupure sensible, un retournement de ton, une redistribution des cartes qui nous paraîssait parfois un peu forcé.
Et pourtant, il y a quelque chose dans cette tragédie de la dernière chance qui reste avec nous, longtemps après avoir quitté la salle. Cette émotion plus profonde que des larmes est peut-être due au conflit fructueux entre la banalité de l'histoire et la majesté silencieuse de son traitement. A mi-chemin dans l'oeuvre d'Eastwood, entre les films d'une grande noblesse, au sommet de l'art cinématographique (Impitoyable, Chasseur blanc, coeur noir, Sur la route de Madison), et ceux qui étaient davantage des variations de genre, de qualité, certes, mais sans réel impact (à peu près tout depuis son dernier western, à l'exception de Mystic River qui appartient, dans une moindre mesure au premier groupe), ce gagnant relativement mérité aux Oscars est peut-être la somme logique de la totalité du travail de cette légende américaine, en tant que réalisateur. Sa mise en scène est en effet d'une précision et d'une beauté redoutables, mais en même temps, elle préserve le côté banal de l'histoire. C'est comme si les deux personnages principaux n'avaient jamais quitté l'aspect bancal de leur lieu d'entraînement. Il ne s'agit par contre pas tellement d'une économie de moyens à ce sujet, mais plutôt d'un dosage très particulier, d'une concentration admirable sur ce qui semble essentiel aux yeux du cinéaste. Chaque cadrage, chaque éclairage suggère alors mille fois plus de choses que l'explication un peu trop insistante de la voix off, que d'éventuels passages inutiles. Avec sa durée quand même importante, le film garde une tension soutenue, peu importe ce que l'on peut penser de son dernier acte.
Comme pour l'impact de la mise en scène, qui ne se fait sentir que très porgressivement, l'interprétation repose en grande partie sur la subtilité. Bien que les trois têtes d'affiche jouent très bien, on a beaucoup de mal d'être réellement enthousiaste devant leurs rôles. Toutefois, Eastwood a l'air de s'être enfin libéré de ses plaintes de vieillesse qui parcouraient telles des blagues récurrentes ses films de la dernière décennie. Son traitement de l'âge s'avère beaucoup plus mesuré ici, avec une mise en valeur tournée vers l'importance de l'instant. Voir ce septuagénaire vigoureux se résigner avec une telle aisance dans son état physique ne laisse augurer que des bonnes choses pour la suite de sa carrière.
Beau et sans artefact, ce bébé n'est pas tout à fait à la hauteur de la réputation qui l'a précédé, mais il fait une fois de plus preuve de l'immense talent de son concepteur artistique.

Vu le 24 mars 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: