Belle de Moscou (La)

Belle de Moscou (La)
Titre original:Belle de Moscou (La)
Réalisateur:Rouben Mamoulian
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:08 janvier 1958
Note:
Le producteur américain Steve Canfield est sur le point de commencer le tournage de son nouveau film à Paris. Pour ajouter du prestige à la production, il a engagé le célèbre compositeur russe Peter Boroff, de passage en France, pour écrire la musique. En même temps, les officiels russes insistent pour que Boroff rentre dans son pays. Trois commissaires sont envoyés afin de le ramener au plus vite. Canfield y voit un danger pour son film et il emploie alors tous les moyens pour soudoyer les trois camarades, avec succès. Le bureau russe de la culture envoie alors la redoutable Ninotchka Yoschenko, qui a pour mission de mettre un terme à la débauche capitaliste des commissaires et de rapatrier Boroff immédiatement.

Critique de Tootpadu

L'Union soviétique appartient désormais au passé et même ceux qui ont participé activement à sa démolition sont en train de disparaître. Cette comédie musicale légère d'une autre époque se laisse par conséquent apprécier comme un produit de son temps. La chargé de clichés sur la doctrine communiste peut parfois paraître un peu lourde, voire grotesque (le numéro sur l'exil en Sibérie), mais le scénario plaisant ne se focalise heureusement pas assez dessus pour rendre le film dans son ensemble daté et anachronique.
En dehors de son cadre bien précis, cette Belle de Moscou conte en effet l'éternel combat entre la raison et le sentiment, entre le travail dévoué pour la patrie de l'une et le plaisir gratuit de l'autre. Que l'amour finit par faire tomber la commissaire engoncée dans les bras du producteur charmeur s'avère alors une issue un peu trop facile, après des numéros jubilatoires plein d'auto-dérision. Aussi plaisant soit-il, ce dernier film de Rouben Mamoulian, toujours très fin dans l'exécution de certains éléments (dès l'introduction, qui campe avec une économie de moyens bluffante le cadre et les premiers enjeux à travers une suite de pieds et de journaux), ne s'applique pas suffisamment pour percer la surface d'un sujet intéressant. Environ la moitié des numéros musicaux sont, certes, sublimes, notamment la transformation de Ninotchka qui a donné le titre original (Silk Stockings) au film, mais l'intrigue en elle-même est traité avec une telle nonchalance qu'elle est presque fade.
Enfin, actualité oblige encore, Ségolène Royal remporterait haut la main l'élection présidentielle, si elle disposait d'autant de grâce et d'élégance que la magnifique Cyd Charisse, à peu près le même genre de femme mais bénite avec une classe simplement irrésistible.

Revu le 25 avril 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: